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Culture

Lou Phelps veut vous aider à réparer votre cœur brisé

Avec « Love Me », le rappeur de Longueuil s’inspire d’une séparation pour livrer son projet le plus personnel à ce jour.

Il y a des chances que vous ne connaissiez pas Lou Phelps. Pourtant, le rappeur de 24 ans originaire du Quartier Laflèche est probablement le plus grand export québécois de hip-hop, faisant plusieurs fois par année le tour de la planète, conquérant des publics de Los Angeles à Séoul.

Après 001: Experiments, un premier EP solo encensé par la critique, et plusieurs projets en collaboration avec Kaytranada, Lou Phelps, Louis-Philippe Célestin de son vrai nom, fera paraître demain son premier album, 002: Love Me. Inspiré en partie par une peine d’amour, l’album dévoile un côté de Phelps un peu moins connu. Tantôt langoureux, tantôt frénétique, le rappeur livre un discours plus émotif qu’à son habitude, comme s’il tentait à la fois de guérir sa peine en même temps que celle de l’auditeur.

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On lui a donc parlé de peines d’amour et du manque de reconnaissance dont il est victime au Québec.

VICE : Salut Lou! Comment en es-tu venu à créer Love Me ?
Lou Phelps : Ça a commencé alors que je traversais une séparation. Je sentais qu’il fallait que je mette mes émotions sur papier. Donc, j’ai simplement commencé à écrire à propos de mes sentiments et tout ce qui me passait par la tête. J’ai ensuite passé deux semaines à Toronto, parce qu’il fallait que je m’isole de tout le monde afin de me concentrer sur l’album.

Pendant ces deux semaines, j’ai bâti les bases de l’album, et le reste a été enregistré à Laflèche, aux studios de Ragers. [ Full disclosure : l’auteur de ce texte est un des membres du groupe.]

Tu es probablement le rappeur d’ici qui fait le plus de tournées, mais j’ai l’impression que tu ne reçois pas tant de love des médias queb. Est-ce que le titre est aussi quelque part une référence à ça?
Le titre est vraiment simplement une référence à l’émotion la plus forte qu’on veuille tous vivre, qui est l’amour. Love Me, c’est surtout que je veux que les gens ressentent des émotions fortes en l’écoutant; ce n’est pas hyper pensé comme titre.

Par contre, c’est vrai que les médias québécois ne me donnent pas tant de love que ça, mais c’est simplement parce qu’ils ne comprennent pas ce que je fais. Quelqu’un devrait exposer ces médias à ce qui se fait vraiment à Montréal et au Québec, parce que j’ai l’impression qu’ils sont surtout fixés sur des artistes blancs, qui font de la musique plus conventionnellement québécoise. Ils ne portent pas vraiment attention à la personne de couleur qui arrive à faire son thing partout à travers le monde.

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C’est triste, car j’ai l’impression que Montréal, le Québec et le Canada sont en retard sur à peu près tout. Les gens doivent s’exprimer. Il faudrait juste que les bonnes personnes en parlent et que ma musique se rende à leurs oreilles. C’est quoi le truc à propos de Lou Phelps que les gens ne comprennent pas?
Que je fais de la musique pacifique! Les gens assument toujours que je fais du rap violent, parce que les rappeurs montréalais ont une certaine image, et veulent avoir l’air tough, ou peu importe. Mais moi, je fais du peaceful music. Et je crois que c’est en partie pourquoi plusieurs personnes ne veulent pas travailler avec moi. Mais je fais mon propre truc, et ça ne sonne pas enragé, ça fitte pas dans le son typiquement montréalais.

Sinon, évidemment, il y a toujours le fait que je suis le frère de Kaytranada. Ça me dérange moins maintenant, mais j’ai l’impression que c’est souvent le seul truc que les gens savent sur moi. Mais ça arrive surtout au Québec. Je parlais justement avec un artiste londonien, et il ne savait même pas que j’étais le frère à Kay. Les gens ailleurs me voient surtout comme le gars du Boiler Room.

J’ai l’impression d’être sorti de ce moule-là, mais que les médias ont tellement peu de contenu à offrir par rapport à moi qu’ils utilisent le nom de mon frère comme accroche, comme si c’était le truc le plus surprenant à mon sujet. Et plutôt que de commenter ma musique, ils veulent me parler de ma famille. Je pense vraiment que je réussirai à me détacher de ça à un certain point, mais même si je n’y arrive pas, ça m’est égal. Après tout, c’est vrai que c’est mon frère et j’en suis fier!

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Toi et ton frère avez vraiment inventé un nouveau son. Tu réagis comment quand tu vois des kids qui essaient de reproduire ça?
Personnellement, j’aime ça! J’adore voir des jeunes producteurs qui essaient de faire des beats qui ressemblent exactement à ceux de mon frère. Je n’ai toujours pas encore entendu un rappeur qui essaie de rapper comme moi, car il n’y a rien qui s’y compare, mais je vois beaucoup de ressemblances dans les beats. Je trouve ça beau qu’on inspire des gens autour de nous, c’est très nice de voir qu’on a notre place dans la société.

Quand quelqu’un t’envoie un beat, qu’est-ce que tu recherches en premier?
Il faut que le beat me donne un feeling. S’il arrive à faire ça, où je sens vraiment que je peux bien fitter dessus, ça fonctionnera. Sinon, j’écoute les percussions, et il faut que ça soit hard, sinon je n’y ferai pas trop attention. La structure du beat aussi. Il y a beaucoup d’éléments à prendre en compte, mais s’il y a trop de choses qui se passent en même temps, je m’y perds et ça m’intéresse moins. Si mon instinct me dit que ça sera un classique, je monte dessus. Sinon, je le fais pas.

Quel est le truc le plus weird qu’un fan t’ait dit ou fait?
Mes fans sont assez calmes et respectueux. Par contre, il n’y a pas très longtemps, un gars que je ne connais pas m’a envoyé un message disant : « Yo, je sais que Kay vient au festival Afropunk, mets-moi sur la guestlist! » Il m’a vraiment donné l’ordre de le mettre sur la guestlist, alors que je ne le connais pas, et je ne savais rien de son existence jusque-là. Bien entendu, je ne l’ai pas fait!

La guestlist est le pire truc à donner ou à demander. Si tu dois le demander, c’est que tu n’es pas très proche de la personne.

C’est quoi ton meilleur conseil pour se remettre d’une séparation?
Mon meilleur conseil est d’en parler! Il faut en parler, sortir et toujours s’attendre au pire. Attends-toi à tout moment que la personne pull up sur toi et à un certain moment, ça ne t’étonnera plus. Et évidemment, tout dépend de la relation avec la personne, mais de se remettre en couple avec son ex n’est pas une bonne idée.

Billy Eff est sur internet ici et . Lou Phelps fête le lancement de son album ce soir, le jeudi 20 septembre, au Furco à Montréal.