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Société

Des menaces de mort forcent l’annulation du premier festival LGBTQ en Haïti

Un représentant du gouvernement haïtien dit craindre que Massimadi conduise à « la corruption de la jeunesse ».
Charlot Jeudy (en jaune) et d'autres organisateurs du festival Massimadi Haïti. Photo : Facebook

Des menaces de mort et des commentaires homophobes de la part de représentants du gouvernement haïtien ont forcé l'annulation de ce qui aurait été le premier festival LGBTQ en Haïti.

Mardi, les autorités haïtiennes ont officiellement interdit le festival et un groupe de sénateurs ont annoncé qu'ils lançaient une pétition contre de « telles initiatives ».

Plusieurs partenaires du festival se sont alors désistés, citant des menaces de violence envoyées à plusieurs de leurs membres.

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« Ayant reçu de graves menaces, #FOKAL a pris la décision de ne plus accueillir des activités prévues dans le cadre du Festival #Massimadi (projections, conférences et débats) qui devaient se dérouler le jeudi 29 septembre dans ses locaux », peut-on lire sur la page Facebook de la Fondation connaissance et liberté.

Massimadi, une célébration de cinéma et de culture LGBTQ afro-caribéenne, a été fondée à Montréal par l'organisme Arc-en-ciel d'Afrique. Celui-ci avait d'ailleurs envoyé une délégation montréalaise à Port-au-Prince pour appuyer les organisateurs du volet haïtien.

« Ce festival, c'est un espace de dialogue et de culture. On veut que les gens en apprennent plus sur l'homosexualité en Haïti, explique Charlot Jeudy, fondateur de Massimadi Haïti. Les gens ne connaissent pas l'homosexualité et ça crée la peur. »

Bien qu'accueilli à bras ouvert par la communauté LGBTQ souvent marginalisée du pays, le festival a semé la colère auprès de politiciens haïtiens qui l'ont accusé de promouvoir un mode de vie « déviant ».

« Ce qui se fait à travers ce festival, c'est quelque chose qui pourrait conduire à la corruption de la jeunesse ou, du moins, qui pourrait favoriser ou exciter la débauche de la jeunesse », s'est exclamé le sénateur haïtien Jean-Renel Sénatus en entrevue à Radio-Canada.

Pour Charlot Jeudy, qui est aussi fondateur de l'organisme LGBTQ Kouraj, il s'agit d'une « violation flagrante des libertés d'expression et des libertés individuelles ».

« Je crois que c'est une réaction homophobe, opportuniste et politique, dénonce-t-il, ajoutant que le pays est en pleine période électorale. C'est de l'ignorance, et on a intérêt à s'engager davantage pour que les gens changent de perception par rapport à communauté LGBT en Haïti. »

Le groupe dit vouloir porter la cause devant les tribunaux pour disputer l'interdiction et présenter le festival à une date ultérieure.

« On avance, on est en train de s'organiser pour trouver un moment opportun, de dire Jeudy. Tout ça montre au monde entier qu'il y a encore du travail à faire par rapport aux droits des personnes LGBTQ. Les gens doivent comprendre notre réalité. »

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