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Les fermes pénitentiaires pourraient rouvrir

En 2010, le gouvernement Harper — bien décidé à être « tough on crime » — avait fermé les fermes pénitentiaires en partie parce qu'une fraction seulement des détenus choisissaient de travailler dans le secteur de l'agriculture après leur libération.
Une vache laitière. Photo : James sur Flickr

Dans les fermes pénitentiaires canadiennes, depuis les années 1880, les détenus effectuaient diverses tâches au cours de leur peine : entre autres, ils nourrissaient le bétail, trayaient les vaches, faisaient les foins, semaient et entretenaient la ferme. Selon eux, ce travail à la ferme avait des vertus thérapeutiques et permettait d'acquérir des compétences.

« Quand on trait une vache, on ne peut pas faire vite », explique Pat Kincaid, un ancien détenu qui a travaillé dans une ferme pénitentiaire près de Kingston, en Ontario. « J'ai appris à être patient. »

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En 2010, le gouvernement Harper — bien décidé à être « tough on crime » — avait fermé les fermes pénitentiaires en partie parce qu'une fraction seulement des détenus choisissaient de travailler dans le secteur de l'agriculture après leur libération. Il estimait que ce n'était pas une bonne formation.

Au cours de la dernière année financière avant leur fermeture, 716 détenus ont travaillé dans les fermes, selon Service correctionnel Canada. Il y avait deux fermes en Ontario et une au Nouveau-Brunswick, en Saskatchewan, en Alberta et en Colombie-Britannique.

Maintenant, certaines d'entre elles pourraient rouvrir.

Le gouvernement Trudeau mène une consultation publique jusqu'au 2 août pour obtenir des opinions sur ces fermes. À la mi-août se tiendra une rencontre publique à Kingston, où sont situées deux d'entre elles : les établissements de Joyceville et de Collins Bay. Ce sont les deux fermes pénitentiaires qu'Ottawa prévoient rouvrir, du moins pour l'instant.

Cette rencontre pourrait être animée, comme c'est déjà arrivé dans le passé. Au fil des ans, les fermiers locaux et des militants ont manifesté avec ardeur pour sauver les fermes : en 2010, un âne nommé Stormy portait une affiche avec l'inscription : « Consultant en fermes pénitentiaires » et plusieurs d'entre eux ont été arrêtés, d'après des articles de journaux.

Depuis la fermeture des fermes, une coopérative près de Kingston prend soin de leur bétail, espérant que des détenus pourront bientôt en prendre soin. La Pen Farm Herd Co-Op, qui compte plus de 180 membres, avait au départ acheté 23 vaches laitières et en possède maintenant 32 — certaines ont eu un veau. Les membres partagent les frais pour leur nourriture et veillent à ce qu'elles soient soignées. « Ces vaches sont amicales, elles aiment l'interaction avec les gens », assure Jeff Peters, président de la coop. « C'est pourquoi elles aident autant les détenus. »

Jeff a décidé de tenter de sauver les fermes pour différentes raisons. La principale, c'était la possibilité que le gouvernement vende les terres de grande valeur sur lesquelles elles se trouvaient. « Il y a 50 ou 60 ans, c'était en périphérie de la ville, qui les entoure maintenant. C'est une immense bande de terre dans la ville de Kingston. On pense que ce sont les plus vastes terres en milieu urbain de toute l'Amérique du Nord. » Le gouvernement ne les a pas vendus, mais les loue.

Une autre raison, c'était ce que Jeff voyait comme une insulte à l'endroit des fermiers comme lui. « Ils ont dit que les fermes perdaient de l'argent et n'enseignaient rien d'utile aux détenus. Ça m'a agacé, parce que j'ai grandi sur une ferme. Le monde du travail respecte les fermiers pour leur capacité à sortir des sentiers battus et à travailler fort. »

Depuis l'annonce de la fermeture des fermes, « sept longues années », comme le dit Jeff, se sont écoulées. Il y a beaucoup de travail à faire, mais je repense à ce qu'ils ont dit et je veux prouver qu'ils avaient tort. »

Et le bétail? « Ces vaches vont retourner dans leur ferme », assure-t-il.