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On a parlé avec le Canadien qui espère toujours coloniser la planète Mars

Même si le projet spatial Mars One a fait faillite, le physicien Ben Criger souhaite toujours se construire un loft sur Mars, et on a envie de partir avec lui.
On a parlé avec le Canadien qui espère toujours coloniser la planète Mars

Mardi, Mars One, le projet spatial destiné à envoyer des êtres humains sur Mars a déclaré faillite. Il y a quatre ans, l'organisation annonçait son intention de bâtir une colonie sur Mars, financée entre autres par des commanditaires et de la téléréalité. Des experts avaient mis en doute la faisabilité du projet, qui avait été souvent décrié et considéré comme une arnaque qui n'allait jamais aboutir.

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Un tribunal suisse a constaté à la mi-janvier 2019 la faillite de l’entreprise néerlandaise, et la décision judiciaire a été repérée il y a deux jours sur Reddit. Mars One déclare avoir une dette d’environ 1 million d’euros, et l’entreprise devrait donner une conférence de presse le 6 mars prochain pour préciser les étapes à venir.

Ben Criger, 32 ans, fait partie des six Canadiens sur les 100 personnes sélectionnées pour le projet Mars One. Le physicien répond à mon appel Skype de son bureau de recherche universitaire aux Pays-Bas. Derrière lui, un grand tableau blanc rempli de formules mathématiques, comme dans Good Will Hunting. Coloniser Mars, Ben Criger y croit encore.

VICE : Merci d’accepter cette entrevue Ben.
Ben Criger : De rien, mais je voudrais commencer en disant que je ne suis pas sûr d’être assez cool pour être interviewé par VICE. Je suis un nerd, je ne suis pas sûr que ce que je vais dire va vous intéresser.

Mais si, quelqu’un qui se prépare à aller sur Mars, c’est passionnant! Comment as-tu réagi à l’annonce de la faillite?
J’ai encore espoir, parce que Mars One est en pourparlers avec un nouvel investisseur, et ce nouvel investisseur est censé avoir des nouvelles pour nous le 6 mars. J’aimerais pouvoir vous dire quelles vont être ces nouvelles, mais malheureusement, ils ne me révèlent pas tous leurs secrets. On va tous devoir attendre la conférence de presse.

Comment tu te préparais jusqu’à maintenant?
Je me pose des questions techniques pour faire passer le temps. Récemment, je me demandais comment extraire de la matière de la surface de Mars. Comment faire, par exemple, pour envoyer quelque chose en orbite autour de la Terre, quelque chose que tu voudrais envoyer à la maison pour les gens qui sont toujours sur Terre. Je pense aussi au chauffage solaire sur Mars : à comment mettre des systèmes en place… Je vais me mettre à me dire : tiens, peut être que je pourrais utiliser du verre plus fin pour mes fenêtres à double vitrage parce que la pression atmosphérique est beaucoup plus basse…

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Image du site Mars One montrant à quoi ressemblerait la colonie

Tu penses déjà au bricolage que tu vas faire dans ta maison martienne?
Un peu, oui! Ils ont des habitations officielles Mars One qu’ils vont amener avec eux, mais je voudrais quelque chose avec un peu plus de surface habitable. Je veux avoir un bel appartement de bourgeois sur Mars, de style loft, qui serait sous un immense dôme de verre. Et je pense de temps en temps aux moyens de construire cet appart luxueux sur la surface de Mars. Tu sais, c’est pas la peine d’aller jusqu’à Mars si c’est pour vivre les uns sur les autres comme dans un sous-marin! Et il faut aussi donner envie de venir à de potentiels immigrants.

Tu crois que ce serait concrètement réalisable de vivre comme ça dans ton bel appart martien?
Je pense que dès que tu as accès à un habitat de base, tu peux toujours en construire un meilleur. La gravité là-bas représente 38 % de celle sur Terre, donc il y a moins de problèmes de stabilité structurelle, et les matériaux sont plutôt bon marché sur Mars parce qu’il y a du minerai de fer partout . On devra faire face à des difficultés, ça, c’est sûr, mais il n’y a rien d’impossible dans cette idée-là.

Tu gardes donc espoir que le projet Mars One va aboutir?
À court terme, j’ai espoir que les nouvelles qu’on va recevoir le 6 mars vont être bonnes [lors de la conférence de presse de Mars one]. C’est quand même assez probable. À moyen terme, j’ai espoir que, même si on apprend la pire nouvelle possible, la fondation Mars One sera toujours là pour sensibiliser les gens à la possibilité de vivre sur Mars. Et enfin, à plus long terme, j’ai espoir pour le futur de l’humanité en général.

Est-ce que tu as peur du risque de mourir, soit pendant le voyage, soit sur place?
Les risques sont considérables, et plus l’heure approche, plus j’y prête attention. Mais pour le moment, le risque principal, c’est celui d’un grand embarras si le projet tombe vraiment à l’eau, et ça, finalement, ça ne m’inquiète pas trop. Mais s’il y a bien une fusée dans laquelle on doit embarquer à un moment donné, crois-moi, j’irai parler aux gens qui l’ont conceptualisée, qui l’ont construite et qui la testent, et j’essaierai d’obtenir des informations : « Comment vous trouvez votre fusée? », « Vous dormez bien la nuit? », ce genre de choses.

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Qu’est ce que tu voudrais que les gens retiennent de ce projet de coloniser Mars?
Le message que je voudrais faire passer, c’est que c’est tout à fait techniquement possible d’avoir un niveau de vie très confortable sur Mars. Depuis les années 70, le problème principal, c’est surtout de trouver l’argent et d’avoir des gens compétents qui consacrent tout leur temps à ce projet. Le frein au projet de vivre sur Mars est là, ce n’est pas du tout un problème de science ou d’incapacité technologique. C’est totalement réalisable.

Marie Boule est sur Twitter.