Au cœur de la tourmente

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Au cœur de la tourmente

Le combat pour la place Taksim et le parc Gezi est loin d'être terminé.

Les cris ont cédé la place au calme, tôt le matin du 11 juin. Après plusieurs jours de protestations joyeuses, la police stambouliote s'est mise à « nettoyer » la place Taksim. Les manifestants avaient anticipé une telle attaque, s'étaient équipés de masques à gaz. L'assaut a principalement consisté en jets de gaz lacrymo et de canons à eau autour du parc Gezi et de la place Taksim. Ce ne serait pas le dernier raid de la police. Samedi 15 juin, la police antiémeutes a fait usage de gaz lacrymo, de canons à eau et de balles en caoutchouc pour chasser par la force les manifestants du parc.

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L'animosité entre la police et les manifestants, cependant, est bien pâle en comparaison du grand élan de solidarité dont ont fait preuve les manifestants et les civils samedi dernier.

Les manifestants tentaient de protéger les civils en répliquant avec des cailloux et des lance-pierres. Ils les prenaient par la main pour les conduire au poste de secours le plus proche. Dans chaque rue, les commerçants accueillaient les autres civils dans leur boutique, fermant leurs volets jusqu'à ce que la situation s'apaise. Distribution d'eau, de jus divers, de nourriture à tous les yeux rougis par les lacrymos. Je n'avais jamais été témoin d'un tel mouvement de solidarité et d'unité au milieu d'un tel chaos. Je crois même que c'est ce qui a motivé le peuple à retourner manifester à Taksim même s'ils étaient sûrs de se faire malmener. Les kids refusaient d'obtempérer et harcelaient les policiers de questions. De jeunes filles se faisaient arrêter une par une, hurlant pour qu'on les relâches. Plus tard, dans la journée de samedi, les gens se sont mis à vendre des lunettes et des masques dans la rue.

Le soir venu, une armée de civils masqués patrouillait dans les rues. La résistance a duré près de 20 heures, et la place Taksim est devenue une sorte de tulipe, avec le parc Gezi en son centre, s'ouvrant et se refermant tandis que des milliers de personnes se tenaient debout, face aux engins de chantier et à la police, chantant et riant tout en peaufinant leur stratégie en prévision de la prochaine attaque, qui est vite arrivée. Le parc a été encore une fois « nettoyé », mais le combat pour la place Taksim et le parc Gezi est loin d'être terminé.

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