On a parlé au « Cavalier urbain » derrière cette fameuse dispute d’après-bar
Jean Roy qui texte à dos de cheval | Photo de Guy Samson, Facebook

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On a parlé au « Cavalier urbain » derrière cette fameuse dispute d’après-bar

« Ce n’est pas par entêtement que je viens en ville à cheval, c’est plutôt pour le bien-être de la planète entière. »

Il y a deux semaines, une vidéo où l'on voyait une dispute à l'extérieur d'un bar impliquant deux hommes sur un cheval est devenue virale, soulevant nombreuses interrogations.

Pourquoi ces hommes étaient-ils à cheval, quelle était la cause de l'altercation et qui étaient ces nobles cowboys fêtards?

L'identité de notre principal chevalier en pantalons camo est maintenant dévoilée : Jean Roy a été une fois de plus placé sous les projecteurs au courant du week-end, après avoir été arrêté par la police de Victoriaville. Il est accusé de méfait et de possession de cannabis. Il s'était rendu à cheval avec son chien à un concert dans un parc public.

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Finalement, il s'avère qu'il est bien connu dans cette région du Québec, où ses partisans et ses détracteurs le surnomment le « Cavalier urbain ».

On l'a appelé pour parler de sa popularité virale, de la légalité de son moyen de transport et de la zoothérapie qu'il dit vouloir offrir.

VICE : Vous avez fait l'objet d'une vidéo virale il y a quelques semaines, qu'est-ce qui s'est passé?
J'étais malheureusement impliqué. Je passais devant ce bar-là, Le West, ou « Chez Bidou » qu'ils l'appellent. On était avec deux chevaux, et j'avais quelqu'un en arrière de moi. L'autre cheval a quitté avec la dame qui était dessus, car ils ont eu peur. Les gens m'ont fait toutes sortes de menaces. Ils ont essayé de me faire tomber de mon cheval et j'ai appelé la police. Dans l'énervement, mon cheval a crotté devant le bar, donc j'ai ramassé le crottin comme d'habitude et je suis allé le jeter.

Il n'y a pas eu de conséquences trop fâcheuses à part les commentaires des gens sur Facebook. Mais quand on regarde et qu'on étudie bien la chose, on voit que le problème n'était pas le cheval ni le cavalier. C'est plutôt que les gens ont perdu l'habitude de voir des chevaux en ville. Il va falloir qu'on les habitue.

C'est votre chien que j'entends avec vous?
Oui, c'est Souky, mon berger australien, que je viens juste d'aller chercher à la SPCA suite à l'arrestation qui est survenue dimanche soir. Ils ont confisqué mon chien. Au moins, ils n'ont pas confisqué le cheval. Ils auraient pu juste me donner un ticket parce que mon chien n'était pas en laisse. Ils n'avaient pas à en faire plus que ça. Au lieu, je me suis ramassé en prison, on a été à l'hôpital pour des radiographies à cause des blessures qu'ils m'ont fait. Le nez, la bouche, l'épaule gauche… Ils m'ont envoyé à pleine face sur le gazon.

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Quelle est votre relation avec la police?
Depuis quatre ans que l'histoire est commencé avec le cheval. Je n'ai pas porté d'accusations, eux en ont porté beaucoup, dont au criminel. J'ai été acquitté à la cour provinciale, mais tout ce qui est municipal, sur les mêmes accusations, je suis reconnu coupable. Moi, je ne veux pas jouer la même game. C'est pour ça que je vis avec des animaux en ville. Il faut apprendre à vivre et arrêter d'avoir la guerre pour avoir la paix.

Mais, sur les réseaux sociaux, les gens vous accusent de ne pas bien vous comporter, d'enfreindre la loi avec votre cheval, non?
Les gens disent n'importe quoi, même dans le Journal de Montréal, ils disent que je me suis fait confisquer mon chien et mon cheval dimanche. Mais non, mon cheval n'a pas été confisqué cette fois-là. L'an passé quand ils m'ont arrêté, ils m'ont mis en prison et ont confisqué mon cheval, et le juge a statué que les forces policières n'avaient pas le droit de faire ça. Selon la Charte des droits et libertés, un animal a le droit de circuler partout. [La Charte canadienne des droits et libertés ne s'applique pas aux animaux, NDLR.]

Les gens adorent me voir en ville avec mes animaux. Ils viennent près du cheval, le flattent, embarquent dessus… des gens de tous les âges. Je ramasse mes crottes de chien, mais le cheval, c'est un peu plus gros alors je prends un sac d'épicerie avec un sac de crottes de chien et je me fais un gant et j'envoie ça dans la poubelle. Là, ils m'ont trouvé coupable de ne pas ramasser le crottin de mon cheval, coupable de m'être promené avec mon chien en ville en laisse rétractable, coupable d'avoir attaché mon chien à l'extérieur d'un Tim Hortons la durée d'une entrevue avec Cogeco.

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Ces règlements sont anticonstitutionnels, et j'espère que je n'aurai pas à dépenser de l'argent pour aller en cour pour les faire abolir. La patience est d'or.

Est-ce que vous vous sentez ciblé?
Je dirais que la population est une victime. Ils doivent comprendre que les animaux sont bons pour les humains et pas juste dans notre assiette. Je travaille pour corriger les choses, pour qu'on vive dans une société plus tolérante. [Mes détracteurs] sont des gens malheureux, qui ont des blessures, et pas nécessairement des mauvaises personnes. Moi, quand je viens en ville à cheval, une dame le voit et me dit : « Wow, est-ce que je peux m'en approcher, est-ce que je peux le flatter? » Cinq minutes après, je vois une autre personne et elle me crie après. Y a même des gens qui me tirent des canettes de bière à moitié pleines! Pourtant, c'est le même cheval et le même cavalier.

Est-ce légal de boire à cheval ? Le faites-vous?
J'ai 55 ans et j'ai été en état d'ébriété une seule fois dans ma vie, à mon bal de finissants en secondaire cinq. Dans le temps, les gars sortaient bien chauds du bar, un cheval les ramenait à la maison. Aujourd'hui, il y a trop de trafic pour laisser un cheval te ramener à la maison. Si [les policiers] me disent que je suis en état d'ébriété, qu'ils sortent leur souffleux pis ils vont avoir une belle surprise. Je n'ai jamais pété la balloune.

Parlez-moi de votre slogan, « Laisse le bon temps trotter ».
C'est la base de tout! « Laisse le bon temps rouler, laisse le bon temps rouler! Rouler, rouler, toute la vie! » Je suis avec mon cheval et les gens baissent leur fenêtre et me crient : « Johnny, laisse le bon temps trotter! » C'est le fun, ils comprennent bien.

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Capture d'écran de la page Facebook de M. Roy

Vous avez été condamné à payer des milliers de dollars en amendes. Qu'allez-vous faire?
Des amendes, j'en ai pour 12 000 $, pas juste pour le cheval pis le chien. Je n'ai pas l'intention de payer — pas un sou — pis je ne veux pas que personne paye ces amendes pour moi.

D'où vient votre amour pour les chevaux?
Mon cheval Dandy Blue Pine a 17 ans et je l'ai depuis dix ans. C'est un cheval qui faisait du saut équestre, mais il était rendu dangereux. Il aimait tous les animaux sauf les humains. Avec le temps, j'ai réussi à guérir sa plaie et aujourd'hui je l'emmène en ville et les gens se collent dessus et il est super fin.

Donc il y a quatre ans, j'ai déménagé mon cheval de Saint-Valère à Tingwick et j'ai passé en ville. C'était la première fois qu'il allait en ville. Ça s'est bien passé et après je me suis mis à venir en ville, et là les policiers sont venus me voir en me disant : « T'es pas en campagne ici. » Ils m'insultaient et étaient agressifs.

Il y avait des gens qui aimaient ça et d'autres qui n'aimaient pas ça. J'ai dit moi là, l'école de la vie, je l'ai fait autant avec les humains qu'avec les animaux. J'ai été représentant des ventes pendant 30 ans, c'est de la communication, c'est de la psychologie. J'ai toujours eu des animaux et j'ai jamais eu de difficulté avec aucun animal, de même qu'avec les animaux à problèmes des gens. Les animaux qui ont des problèmes, c'est pas mal plus leurs maîtres qui ont des problèmes. Donc j'ai vu un besoin.

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« On a tous un côté humaniste. Je voyais les guerres, le terrorisme et tout ça, et j'ai décidé de m'impliquer à ma façon avec les animaux. Je trouve que malgré tout, ça va bien. En tout cas, le bien est plus fort que le mal. »

Est-ce que vous avez un permis de conduire?
Non. Mon permis de conduire est sanctionné depuis deux ans. J'avais des tickets de circulation et je voulais les payer en travaux compensatoires, tel que prévu par le Code de procédure pénal. Ils m'ont envoyé une lettre disant qu'ils n'acceptaient pas ma proposition et m'ont suspendu mon permis. Et là, tant que ces choses-là ne sont pas réglées, je ne peux pas travailler, donc à la place je fais du bénévolat avec les animaux et avec les gens. Je suis à temps plein à aider des humains, je me tiens à des endroits où les gens ont un bon cœur mais des difficultés. En ne travaillant pas, la Ville, nos dirigeants ne peuvent pas saisir mon salaire, mes biens.

Même pas votre cheval?
Mon cheval ne m'appartient pas. C'est moi qui s'en occupe, mais j'ai eu besoin de ressources financières, on m'a prêté de l'argent avec mon cheval en garantie.

Quelle sorte de déplacements faites-vous avec votre cheval?
Mon cheval n'est pas mon moyen de transport. Quand j'ai à aller en ville, je suis à vélo ou à pied. Si je suis à cheval, c'est parce que je m'en vais faire une balade. À cheval, c'est plus contraignant qu'à vélo. Quand tu arrives quelque part, tu dois être responsable de l'animal, tandis que le vélo, tu peux le stationner là. Un cheval aujourd'hui, c'est un loisir, une activité que tu exerces entre deux êtres vivants qui ressentent des choses.

Le cheval m'a appris beaucoup de choses. Toute personne à l'écoute est capable de communiquer avec n'importe quel animal, même un animal sauvage. Moi là, tu pourrais venir avec moi dans le bois et il y a une meute de loups sauvages et on va aller manger notre lunch à côté du chef de meute.

La peur, y a rien de plus dangereux que ça. S'il n'y avait pas de peur et que les gens étaient confiants, il n'y aurait pas de guerre. Y aurait juste l'amour. Suivez Brigitte Noël sur Twitter.