Red Star FC

Naïm Sliti, côté Red Star

L'international tunisien a porté les couleurs audoniennes durant deux saisons. Aujourd’hui à Dijon, le milieu de terrain revient sur cette expérience qui a changé le cours de sa carrière.
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Photos Red Star

Naïm Sliti ne peut laisser qu’une bonne impression. Et pas seulement sur le terrain, où il a grandement contribué au maintien de son équipe, Dijon, dans sa double confrontation face à Lens, inscrivant deux buts au match retour à Gaston-Gérard.

En dehors du rectangle vert, le milieu de terrain à la technique soyeuse, international tunisien à 30 reprises, est souvent souriant et ne refuse que très rarement de s’exprimer sur le Red Star, un club qu'il aime et qu’il a fréquenté durant deux saisons, couronnées de succès : champion du National en 2014-2015, cinquième de Ligue 2 la saison suivante, échouant au pied du podium et de la Ligue 1.

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Pour VICE, Naïm Sliti a accepté de revenir sur ses années audoniennes, qui l'ont remis en selle et aidé à faire de lui le joueur de Ligue 1 accompli qu'il est aujourd'hui.

VICE : Quand vous avez signé au Red Star, vous restiez sur une saison compliquée au Paris Football Club (PFC) ?
Naïm Sliti : Très compliquée même ! Je n’avais joué que quatre matches de National avec le PFC. Le reste du temps, j’étais en réserve. Je me souviens très bien du premier contact avec le Red Star. Je rentrais à Marseille [où il est né, NDLR], j’étais avec ma femme, et Steve Marlet m’appelle. Je vous avoue qu’après mon expérience au PFC, je n’avais qu’une envie, quitter la région parisienne. Je ne m’imaginais pas y retourner. La vie en Île-de-France, ça ne m’avait pas vraiment plu. Mais Marlet m’a expliqué les ambitions du Red Star, qui voulait à tout prix remonter en Ligue 2.

Avez-vous hésité ?
Non, pas vraiment. Le Red Star a été la première proposition que j’ai reçue. Et puis, pour être honnête, je ne m’attendais pas à en recevoir beaucoup, après la saison que je venais de vivre. J’ai donc donné assez rapidement ma réponse. Mon agent, Franck Welfringer, qui est Parisien, m’avait dit que c’était une bonne opportunité. La meilleure, même. Et je suis retourné en Île-de-France.

« J’ai joué à Lille, dans un grand stade, parfois devant 30 000 ou 40 000 personnes, mais l’ambiance n’était pas la même. Bauer, c’est unique »

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Et vous ne l’avez pas regretté…
Non. Je pense même que c’est, avec le recul, le meilleur choix que j’ai pu faire. Si je n’avais pas donné suite à la proposition du Red Star, est-ce que je serais aujourd’hui un joueur de Ligue 1 ? J’ai passé deux ans là-bas, et j’ai vraiment progressé. Tout simplement parce qu’on m’a fait confiance. J’ai joué, j’ai pu m’exprimer. Mon premier entraîneur, Sébastien Robert, voulait qu’on produise du jeu, ce qui, en National, est assez rare. Pour un joueur créatif comme moi, c’était idéal. De plus, le club ne m’avait pas menti sur ses ambitions, avec un recrutement très intéressant. Ils ont fait venir des joueurs comme David Bellion, qui arrivait de Bordeaux, Hameur Bouazza, qui avait joué en Angleterre [Fulham, Milwall, Watford, Birmingham, Charlton, ndlr] et en Espagne [Racing Santander, ndlr]. A la fin de la saison, on monte en Ligue 2 et à titre personnel, j’ai marqué 8 buts et délivré plusieurs passes décisives. J’étais vraiment content de mon choix. Ça a constitué un vrai déclic. Si je n’avais pas rejoint le Red Star, que ce serait-il passé pour moi ?

La seconde saison aurait presque pu se terminer par une accession en Ligue 1…
A un point près ! On avait changé d’entraîneur [Rui Almeida en remplacement de Sébastien Robert, ndlr]. Le club avait engagé le Portugais Rui Almeida. De lui aussi, je conserve un super souvenir. On bossait beaucoup, il était très exigeant, très rigoureux tactiquement. Il avait aussi une apparence un peu froide. Mais il avait un certain recul. Quand on perdait un match et que nous étions forcément très déçus, il venait nous serrer la main et nous disait : « Eh, les gars, ce n’est que du foot ! » Et il ajoutait que ce n’était pas dramatique, qu’on allait relever la tête. Vraiment un super mec. Et j’ai vraiment beaucoup progressé avec lui. Si j’ai signé à Lille à la fin du mercato estival, en août 2016, c’est en partie grâce à lui.

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On ne peut pas évoquer le Red Star sans faire référence à son stade et à ses supporters…
Le stade Bauer est unique. Vraiment, je le kiffe. C’est un stade à l’anglaise, avec ses tribunes très proches du terrain… Il a un style bien à lui. Oui, il n’est plus tout jeune, mais il a une histoire. Et puis, l’ambiance… Sans doute la meilleure que j’ai connue dans les clubs où j’ai pu jouer. Dans l’esprit, cela me rappelait un peu Sedan, un public chaud, populaire, connaisseur, qui adore son équipe, mais qui peut se montrer assez dur aussi. J’ai joué à Lille, dans un grand stade, parfois devant 30 000 ou 40 000 personnes, mais l’ambiance n’était pas la même. Bauer, c’est unique. Les supporters aiment que leur équipe joue bien. Ils sont toujours derrière elle… D’ailleurs, j’ai une anecdote qui le prouve…

Laquelle ?
Lors d’un derby, contre le PFC, au stade Charléty. Un match en Ligue 2. C’était un samedi après-midi, et la rencontre était retransmise sur BeInsport. Quand je suis sorti des vestiaires, j’ai vu une tribune totalement remplie par nos supporters. Je ne sais pas combien ils étaient… Peut-être 2 000, au moins. Il y avait tout : les chants, les fumigènes, les banderoles. Incroyable. On avait l’impression d’être chez nous.

« Le club a des bases, mais un jour où l’autre, il faudra régler ce problème de structures »

La question du stade Bauer reste sensible, à Saint-Ouen…
Oui. Le stade n’est pas homologué pour la Ligue 2. C’est pour cela que l’équipe joue à Beauvais. Le Red Star a besoin de se professionnaliser, et donc d’avoir un stade aux normes. Je sais qu’il y a différents projets, mais que des supporters ne veulent pas entendre parler d’une démolition de Bauer. Cela ne m’étonne pas, car ils y sont très attachés. Je ne sais pas ce qu’il va se passer à l’avenir.

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Le Red Star n'est plus en Ligue 2 et devrait donc retrouver son enceinte…
Le fait de jouer tous ses matches à Beauvais n’a clairement pas été un avantage pour l’équipe. Tous les supporters ne se déplacent pas. Et il y a beaucoup moins de ferveur qu’à Saint-Ouen. Je suis sûr que si le Red Star avait pu jouer tous ses matches à domicile à Bauer, il n’en serait pas là. Une descente n'est pas une catastrophe, car le club a des bases, mais un jour où l’autre, il faudra régler ce problème de structures. Ne pas évoluer dans son stade, c’est un handicap. Et si l’équipe fait un peu le yo-yo entre la L2 et le National, c’est peut-être en partie pour cette raison. Quand on a des supporters comme ça, on peut aller loin.

Au fait, comme vous êtes Marseillais de naissance, ça a dû chambrer pas mal à l’époque…
Beaucoup, oui. Lors des matches OM-PSG, j’étais forcément pour Marseille. A Paris, il fallait que je m’attende à me faire chambrer, en tant que Marseillais. Mais c’était toujours dans un bon esprit…

Votre passage réussi au Red Star vous a-t-il permis d’apprécier la vie parisienne ?
Je ne vivais pas à Paris, mais en banlieue… Mais sincèrement, je ne suis pas trop fait pour la vie en région parisienne. Comme j’étais heureux en club, j’étais forcément mieux dans ma vie. C’est normal. J’ai réussi à me faire des amis, avec qui je suis toujours en contact. Et j’ai toujours quelques relations au Red Star.

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Cet article est publié dans le cadre du partenariat entre VICE et le Red Star et a été réalisé en tout indépendance.