La difficile quête d’amour d’Anna Arrobas
Photo par Dominic Berthiaume
Musique

La difficile quête d’amour d’Anna Arrobas

Complètement effacée de la scène montréalaise depuis un an quasi jour pour jour, Anna Arrobas retombe sur ses deux pattes avec un premier EP solo.

D’abord connue comme la guitariste et interprète des groupes Dernier Sex et Security, Anna Arrobas revient en musique avec Metal Locket, une collection de cinq chansons d’amour qui s’éloignent considérablement du son auquel elle nous a habitués avec ses précédentes formations.

La chanson Lullaby, qui ouvre le EP, est la première du lot à avoir été écrite et a ainsi donné le ton au reste de l’œuvre. Un titre composé à un moment difficile où elle s’est retirée de la scène en raison d’un conflit, doublé d’une rupture amoureuse. Du jour au lendemain, elle se voyait contrainte de mettre un terme à sa jeune formation Security, qui était à l’époque l’une des formations locales montantes. « Je me sentais complètement perdue, je ne savais plus quoi faire avec ma vie, puisque j’avais perdu tout ce qui m’apportait du bonheur », me dit Anna en entrevue. L’artiste passe alors quelques mois à broyer du noir et à s’isoler la majeure partie du temps dans son appartement. La rencontre d’un homme vient renverser la situation. « Il a fallu que je retombe en amour avant d’écrire le reste des chansons qui complètent Metal Locket, ça m’a donné l’énergie et la motivation de continuer à écrire des chansons. »

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Il faut réaliser que l’ensemble du travail d’Anna Arrobas tourne autour de l’amour. Non seulement dans les thèmes abordés (l’attente, l’isolement, le désespoir, la tristesse), mais surtout dans son aspect créatif. Chacun de ses projets (Dernier Sex, Security et même un premier dont elle tait le nom) a été teinté d’une relation amoureuse avec l’un des membres du groupe. Il ne s’agit donc pas nécessairement d’écrire sur l’amour, mais de créer avec ce sentiment partagé. « Avoir une relation amoureuse avec une personne avec qui je compose de la musique est essentiel. Même si je me raisonne et que je me dis qu’il faut conserver la relation professionnelle au sein du groupe, ça ne fonctionne pas, c’est plus fort que moi. La chimie amoureuse me donne envie de créer quelque chose de fort qui vient renforcer cette relation. J’ai déjà essayé d’être avec des gens qui ne font pas de musique, et ça ne fonctionnait pas, puisqu’il n’y avait pas cette énergie créatrice réciproque », explique-t-elle.

Changement de cap

Quoi qu’il en soit, Metal Locket reste tout de même son premier effort fait entièrement en mode solo, autant du côté de la composition que de la direction artistique. Elle a pu compter sur sa nouvelle flamme pour un riff de guitare ou deux, mais sans plus. « Avec mes deux premiers groupes, j’avais quand même une position de leadership, mais ce n’est pas moi qui décidais tout. N’empêche que ç’a été une expérience formatrice de faire des chansons plus élaborées et de performer sur scène au sein de ses groupes. J’ai composé Metal Locket très rapidement une fois que ma créativité s’est remise en marche. La seule chose qui est difficile dans tout ça, c’est d’avoir du recul et de savoir si les décisions que je prends sont les bonnes. Il n’y a personne pour me donner une validation. »

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Ce changement de cap a également eu une incidence sur le genre musical qu’elle nous présente sur ce nouvel EP. Entre Dernier Sex et Security, il y avait une sorte de continuité esthétique et des similitudes dans les compositions, on se trouvait en terrains connus. Les chansons aux textures synthétiques, voire métalliques, étaient de longue durée, sombres et glaciales. Metal Locket se présente davantage comme une œuvre minimaliste à fleur de peau en comparaison avec ses prédécesseurs tout en conservant son aspect dramatique : une voix, une guitare et des textures beaucoup plus légères. « Je crois que ma touche personnelle a toujours été minimaliste dans mes projets. Je ne suis pas une grande technicienne et je ne connais pas nécessairement beaucoup d’accords à la guitare. Ma force réside dans la simplicité avec laquelle j’approche les chansons et dans ma capacité à chanter une mélodie par-dessus. »

La sortie de cette œuvre n’est pas venue sans remise en question pour Anna Arrobas. L’idée de revenir dans l’espace public et d’avoir à affronter ses démons la tourmentait. La peur de se faire rejeter comme elle l’avait été l’année précédente la guettait également. C’est en faisant écouter son travail à ses proches qu’elle a pris la décision d’effectuer un retour. « À un certain moment, je me suis juste raisonnée qu’il fallait que je fasse le saut et que je publie cet EP quoi qu’il en soit. J’ai tellement mis d’amour, de temps et d’énergie dans ces chansons-là que ça n’aurait pas fait de sens de ne pas les sortir par peur du jugement des autres. Si je voulais continuer à faire de la musique, il fallait un jour où l’autre que je sorte de l’ombre et que je fasse la paix avec mon passé. »

Anna Arrobas sera en spectacle à la Casa del Popolo ce dimanche 26 mai en première partie de Nicole Dollanganger.

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