Les soirées horribles dans le futur de Justin Bieber

En 1982, Prince déclarait à qui voulait l'entendre qu'il voulait faire la fête comme si l'on était en 1999 – l'année précédant la possible apocalypse du nouveau millénaire. Mais Prince n'avait pas forcément dit que le monde était sur le point de s'arrêter en 2000 : il avait juste utilisé cette occasion pour profiter à bon escient des festivités d'avant la fin du monde. Puis, le 1er janvier 2000 est arrivé et, alors que l'apocalypse ne s'était pas produite, l'idée de faire la fête « comme si l'on était en 1999 » était devenue la meilleure des nouvelles raisons pour faire la bamboula.

Depuis ce jour, les gens prévoient l'apocalypse sur une base quasi mensuelle grâce à des sources plus ou moins crédibles que n'hésitent pas à relayer des types comme Prince, mais également des groupes religieux apocalyptiques, des génies des effets spéciaux, des scientifiques de merde, et, plus récemment, un paquet d'hystériques incapables de rechercher des infos sur Wikipédia à propos du calendrier Maya. Mais dommage pour ces mecs, le monde continue d'exister et, au lieu de s'arrêter dans un éclair indolore, nous demeurons encore et toujours les vaillants soldats de nos vies pourries.

Puis, Justin Bieber est arrivé. Dans son nouveau single intitulé « Beauty and a Beat, » Bieber a renchéri en déclarant qu'il « ferait la fête ce soir comme si c'était 3012 ». À première vue, cette prémonition témoigne d'un véritable optimisme. Nous, les humains, devons maintenir notre effort contre chaque présupposée fin du monde. Car en effet, dans mille ans, nous serons à n'en pas douter tous en train de faire la bringue. Mais Bieber a oublié un petit détail à propos du futur de notre planète et de notre espèce ; même si la vie existe toujours en 3012, le monde sera, de son côté, devenu complètement sordide.

Au cours des siècles à venir, le niveau de la mer aura augmenté et englouti toutes les villes côtières, et en particulier, celles des « pays en développement, » soit ceux qui auront le moins contribué au changement climatique. Le reste du monde sera ravagé par le renforcement incessant des super-tempêtes qui détruiront les petites propriétés cossues ornant par exemple le bord du lac Leman, en Suisse. Pendant ce temps-là, la qualité de l'air, du sol et de l'eau se sera terriblement dégradée, tout comme nos approvisionnements en pétrole et en charbon qui auront entièrement disparu. Notre énergie nucléaire se révélera avoir été une catastrophe écologique sans précédent et nos nappes phréatiques se seront taries. Tous les hommes politiques charismatiques, les ONG, les campagnes publiques larmoyantes et les éoliennes de Potemkine resteront totalement impuissants face à cette inéluctable marche vers la mort.

Pendant ce temps-là, on voit également que le fragile écosystème de la planète – qui depuis toujours nourrit gentiment l'humanité – commence à s'effondrer. De fait, les matières premières sont progressivement en train de disparaître. L'air pollué, l'eau saumâtre et la bouffe non comestible vont devenir les produits de base de toute la population et, à cause de toutes ces daubes, nos vies seront courtes et fréquemment rongées par l'apparition de nouveaux cancers. L'émergence exponentielle des armes environnementales provoquera une guerre de tous contre tous, et les États perdront progressivement leur capacité à fournir des services de base et maîtriser leurs populations.

Par conséquent, on connaîtra une perte de confiance à l'égard de la logique, de la raison et de la science, soit les trois trucs qui visaient autrefois à résoudre les problèmes fondamentaux de l'homme. Notre obsession suicidaire pour le progrès scientifique ne risque pas non plus d'être remplacée par une conception plus humaine et plus spirituelle de l'univers. Au lieu de ça, l'homme se dirige vers un nouveau Moyen-Âge marqué par la xénophobie brutale, la superstition et le barbarisme. Les sacrifices humains seront monnaie courante, les corps aux entrailles ouvertes décoreront nos rues, restes de sacrifices publics rendus en l'honneur de nouvelles divinités post-religieuses.

Et, pour ceux qui essaieront de fuir la terre en ruines, les villes meurtries gorgées de sang et les campagnes grisâtres, ne vous inquiétez pas, de nouveaux lieux encore plus barbares et ignobles les attendront.

En clair, Justin Bieber est un putain de connard. On sait tous que les enfants stars grandissent vite. Mais jusqu'à quel niveau de merde Bieber a pu aller s'enterrer pour dire fièrement qu'il allait faire la fête comme si c'était 3012 ? Et jusqu'où cet enfoiré ira-t-il une fois dans le futur ? Le corps réanimé de Caligula se posera à côté de sa jambe rôtie de petite merde et lui dira d'aller se faire foutre. Mais heureusement pour lui, Bieber est en bonne compagnie : s'il existe quelqu'un dans cette industrie musicale qui pourrait s'abaisser à un tel niveau de connerie, c'est bien sa nouvelle collaboratrice, Nicki Minaj.

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