Dies Irae : On est allés à la manifestation antitout

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Dies Irae : On est allés à la manifestation antitout

Jour de colère pour les Français énervés de tous bords – surtout de droite.

Dimanche à quatorze heures, nous étions place de la Bastille, à Paris, sous une pluie battante. Il s’agissait d’un « Jour de colère ». Tous les manifestants étaient là pour faire un truc : hurler sa haine de celui qui n’appartient pas à son groupe. Il s’agissait à l’origine d’un rassemblement anti-Hollande (dont la cote de popularité, selon Euronews, est tombée à 25 %), mais chacun avait son propre discours négatif sur : les gays, les avortements, les juifs, la « liberté d'expression », etc. Chacun avait son combat personnel à mener, mais disons qu’ils étaient animés par une haine de la gauche en tant qu’esprit.

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La place de la Bastille était loin d’être remplie : la police a annoncé 17 000 manifestants, les organisateurs dix fois plus, mais on pencherait plutôt pour les chiffres de la police.

Les Femen sont apparues au tout début. Elles devaient être une dizaine, mais on est arrivés quand elles étaient déjà dans les fourgons, avec les manteaux par terre. On entendait des « salopes » venant de la foule, et on a juste eu le temps de les apercevoir seins nus, le poing levé, avant que les portes des fourgons ne se referment – comme d’habitude.

Le cortège s’est mis en marche.

Un manque d’unité évident s’observait dans le cortège. En tête, c’était les cathos : beaucoup d’enfants et d’ados, des vêtements bleu marine, vert bouteille et rouge bordeaux – l’uniforme versaillais. Eux étaient là pour continuer à protester contre le mariage gay (« on ne lâche rien ! ») ou pour manifester contre l’IVG, l’Espagne ayant donné de mauvaises idées au reste de l’Europe. Dans ce gros groupe, on a observé un certain nombre de fleurs de lys sur les banderoles, symbole des royalistes.

Il y avait également des bonnets rouges – mais pas des Bretons. Il semble que toutes les têtes de gland mécontentes du pays avaient décidé de se réapproprier ce symbole de la râlote bretonne.

Sans surprise, les traditionnels partisans du FN étaient présents, bien qu’aucun parti politique ni syndicat n’ait appelé à manifester – la plupart des manifestants revendiquaient fièrement leur « apolitisme », d’ailleurs. Cependant, on apercevait des mecs qui grattaient à la clé des collages de Marine Le Pen et Dieudonné sur des affiches titrées « La Haine », alors qu'ils laissaient la tête de Manuel Valls, actuel Ministre de l’intérieur – une manière de montrer que c'était lui, le seul ennemi de la nation, et non pas les deux autres.

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En fin de cortège, on avait les strates les plus excitées : les mecs du GUD, faction de l’extrême droite fasciste estudiantine, tout de noir vêtus, avec leur banderole qui en appelait au « putsch ». Les dieudonnistes agitaient des drapeaux à l’effigie de Dieudonné et continuaient leur combat pour une « liberté d’expression » mal comprise. Ils passaient leur temps à utiliser leur iPhone pour se prendre ne photo en train de « glisser des quenelles », chanter en chœur Shoah-nanas ou à hurler « LDJ, [Ligue de Défense Juive], enculés ! » – on a d’ailleurs noté, pour la première fois, une certaine entente entre les Blancs de la droite dure traditionnelle et les Noirs et Arabes de la droite d’Internet suivant le sillage de Dieudonné.

Plus étonnant, on a vu le groupe des supporters du PSG, maillots, écharpes, bonnets et fumigènes, comme au Parc, qui criaient « merci Anelka », sans doute en référence à la quenelle qu’il avait effectuée après un but le mois dernier.

Le cortège a ainsi cheminé jusqu’à la place Vauban, à côté d’Invalides. C’est là qu’on a pu observer un semblant d’unité, puisqu'ils étaient tous rassemblés sur la même place, écoutant le même discours des mecs qui passaient sur le podium, applaudissant et hurlant à l'unisson lorsqu’ils entendaient la moindre punchline antigouvernementale. Mais, sur la dizaine de personnes avec lesquelles on a discuté, on a obtenu dix réponses bien distinctes sur les raisons de la colère.

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On est partis de là-bas, trempés et déprimés, aux alentours de 18 heures, en même temps que la majorité des manifestants. Des mecs se sont battus à partir de 18h30. On peut dire, sans trop s’avancer, qu’il s’agissait des mecs qui se trouvaient à la fin du cortège ; ils ont attendu que les familles partent pour se castagner avec les CRS. En tout, il y a eu 250 gardes à vue.

Revenez sur VICE.com/fr demain pour mater notre vidéo LE JOUR DE COLÈRE… SOUS ACIDES !