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LE NUMÉRO BEHREN

Vice Fashion - Coal kids

En allant photographier les vestiges de la mine du carreau Wendel, dans la commune de Petite Roselle, on est tombé sur Sébastien, Stéphane, Laura et les autres. Enfants de mineurs, ils viennent y faire du quad, du scooter et de la mini-moto. On leur a...

En allant photographier les vestiges de la mine du carreau Wendel, dans la commune de Petite Roselle, on est tombé sur Sébastien, Stéphane, Laura et les autres. Enfants de mineurs, ils viennent y faire du quad, du scooter et de la mini-moto. On leur a demandé ce qu’ils pensaient des gars de Behren: «Ça n’a rien à voir. Les mecs de Behren, ils sont pas aimés dans le coin. Ils se prennent pas pour de la merde. Nous, on est plutôt des gens du patelin. Y’a plus de cas sociaux là-haut, ici les familles sont plus soudées. Pour eux, c’est eux contre nous, genre 9-3 contre 9-2. Cité contre cité. Nous, on est les 5-40, c’est le code postal de Petite Roselle. Tout seul, ils font pas les malins mais à trois ou quatre, direct, ils cherchent l’embrouille. Moi, je suis pas raciste. Les reubeus, j’ai grandi avec eux mais y’en a certains qui abusent, ils font leurs embrouilles même devant les vieux. Nous, tu nous verras jamais fumer un joint dans l’entrée d’un immeuble. On préfère être discrets, faire du quad, des feux, boire et fumer dans la forêt.» Sébastien sort de trois ans à la maison d’arrêt de Sarreguemine. Il s’est battu contre des gendarmes. En prison, il s’est fait tatouer le titre du film de 50 cent dans le dos et ses propres initiales sur le cœur.

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Pantalon: Fred Perry

SEBASTIEN, 23 ANS

Vice: T’es né où?

Sébastien:

À Forbach. Mon père est allemand, ma mère italienne, ils se sont rencontrés dans la région. Mon père travaillait à la mine et maintenant, il est contrôleur de je sais pas trop quoi. Je le vois plus beaucoup.

Et toi, tu fais quoi?

Ben, pour l’instant, rien. Je suis sorti de prison le 11 mai 2006. J’ai pris trois ans à la maison d’arrêt de Sarreguemine, elle est très dure, semi-disciplinaire.

Pourquoi?

Je me suis embrouillé avec des keufs. Je me suis battu. Dès qu’ils voient un jeune, ils te cherchent. Pour la moindre petite connerie, ils te mettent le maximum et ils te disent: «C’est pour toutes les fois où on ne t’a pas attrapé». Même les juges, ils marchent là-dedans. Si vous vous renseignez bien, le tribunal de Sarreguemine, il est connu dans toute la France et des prisons disciplinaires comme celle là, il n’y en a pas beaucoup.

Trois ans, c’est beaucoup. Tu leur avais fait bien mal?

Ben ouais, mais je paye encore et je payerai toujours.

Qu’est ce que tu fais de tes journées?

Je fais ce qu’il faut pour compléter la journée.

Tu vas faire quoi?

Chercher une bonne femme et un bon boulot. Mais de nos jours, c’est plus trop ça, hein?

T-Shirt: Sixpack

GREGORY, 20 ANS

Vice: Tu fais quoi?

Gregory:

Ça fait un mois que je suis au chômage. J’ai travaillé dans les travaux publics. Assainissement, bordures de lotissement, etc. Mon père, il travaillait à la mine mais il a eu un accident. Une chaîne a éclaté et il se l’est mangée dans la tête. Il a eu la mâchoire abîmée. Du coup, il a arrêté.

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Tu aurais travaillé à la mine toi?

Moi, j’ai été formé dans la carrosserie, c’est ma formation. Je vais passer mon permis moto, je cherche des trucs pour partir ailleurs. Depuis longtemps, je pense à devenir maître-chien. J’ai un berger allemand et un doberman.

Tu viens souvent à la mine faire de la moto?

Dès que je peux, mais on a pas trop le droit, y’a la police de la mine qui surveille à cause des gitans du coin qui descendent au fond pour récupérer le cuivre.

Polo: Lacoste

STÉPHANE, 19 ANS

Vice: T’es né ici?

Stéphane:

Oui, à Forbach. Mon père est italien. Il a 42 ans, il est retraité de la mine depuis quatre, cinq mois. Toute ma famille a travaillé à la mine, mes grand parents, mon oncle. Y’aurait encore la mine, j’y serais allé moi aussi, j’aurais essayé au moins. Ça vaut le coup, tu as les apparts gratuits, le charbon gratuit. Tu as aussi les maladies, la silicose.

T’aimes bien cette région?

On peut se promener, on a l’Allemagne à côté. On a de l’espace, c’est pas comme vous à Paris. On va pas dire qu’on est pauvre. On est juste normaux.

Tu fais quoi?

Je suis mécanicien auto. Je bosse depuis trois ans dans un garage à Forbach. J’aime bien. J’ai rencontré Laura il y a un an, en boîte. J’aimerais bien qu’on descende dans le Sud, elle et moi.

Débardeur: Electric

LAURA, 16 ANS

Vice: Tu es née où?

Laura:

À Forbach. Mon père travaille à la SNCF.

Tu fais quoi?

Je suis encore à l’école, je suis en troisième d’insertion.

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C’est quoi ça?

Ben, en fait, on va à l’école deux semaines et après on va trois mois en stage.

Tu fais des stages de quoi?

De coiffure et d’esthétique. Je veux être esthéticienne.

Tu penses quoi de Behren?

J’sais pas, c’est des gens comme les autres. Bon, c’est vrai, ils ont moins d’argent que nous. Quand on les voit dehors, ben les pauvres ça fait de la peine. Mais bon, je sais pas, ils disent tous que c’est des racailles. C’est pas des racailles. C’est des jeunes quoi. Moi, je les aime bien.

Tu as l’intention de rester ici?

Non.

Tu veux aller où?

Je sais pas, au soleil, à Cannes?

Suzanne, top: Designal. Stefano, t-shirt: Sixpack

SUZANNE & STEFANO

Vice: T’es née où?

Suzanne:

Je suis née en Allemagne, mais j’ai grandi à Roselle depuis l’âge de trois ans. Ma mère, elle travaille pas, elle est femme au foyer et mon père il est ouvrier.

Tu aimes bien cette région?

Ouais, ça va, ouais.

Qu’est-ce que tu penses de Behren?

Rien de spécial, c’est une ville comme une autre. Il y a beaucoup de rumeurs sur les jeunes de Behren, on dit qu’ils sont assez vulgaires, agressifs.

Tu penses que c’est justifié?

C’est vrai que les gens sont plus calmes ici. C’est même un peu trop calme, il n’y a pas grand-chose pour les jeunes, alors on vient ici.

Tu fais quoi?

Je suis en BTS assistante de direction.

Tu comptes vivre dans cette région?

Non, je sais pas encore, peut-être en Italie avec Stefano. On verra bien.