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Illustration : Yema.Visuals
Société

Les trucs bizarres que vous faites quand vous êtes solo à la maison

Que faites-vous une fois la porte fermée (à clé), quand vous est sûr·e que personne ne peut ni nous voir ni nous entendre ?
Nadia Kara
Antwerp, BE

Est-on vraiment soi-même devant les autres ? Sans le vouloir, on s’accroche parfois à certaines inhibitions, même face aux personnes qui nous sont les plus proches ; certains trucs, on préfère ne pas trop les partager. Alors que fait-on une fois la porte fermée (à clé), quand on est sûr·e que personne ne peut ni nous voir ni nous entendre - et surtout, pourquoi ? 

On vous a posé la question.

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Kiki (24 ans) - « J’enregistre mon confessionnal »

VICE : Tu vis seule ?
Kiki :
Oui, je vis complètement seule dans un studio, et j’adore ça. La vie en coloc, ça me réussit pas. Par contre, des fois, j’ai l’impression de devenir un peu folle.

C’est-à-dire ?
Régulièrement, genre plusieurs fois par jour, je commente des trucs qui m’arrivent ou que mes ami·es me disent, en mode confessionnal de téléréalité. Une remarque déplacée, un commentaire de ma boss, ou quand un·e pote s’apprête à faire la même erreur pour la millième fois. Je m’imagine assise devant la caméra et j’ajoute mon grain de sel, je fais des petites blagues un peu cinglantes. Le genre de truc que t’oses pas dire aux gens en face, mais ça fait du bien de pouvoir les dire à voix haute.

T’as pas l’impression de ressasser un peu les trucs qui t’emmerdent de cette façon ?
J’avais jamais vu les choses sous cet angle mais oui, ça me ferait sûrement du bien de lâcher prise plus souvent, ou d’aller à la confrontation face à face si vraiment j’en ai besoin. Mais je déteste ça, une fois sur deux ça part en dispute et si ça n’en vaut pas la peine, je préfère faire mes petits commentaires dans mon coin.

Robbert (33 ans) - « Je joue avec mes Barbies »

VICE : Qu’est-ce que tu fais quand t’es tout seul ?
Robbert :
Je sors mes Barbies, tous leurs vêtements et accessoires, et je joue avec pendant des heures.

D’où ça te vient, ce hobby ?
Je les collectionne depuis longtemps et encore aujourd'hui, je les adore. Je vis avec mon partenaire et on travaille beaucoup ensemble, du coup quand je me retrouve seul chez nous, c’est un peu mon moment en tête-à-tête avec mes Barbies.

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Pourquoi ce plaisir solitaire, tu penses ?
C’est surtout un acte nostalgique, je pense. J’ai démarré cette collection quand j’étais tout petit, elle a toujours fait partie de ma vie. Et puis, un peu comme pour le drag et la photo, que je pratique aussi, j’aime bien l’idée de créer une espèce d’univers utopique complètement exagéré.

C’est un peu un exutoire créatif, au final.
Complètement ! D’ailleurs, je conceptualise et réalise certains vêtements moi-même. Mon partenaire est à fond dans le drag et on bosse ensemble sur les costumes de scène de son personnage Veronika Deneuve. Au fond, mes Barbies, c’est un peu du drag miniature. Tu me fais penser, il faudrait que je recycle les restes de tissu de Veronika pour recréer ses tenues en version miniature ! Ce serait tellement cool d’avoir des looks assortis. 

Jon (29 ans) - « Je débats contre moi-même »

VICE : Tu fais quoi quand t’es seul chez toi ?
Jon :
En général, quand je me retrouve seul à la maison, je tourne un peu en rond. Du coup, ça m’arrive souvent de me rouler un joint. Parfois, quand je suis vraiment def, je réfléchis à un thème et je débats contre moi-même à voix haute.

Tu veux dire que tu construis tout un argumentaire et que tu t’amuses ensuite à le détruire ?
Exactement.

C’est une bonne façon de gagner à tous les coups.
C’est clair. Après, au-delà de ça, ça me permet de réfléchir à des sujets importants. Et ça me force à explorer plusieurs points de vue, à évaluer leur validité. 

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Tu te souviens d’un thème en particulier qui t’a marqué ?
Une des premières fois où j’ai fait ça, j’ai choisi de débattre sur le pour ou contre des trottinettes électriques, je sais pas trop pourquoi. Parfois je traite de sujets beaucoup plus sérieux : j’ai déjà eu des sessions sur l’appropriation culturelle, le revenu universel de base, la réforme des gouvernements belges…

OK, ça m’a l’air plutôt intense. Tu t’es déjà fait choper en pleine tirade ?
Ça m’est arrivé une fois oui. Je partage une maison avec ma sœur, mais elle bosse beaucoup et elle dort souvent chez son copain. Un soir, je pensais être seul mais en fait elle était en train de faire la sieste dans sa chambre tranquille. Elle a surgi d’un coup alors que j'étais en plein argumentaire, elle est restée plantée devant sa porte sans dire un mot, en me fixant, puis elle m’a demandé de parler moins fort et elle est retournée se coucher.

Ça te dirait pas de l’inviter à débattre avec toi la prochaine fois ?
Le truc, c’est que quand je le fais seul, je me sens plus en sécurité. J’ai moins l’impression que je me ferai incendier si je dis un truc de travers, même si je m’amuse à dépasser les bornes et que je me reprends moi-même quand ça arrive. C’est pas la même chose quand quelqu’un arrive avec un contre-argument béton, sans prévenir. Et puis en débattant seul, j’ai l’impression d’avoir plus tendance à mettre de l’eau dans mon vin, je campe moins sur mes positions.

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Nathalie (27 ans) - « J’improvise des chansons pour mon chien »

VICE : Ça t’arrive souvent, de te retrouver seule chez toi ?
Nathalie :
D’habitude pas vraiment, mais en ce moment, mon mec est en vacances et moi en blocus, du coup je suis seule chez moi depuis des semaines. Enfin, pas tout à fait seule : mon chien Rockie est là.

C’est cool, ça te fait de la compagnie.
Oui, c’est clair ! J’ai souvent des conversations avec lui, mais je pense que c’est quelque chose d’assez commun chez les personnes qui ont un animal de compagnie. Récemment par contre, je me suis mise à lui chanter des chansons que j’improvise.

« Son nom, c’est Rockie, il bouffe des slippies, c’est un winkie tinkie blinkie stinkie… »

Ça ressemble à quoi ? Tu peux nous faire une démo ?
« Son nom, c’est Rockie, il bouffe des slippies, c’est un winkie tinkie blinkie stinkie… » Des trucs du genre, pas besoin que ça soit très élaboré. C’est plutôt une façon de le divertir ou de le récompenser : quand on se promène et qu’il n’aboie pas sur les gens, je lui chante des chansons pour le féliciter d’être si sage.

Et Rockie, il en pense quoi ?
C’est difficile à dire ! Un jour, j’ai lu que les chiens trouvaient ça agréable et stimulant quand on leur parle, apparemment c’est encore mieux de le faire en rimes. En ce moment, Rockie m’aide même à étudier : je lui récite parfois mes cours, c’est pratique ! En vrai, je le fais surtout pour moi : quand je me retrouve seule à la maison, sans mes petites chansons et nos conversations à sens unique, je ne dirais probablement pas un mot de la journée.

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Aaron (28 ans) - « Je me balade à poil »

VICE : Tu fais quoi quand t’es seul chez toi ?
Aaron :
Je me balade à poil.

T’es pas le seul : il y a plein de gens qui m’ont répondu ça. Apparemment, c’est un hobby solo assez répandu.
Ça m’étonne pas ! Tou·tes nudistes !

Tu vis en coloc ?
Oui, en ce moment je sous-loue une chambre dans un appartement avec une fille que je connais pas encore très bien. C’est pas qu’on s’entend pas, on n’a juste pas encore passé beaucoup de temps ensemble.

Et quand elle est pas là, alors, t’en profites pour faire tomber les fringues ?
Dès que je me retrouve seul, je me déshabille. Complètement. Et puis, je vaque à mes occupations : je fais le ménage, la lessive, la vaisselle… Honnêtement, j’adore être nu. C’est la sensation de liberté ultime ! Si tu peux pas être nu·e chez toi, où d’autre ? 

C’est pas faux. D’où t’est venue l’idée ?
Eh bien figure-toi qu’apparemment, c’est un truc que je fais depuis le berceau ! Si tu fouilles dans mes photos de bébé chez mes parents, t’en trouveras pas mal où je suis tout nu. Pas que ce soit quelque chose que mes parents m’ont inculqué, c’est pas comme si on était une famille de nudistes ; c’est juste que j’ai pris l’habitude de me balader à poil à la maison depuis mon plus jeune âge.

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Qu’est-ce qui te plaît tellement dans le fait d’être nu ?
C’est confortable ! Je me sens juste bien, à l’aise… Après, c’est vraiment une question d’habitude. Et puis j’ai tendance à vite avoir chaud, alors enlever des couches, ça aide. D’ailleurs, ça m’arrive régulièrement de me mettre en sous-vêtements quand je vais chez des amis.

Nu comme un vers, c’est réservé à tes moments solo alors ?
Plus ou moins, oui. À part quand je pars en vacances avec mes potes en Espagne, on se met tous à poil sur la plage et c’est trop cool ! 

Uwi (30 ans) - « Je laisse mon bordel prendre le dessus »

VICE : C’est-à-dire?
Uwi :
J’ai un super pouvoir qui me permet de foutre le bordel dans l’appart’ en deux temps trois mouvements. La personne avec qui je partage ma vie est plutôt du genre maniaque, et moi je vis dans mon chaos organisé. On a emménagé ensemble récemment, du coup on doit concilier nos façons d’être ; quand iel est là, je suis hyper au taquet sur tout ce que je laisse traîner parce que je sais qu’iel a vraiment du mal avec le désordre.

Et du coup, quand le chat est parti, les souris dansent ?
C’est un peu ça oui ; pas que je me lâche consciemment, mais je pense que mon cerveau switche automatiquement vers mes vieux réflexes genre « Tu rangeras ça plus tard » et « Ça peut attendre ». Du coup, si je fais pas gaffe, ça peut vite dérailler et prendre des proportions ingérables. Là, par exemple, ça fait une semaine que je suis seul·e chez nous et je dois vraiment me motiver pour garder un minimum d’ordre au quotidien, sinon je vais devoir faire une énorme session de rangement en dernière minute…

…ou imagine qu’iel rentre plus tôt que prévu, comme les parents dans les films…
Ça, c’est déjà arrivé ! Un moment pas super glorieux, je t’avoue. Sur le coup, j’ai improvisé une excuse genre « Ah ben j’allais justement m’y mettre ».

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