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Les Modern Pets n'ont toujours pas trouvé le bonheur

Cet été, je lisais un article sur VICE consacré à l'équivalent germanique de la scène RAC française, quand je me suis dis qu'il fallait faire honneur à ce pays situé de l'autre côté du Rhin. J'ai jeté mon dévolu sur les Modern Pets de Berlin.

Cet été, je lisais un article sur VICE consacré à l'équivalent germanique de la scène RAC française, quand je me suis dis qu'il fallait faire honneur à ce pays situé de l'autre côté du Rhin. J'ai jeté mon dévolu sur les Modern Pets de Berlin. Après deux mois passés à tenter de les choper sur les réseaux sociaux, j'ai pu parler au chanteur du groupe la semaine dernière. Le mec était courtois, compréhensif, efficace et chirurgical dans ses réponses. En tant que Français, j'ai considéré cet exemple de professionnalisme comme très allemand. Jusqu'à récemment je ne connaissais pas bien les Modern Pets, à part quelques morceaux subtilisés sur leur Bandcamp. J'étais déjà heureux de voir qu'ils ne correspondaient pas à mon stéréotype du punk allemand, matérialisé dans mon esprit sous la forme d'un moralisateur relou fan des Cockney Rejects et dont l'existence aurait été dévolue à la destruction de murs en béton armé divisant sa nation en deux pays – genre, ce gonze là. Au contraire, ces types ressemblent plus à une update moderne des Stiff Little Fingers. Leur musique est un mélange de punk 77' bourré à la Weissbier et d'autres groupes de maintenant dont les membres ne grandiront jamais – genre, les Briefs ou les Stitches –, ce qui est plus que bienvenu dans un pays qui deviendra bientôt un laboratoire de gérontologie à lui tout seul. On a parlé sur Skype durant une trentaine de minutes et je ne pense pas exagérer quand je dis que ce mec et son groupe m'ont ouvert les yeux, moi qui croyais que la patrie des Modern Talking ne savait plus faire autre chose que de la musique chiante pour steam-punks post-industriels pourris. Automatic Axel, en train de photographier le rétroviseur de son van. VICE : Salut. Il y a moyen que vous vous présentiez ?
Automatic Axel : Ja ! On est les Modern Pets et on vient de Berlin. Moi c'est Adrien, de Paris. C'est quoi vos noms ?
Je m'appelle Automatic Axel, je suis à la basse et au chant. Toby Dishrag est à la guitare et au chant, Jay Hell joue de la batterie et chante aussi, et il reste El Costache qui est à la guitare et qui chante un peu quand il y a des chœurs. OK, donc tout le monde chante.
Ouais. On s'est rencontrés en 2009, Axel, Jay et moi, alors qu'on vivait à Stuttgart, dans le sud de l'Allemagne. On a toujours été potes. Après quelques mois, on ne pensait plus qu'au groupe. On voulait faire un VRAI truc, contrairement à tous les punks allemands d'aujourd'hui qui ressemblent plus à un passe temps qu'à autre chose. On a enregistré une démo en automne et on a fait nos premiers concerts en hiver 2009, juste avant de bouger à Berlin. Pourquoi vous n'êtes pas restés dans le sud ?
Parce qu'on on a compris qu'il serait plus simple pour nous d'avoir un groupe ici que dans le sud du pays – où il n'y a que des bourges. Notre pote Bernhard s'est tiré parce qu'il voulait continuer ses études. On a trouvé un autre mec – Timey – à Berlin. Ouais.
Ensuite on a encore changé de line-up. On s'est mis à tourner et à enregistrer comme des tarés. On était quatre pauvres crétins sans aucun potes, du coup on avait le temps de monter ce putain de groupe. Donc, nous voilà quoi. On n'a pas la moindre thune aujourd'hui, on est toujours aussi cons et je ne crois pas qu'on ait trouvé le bonheur. Vous êtes partis en tournée au pays de la liberté en juin et juillet dernier. C'est bien d'être un groupe allemand là-bas ?
Cette tournée était super pour nous, mais sérieux, c'était tellement différent de l'Europe. Comment ça ?
Premièrement, personne ne te file de bouffe gratos, ni de verres. En général les mecs boivent plus qu'ici et donc, en général, la ramasse est dix fois plus dure. Ça doit être pour ça que les groupes américains sont meilleurs que ceux d'Europe. Il composent avec un climat bien plus dur. Vous avez tourné seuls ou avec d'autres groupes ?
On était avec nos potes de P.R.O.B.L.E.M.S., des mecs de Portland ; on s'est trop marrés avec eux. Même d'un point de vue financier, on s'en est bien mieux sortis que ce qu'on pensait. Ouais, mais il s'est passé quoi au juste là-bas ?
Pleins de trucs se passent quand t'es en tournée avec un autre petit groupe. Mais là tu vois, j'ai pas trop envie d'en parler. J'en ai un peu marre de raconter les mêmes histoires « rock'n'roll » encore et toujours. Tout le monde sait ce que c'est. Si c'est pas le cas, formez un groupe et partez en tournée. Ça me fait penser à cette review où un mec – qui vous a vus à San Francisco – dit que votre musique est au final « toujours la même. » Il a même vanné vos fringues, je crois. Vous avez bien été reçus, là-bas ?
Hyper bien, la plupart du temps. Les gens étaient contents de voir un groupe européen, on arrivait à vendre notre merch. Pour le concert à San Francisco, la salle était blindée et tout le monde s'amusait. Je ne sais pas quel mec a écrit ce truc, de toute façon je m'en cogne des reviews. En général c'est un mec grincheux et sénile qui essaie de remédier à sa crise de la cinquantaine en écrivant des reviews « importantes ». Sauf que manque de bol, personne n'en a rien à branler. Est-ce que c'est OK d'être « punk » à Berlin ? Dans ma tête, vous essayez toujours de faire revivre cette ambiance « guerre froide et barbelés ».
Carrément pas, mec. On est en 2012, on a tous entre 22 et 28 ans. Ce serait complètement con. Même si notre musique est inspirée de cette époque, ça ne veut pas dire qu'on va écrire des trucs que personne n'a vécu. On ne cherche pas à être malhonnêtes, ni idiots. On pense juste que cette période a créé beaucoup de bonne musique, meilleure en tout cas que la merde qu'on écoutait dans les années 1990. Vous pensez raviver la flamme du Kraut Punk en Allemagne ? On sent une ressemblance avec les Aheads, par exemple.
On est un groupe dude, on s'en fout de comment les autres nous voient. En ce qui nous concerne, aucun mec dans le groupe n'a écouté les Aheads et au final, personne ne se sent vraiment Allemand au fond. El Costache n'est même pas Allemand. On trouve que l'expression « Kraut Punk » défonce, ceci dit. Vous ne vous intéressez pas du tout à la politique ? Vous n'envoyez pas chier Merkel ?
Tu crois vraiment qu'elle en a quelque chose à faire de la culture punk en 2012 ? Ou que le punk peut faire « bouger les choses » ? Nous, non. Si tu veux vraiment faire bouger les choses, achète-toi une armure de chevalier teutonique et va faire un truc plus sérieux. OK, ça doit être pour ça que j'ai vu une photo où tu portes un t-shirt Lords of The New Church.
Sérieux pas du tout, c'est juste un groupe que j'aime bien quoi. Vous n'avez aucune influence allemande ? Même pas genre, Kraftwerk ?
Jamais de la vie. Même si certains d'entre nous aiment bien Kraftwerk. C'est pas ce qu'on veut faire, je veux dire, on laisse ça aux hipsters. De toute façon on bosse déjà sur un nouveau disque qui devrait être prêt au printemps 2013. Au passage en parlant de punk allemand, vous connaîtriez pas les About Blanks ? Ça fait des mois que j'essaye de les contacter.
On n'est jamais partis en tournée avec eux mais on a joué quelques concerts ensemble à Berlin, c'est des potes. Ils sont aussi sur le même label que nous. À mon avis, ils sont trop fainéants pour répondre à un mail ou faire une interview… Mais ne perds pas espoir. Je vais essayer, merci.
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