Life

Ils révèlent leurs habitudes de confinement les plus tordues

« On a trié les couverts dans l’ordre du plus au moins agréable à la main. »
Daisy Jones
London, GB
habitudes de confinement les plus tordues coronavirus
Toutes les photos sont de Bob Foster

Ce matin, au petit-déjeuner, j’ai mangé des nouilles et quelques bouchées de chou haché. Quand j’en ai fait tomber sur moi , mon ordi en équilibre sur les genoux, j’y ai juste jeté un coup d’oeil et j’ai pris une autre bouchée. Je me suis dit « Je nettoierai plus tard », avant de me lever pour faire quelques sauts à pieds joints, nouilles sèches collées à mon t-shirt. Plus tard, j’ai prévu de fêter l’anniversaire de mon pote sur Google Hangouts. Demain, je vais enterrer un tas de betteraves dans le jardin.

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Dans ce contexte de pandémie de coronavirus, le confinement finit par tous nous concerner, et il est nécessaire pour « aplanir la courbe » épidémique. Cependant, il peut nous conduire à faire des choses étranges, des choses que nous n’aurions jamais pensées faire quelques semaines auparavant. Et avant que les travailleurs indépendants m’enchaînent à coup de : « T’as jamais fait de télétravail toi, ça se voit ! », je rétorquerais que c’est un peu plus compliqué que ça. Le fait de ne pas pouvoir sortir de chez soi, même pas pour acheter du PQ ou dire bonjour à son voisin rend la situation bien plus perturbante et risque d’affecter notre train-train quotidien de façon toujours plus étrange.

J’ai donc décidé d’interroger quelques confinés sur leurs nouvelles habitudes bizarres.

Jake, 28 ans

« Je ne vais plus à la salle depuis que tout a commencé, et mon quartier n’est pas terrible pour aller courir, c’est plutôt bondé et pollué, donc tous les soirs et matins, je monte et descends cinq fois mes escaliers en courant. Parfois, quand j’ai de l’énergie, je saute au-dessus de la rampe, je remonte et je recommence. Je ne suis pas un poids plume alors le bruit que je fais doit certainement taper sur les nerfs de mes colocs, mais ils sont trop polis pour me le dire. Ça dure pas longtemps et ça me fait un peu d’exercice. »

Gia, 26 ans

« Hier soir, comme activité digestive, avec mes colocs, on a entrepris de séparer et de trier tous les couverts dépareillés. On a tout sorti du tiroir et on les a triés dans l’ordre du plus au moins agréable à la main. On les a étalés sur une nappe et pour chaque couvert, on a fait ce vieux truc bizarre qui donne l’impression que le métal se plie. Honnêtement, l’illusion m’a donné quelques frissons. Il y a eu divers débats, pour savoir si les fourchettes dorées étaient acceptables et si on devait garder notre joli couteau à viande, ce qui est plutôt ironique puisque nous sommes tous végétariens. La fatigue a fini par gagner chacun de mes colocs et ils sont partis se coucher. J’ai lavé 21 cuillères et les ai disposées sur un torchon, et voilà. »

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Rachel, 27 ans

« C’est sans doute un grand classique, mais je me suis mise à parler à mon chien. J’ai toujours eu l’habitude de le faire, dans une certaine mesure, mais là c’est devenu de vraies longues conversations. Ou disons plutôt des monologues. Ce matin, je lui ai dit : "Alors, qu’est-ce qui nous attend aujourd’hui, Dylan ? Voyons ce que dit l’agenda", et puis ensuite : "Bon, bon, bon, qu’est ce que tu en penses ?" Il se contente de me lancer un regard vide quand je lui parle. Je sais qu’il ne comprend pas ce que je raconte, mais comme je suis en confinement toute seule, c’est quand même réconfortant d’avoir ces petites discussions et je crois qu’il les apprécie aussi. »

Jo, 24 ans

« Je ne sais pas si ça compte comme une habitude, mais avec mon copain, on s’est déguisés presque tous les soirs pour rester de bonne humeur. On a déjà passé plusieurs thèmes en revue. Hier c’était "Dîner chez Baudelaire", aujourd’hui on pensait faire "cuir intégral". Pour demain, j’ai proposé "Apocalypse chic". On fait tout le maquillage aussi, on prend ça très au sérieux. »

Thom, 26 ans

« Je suis travailleur indépendant, donc on pourrait penser que ça ne change pas grand-chose pour moi, mais pourtant mes habitudes d’isolement ont radicalement changé. Avant, j’avais une sorte de routine : je me levais à 10 heures, je travaillais pendant la journée, je mangeais à heures fixes et parfois je sortais le soir ou je prévoyais quelque chose pour le week-end. Mais depuis qu’il n’y a plus l’option "voir des gens", je n’ai plus d’horaire. J’ai complètement arrêté de prendre mes repas aux heures habituelles. Hier, je me suis levé à 14 heures et suis allé me coucher vers 4 heures du matin, après avoir mangé un sandwich au poulet. Tant que je fais mon boulot dans les temps, peu importe à quelle heure je le fais. Si la situation persiste, je vais sans doute devoir retrouver une routine, mais on n’en est pas encore là. »

Nat, 21 ans

« J’ai désencombré mon espace en fonction de la date. Le 19 mars, par exemple, 19 choses dont été données ou jetées à la poubelle. J’ai pris cette décision après une visite chez ma mère qui vit à l'étranger, quand je suis rentrée au Royaume-Uni pour retrouver mon partenaire de confinement. Ça m’a donné le courage d’enfin me débarrasser de toutes ces babioles.

J’ai trouvé ça plutôt difficile les deux premiers jours, parce que j’accorde une grande valeur émotionnelle aux choses les plus insignifiantes. Mais finalement, avec tout ce qu’il se passe en ce moment autour de nous, on a du temps pour réfléchir et on commence à redéfinir ce qui compte vraiment. Je voulais le faire de manière ordonnée, donc j’ai simplement mis en place ce truc des dates. »

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