« Chez moi c’est la merde. Mon dealer est à sec, un petit jeune a pris sa place une semaine plus tard, il a du produit mais très mal servi » s’inquiète un membre du forum Psychoactif où, depuis le début du confinement, consommateurs réguliers et toxicos anxieux s’échangent des infos. « Sur le darknet, on dirait que j'ai du bol car moi j'ai reçu tout ce que j'ai commandé super rapido. Héro brune correcte à 25 balles le G et coke très correcte à 50. Plus de la bonne meth pour quand j'arrive pas à taffer » répond un autre dans le même fil. Suite au ralentissement du trafic, beaucoup regardent vers le deep web pour échapper au sevrage forcé. « Jusqu’ici, nos membres ont reçu leur commandes » observe Pierre Chappard, président de Psychoactif. « Mais il y a aussi des arnaques sur le darknet, des trucs qui arrivent et sont de la merde ou qui n’arrivent jamais » tempère Fabrice Olivet, rédacteur en chef d’ASUD dont le forum croule sous les mêmes questions.
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Des consommations à la hausse
Si son sevrage est moins brutal que d’autres, la weed est pour beaucoup de gens un moyen parfois inconscient de gérer anxiété ou hyperactivité. Le CBD, vers lequel se tourne une partie des fumeurs, ne marche pas pour tous, et le risque de compenser le manque par l’automédication est bien réel. Pablo, 38 ans et entraîneur de handball dans le Var, a arrêté le cannabis à cause de la flambée des prix (il consommait 25 joints par jour) mais pris des décontractants musculaires d’une ancienne prescription (et de type benzodiazépine) pour parvenir à dormir : « Je me suis renseigné sur internet, c’est dangereux quand tu en consommes plus de 15 jours d'affilée. Là j’en suis à mon 11ème, heureusement j’en ai quasiment plus » confie-t-il. Craignant lui que « l’addicto et les big pharma n’accrochent de nouveaux clients », Laurent Appel, conseiller en com spécialisé en réduction des risques et consommateur-activiste, réclame une suspension rapide de l'interdiction du commerce du cannabis, « sinon, le manque va participer à un pétage de plomb collectif et une explosion des violences domestiques ».« Les produits sont encore dispo mais les consommateurs précaires, parfois sans logement, sans droits et sans-papiers, ne peuvent plus faire la manche pour acheter leur conso »
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Les usagers précaires en danger
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Face à la crise, d’autres centres ont eux facilité l’accès aux traitements de substitution aux opiacés (TSO), délivrés dans la journée au lieu des une à cinq semaines habituelles : « Je ne sais pas comment on va faire quand tous ces gens vont vouloir continuer à venir, mais on a le devoir de les recevoir parce qu’ils n’ont pas de solution » confie Léon Gomberoff, directeur de centres d’accueil dans le Nord-Est de Paris. D’autres structures ont elles recours à des « bus méthadone » qui délivrent des doses à boire directement aux usagers, telles que Gaïa à Paris ou Bus 31/32 à Marseille – désormais la seule à prendre de nouveaux patients dans la cité phocéenne, affirme sa directrice Maëla Lebrun-Gadelius : « Certaines personnes qu’on ne connaissait pas viennent déjà. Beaucoup errent encore dans la ville en attente de solutions et vont arriver par le bouche-à-oreilles ».« On a reçu une cinquantaine de nouveaux patients en deux semaines au lieu d’une quinzaine d’habitude »
Les oubliés du crack
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Des semaines tendues à venir
A Marseille, la période s’annonce très tendue : « La ville est abonnée absente depuis 40 ans, la métropole ne réagit pas, l’Agence Régionale de Santé nous fait de beaux rapports mais il n’y a rien sur le terrain. Des réseaux solidaires s’organisent mais la faim plus le manque de produits vont entraîner beaucoup de violences » s’alarme Maëla Lebrun-Gadelius. Prédisant une quasi-guerre civile, Laurent Appel demande lui une réquisition des écoles vides pour accueillir les populations les plus à risques : « Les responsables doivent sortir du cadre, c’est urgent ». La crise en cours serait-elle le moment de repenser sérieusement nos politiques des drogues ?Matthieu est sur Twitter.VICE France est aussi sur Twitter, Instagram, Facebook et sur Flipboard.« Des réseaux solidaires s’organisent mais la faim plus le manque de produits vont entraîner beaucoup de violences »