Ces légendaires clubs belges et leurs soirées sans fin appartiennent désormais au passé. Ne reste plus que quelques souvenirs principalement flous à parcourir dans notre série VICE « NIGHTS TO REMEMBER ».C’est dans les sous-sols du Boulevard Anspach, en face de la Bourse de Bruxelles, que le FFORMATT a organisé les fêtes les plus sauvages entre 2019 et 2020. À la base, l’intention était de transformer l’ancien bâtiment d’Actiris en un projet culturel de deux ans, mais le coronavirus en a décidé autrement.
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Le FFORMATT s’est démarqué en étant l’un des rares clubs bruxellois qui s’est montré vraiment accueillant pour tous types de personnes. Que vous portiez la tenue la plus folle et assumée, que vous soyiez encore à la recherche de votre identité ou que vous veniez juste faire la fête en solo, personne ne vous regardait de travers au FFORMATT.On a parlé à des habitués et à des membres du personnel pour qu’ils nous partagent leur histoire la plus drôle ou la plus mémorable de ce club underground.« J'ai vécu trop de grands moments à FFORMATT ; des soirées Slagwerk et CHANOIRS au défilé de Giuseppe Virgone. Mes souvenirs les plus mémorables sont sans doute les soirées que j'y ai personnellement organisées avec Club Détour. On avait pour habitude de dîner le soir au Jour de Fête avec les DJs qu’on invitait. Ensuite, on descendait tou·tes vers le club.
Lodewijk Germanes / Louis Vogue (23 ans), DJ, organisateur Club Détour
Ça créé un lien entre les orgas et les artistes, et amené une bonne atmosphère pour le reste de la soirée. Je trouve ça très spécial de rester toute une soirée en club du début à la fin ; j'ai plutôt l'habitude d'arriver tard quand je sors. Le plus souvent, je ne suis pas là lors des warm-ups. Je me souviens très bien de l’incroyable live set que nous a joué Antoine 80, une légende locale. Il s'était spécialement habillé dans le thème de notre style graphique, gyros compris ! Ou Cera Khin qui, plus tard dans la soirée, a joué des morceaux bien vénères et souvent un peu kitsch.« Une fois, j’ai joué “7 Rings” d'Ariana Grande vers 6 heures du matin. »
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Le FFORMATT était un club qui nous a permis de créer des programmations d'une manière diversifiée et stimulante. Pour moi, ce lieu était une bouffée d'air frais vraiment indispensable à la vie nocturne bruxelloise. Et le public était ouvert à la diversité. Une fois, j’ai joué “7 Rings” d'Ariana Grande vers 6 heures du matin. Soumaya Phéline (avec qui j'organise le Club Détour) m'a regardé comme si j'étais devenu fou. Avec ce genre de « coups audacieux », tu risques de ne pas t’en tirer indemne, mais dans le parking souterrain du FFORMATT, tu pouvais tout faire. »
Alexandre Bouvy (27 ans), barman
« Les gens faisaient l'amour au rythme de la musique. Derrière le bar, on était en état de choc et on n’en croyait pas nos yeux : partout où on regardait, on voyait des corps nus et des gouttes de sueur tomber sur les gens. »
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Soudain, les gens se sont mis à se déshabiller devant le DJ-booth parce qu'il faisait trop chaud. Une demi-heure plus tard, il y avait une foule à moitié nue qui sautait de haut en bas et on voyait partout des couples s'embrasser. Dans les toilettes ou dans les coins sombres, les gens faisaient l'amour au rythme de la musique. Derrière le bar, on était en état de choc et on n’en croyait pas nos yeux : partout où on regardait, on voyait des corps nus et des gouttes de sueur tomber sur les gens. Personne d’autre ne s'en souciait et tout le monde faisait la teuf. Je ne suis pas prêt d’oublier cette première édition de Los Ninos de sitôt. Au FFORMATT, tu pouvais être qui tu voulais, c’était un endroit où personne ne te jugeait ; il n'y avait que de l'amour. »
Antoine Grenez (26 ans), organisateur au sein du collectif CHANOIRS
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Pour moi, ce moment a été très inspirant. Ça m'a donné le sentiment que j'avais confiance en nous et que je pouvais avoir confiance en notre collectif, et avoir conscience qu’on était très fort·es. Depuis, Lucas et moi on est inséparables et notre lien est solide. C’est ce soir-là que je me suis rendu compte que l'organisation d'une teuf dépend du choix de la musique, du DJ qui la joue et de l'orga qui l'encadre. Pour la première fois, j'ai vraiment appris à écouter en tant qu'organisateur et en tant que meilleur ami. »
Camilo Mejía Cortés, barman
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Ce n'est qu'après que j'ai compris pourquoi cette soirée allait rester à jamais gravée dans ma mémoire : sans que personne ne le sache à ce moment-là, c'était la dernière. Une semaine plus tard, les propriétaires ont annulé celles prévues pour les prochaines semaines à cause de la crise du coronavirus. J'étais en Espagne ce week-end là et je ne suis rentré que le dimanche. Un peu plus tard, la faillite de FFORMATT a été annoncée. Inconsciemment, j'avais vécu une dernière soirée très spéciale. »« Tout le monde avait perdu la tête, la musique était dingue et on aurait dit que les gens s'étaient réunis pour célébrer quelque chose : la vie, je pense. »
Giuseppe Virgone (39 ans), designer mode
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Le show s'est parfaitement déroulé, la collection a été reçue avec enthousiasme et la soirée s'est terminée beaucoup plus tard que prévu ; Louis Vogue et Lux 18 ont mis le feu avec leur DJ set.Maintenant, quand je pense à FFORMATT, ça me fait mal de savoir que je ne pourrai pas y faire mon défilé en janvier. Les organisateurs, Manu et Wilfried, ont donné un charme supplémentaire à l'endroit par la manière chaleureuse dont ils y ont accueilli leurs invité·es, mais aussi par leur professionnalisme et le soutien qu’ils ont donné aux artistes. »“Maintenant, quand je pense à FFORMATT, ça me fait mal de savoir que je ne pourrai pas y faire mon défilé en janvier.”
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