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Les îles Salomon ont interdit Facebook

C'est pour protéger les jeunes, promis. Ou pour faire taire les critiques à l'encontre du gouvernement, c'est selon.
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Le premier ministre des Îles Salomon, Manasseh Sogavare, auprès du premier ministre chinois Li Keqiang en octobre 2019. THOMAS PETER/POOL/AFP

C’est radical : au nom de la préservation de l’unité nationale, les Îles Salomon ont décidé de bannir Facebook de leur territoire lundi 23 novembre. Leur premier ministre, Manasseh Sogavare, a justifié cette décision auprès du parlement en ces termes : « Le cyber-harcèlement est répandu sur Facebook, des gens ont été calomniés par des utilisateurs dissimulés derrière de faux noms, et la réputation que certains avaient construit au fil des années [ont été détruites] en quelques minutes. » Son gouvernement promet que cette interdiction cessera après le passage de lois permettant de « réguler Internet. »

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Après la Chine, la Corée du Nord et l’Iran, les Îles Salomon vont donc devenir le quatrième pays du monde à interdire Facebook, ce qui peut sembler étonnant de la part d’un pays démocratique quoi que « très corrompu ». d’après l’ONG Transparency International. Sans surprise, les quelques 600 000 habitants de son millier d’îles ont largement dénoncé la décision de Manasseh Sogavare. Seuls 120 000 d’entre eux utiliseraient le réseau social désormais mal-aimé.

Beaucoup de Salomoniens partent trouver du travail dans les pays alentours, notamment en Australie, où les coups de téléphone à la famille laissée sur place coûtent deux dollars la minute. Facebook et ses produits – Messenger, Instagram, Whatsapp – leur permettent de rester en contact avec ces proches pour peu cher. Les solution de substitution ne manquent pas, certes, mais vous savez aussi bien que nous qu’il est difficile de lâcher une application que l’on connaît bien pour une autre. 

La semaine dernière, Manasseh Sogavare avait tenté de préparer l’opinion publique en déployant ses arguments dans les colonnes du Solomon Times : bannir Facebook permettrait de protéger les enfants des « contenus dangereux » et de lutter contre « le langage abusif à l’encontre des ministres, du premier ministre, la diffamation » en attendant de trouver un moyen de « gouverner » correctement le plus gros réseau social du monde. Les autorités solomoniennes, qui souhaitent bâtir un « pare-feu » entre Facebook et ses utilisateurs, seraient en discussion avec les fournisseurs d’accès à Internet locaux. 

Bizarrement, le gouvernement des Îles Salomon a décidé de chercher des noises à Facebook après que le réseau social a permis la diffusion de documents embarrassants sur la manière dont il a utilisé les fonds destinés à mitiger la crise du COVID. Seize cas seulement ont poussé le pays a boucler ses frontières, et cette décision a entraîné des conséquences économiques assez néfaste pour entraîner le déblocage d’un stimulus de 39 millions de dollars. Mais d’après Transparency International, de nombreuses entités ont bénéficié de ces aides sans raison valable.

Le gouvernement salomonien essaie-t-il de faire taire les critiques ? L’opposition locale l’assure mais les intéressés nient avec force. Pour le ministre de la communication Peter Shanel Agovaka, l’interdiction de Facebook ne menace pas la liberté d’expression car elle ne vise pas les journaux et aucun autre réseau social. 

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