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L'infidélité serait contagieuse selon la science

Excuse un peu pourrie mais une récente étude affirme que côtoyer des personnes infidèles pourrait vous inciter à faire de même.
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Photo d'illustration : Antonio Guillem Fernández / Alamy Stock Photo

Les chemins qui mènent à l’adultère sont légion : fin du télétravail, manque de discernement, verre de trop, conjoint chiant, relation longue distance un peu trop longue et un peu trop distante. Mais les chercheurs d’une récente étude publiée en août dans la revue Archives of Sexual Behavior ont découvert une autre raison.

Le contact avec des personnes infidèles aurait pour effet d'inciter à l’infidélité. Le raisonnement est le suivant : en découvrant la prévalence supposée de l’infidélité, une personne pourrait se sentir moins impliquée dans son couple et augmenter son désir de trouver un nouveau partenaire.

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« Nos dernières recherches, se sont concentrées sur les circonstances qui poussent certaines personnes à ne pas se servir [des stratégies pour éviter la tentation de l’adultère]. Nous suggérons qu’un environnement de pairs qui donne l’impression que l’infidélité est acceptable peut être l’une de ces circonstances. En effet, savoir que d’autres personnes ont des aventures peut vous amener à moins hésiter à en avoir une vous même », écrit Gurit Birnbaum, l’un des auteurs de l’étude. 

Birnbaum et les autres chercheurs ont mené trois études différentes sur des couples hétérosexuels monogames. Dans chacune de ces études, les participants ont été exposés au comportement infidèle d’autres personnes, après quoi, ils ont enregistré leurs réactions lorsqu’ils pensaient à une personne autre que leur partenaire ou qu’ils interagissaient avec elle. 

Ceux qui ont lu l’article sur l’infidélité en amour ont indiqué un plus grand intérêt pour un nouveau partenaire que ceux qui ont lu des articles sur la triche en milieu scolaire.

Dans la première étude, des étudiants en couple depuis au moins quatre mois ont regardé l’une des deux vidéos suivantes : une vidéo qui estimait que l’infidélité était présente dans 86 % des relations, et une autre où l’on parlait de 11 %. Les chercheurs ont ensuite demandé aux participants de décrire par écrit un fantasme sexuel. Ces fantasmes ont été évalués par des juges indépendants pour déterminer le niveau de désir envers le partenaire actuel et d’autre partenaires potentiels. 

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L’étude a montré que le fait de constater la prévalence ou non de l’infidélité dans ces vidéos n’avait aucune incidence sur le désir des participants pour leur partenaires actuel ou potentiels. Mais les études suivantes ont donné des résultats différents.

Dans la deuxième, qui portait sur des étudiants en couple depuis au moins 12 mois, les chercheurs ont exposé les participants à un acte d’infidélité ou à un autre acte de « comportement contraire à l’éthique en général », comme tricher à un examen.

Voici par exemple ce qui a été partagé avec les participants du groupe infidélité :

« J’ai rencontré un homme magnifique lors d’un entretien d’embauche. J’ai obtenu le poste et on a commencé à travailler ensemble. Au bout de quelques semaines, il m’a invitée à dîner. J’ai accepté son invitation sans hésiter. Nous nous sommes embrassés passionnément après le dîner. C’était le meilleur baiser de ma vie ! Je ne vis pas avec mon copain, donc il n’est au courant de rien. »

Tandis que les participants du groupe sur la triche académique ont lu :

« Je suis une étudiante qui travaille non-stop pour financer ses études. Alors parfois, quand j’ai un devoir à rendre, que je trouve difficile ou qui demande trop de temps, je copie sur d’autres étudiants. Quand c’est trop compliqué, il m’arrive même de payer quelqu’un pour le faire à ma place. Tout ce que je veux, c’est obtenir ce diplôme. »

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Les participants ont ensuite regardé des photos d’« inconnus séduisants du sexe opposé » et ont indiqué s’ils pouvaient envisager une relation avec ces personnes. Le nombre de personnes pour lesquelles ils répondait par la positive servait à mesurer l’intérêt pour d’autres partenaires. 

Ceux qui ont lu l’article sur l’infidélité en amour ont répondu « oui » à un plus grand nombre de photos que ceux qui ont lu des articles sur la triche en milieu scolaire, ce qui indiquait un plus grand intérêt pour un nouveau partenaire. 

Dans la troisième étude, les chercheurs ont examiné non seulement si le fait d’être exposé à l’infidélité augmentait le désir des participants pour d’autres partenaires, mais aussi s’ils tenteraient de rencontrer ces personnes à l’avenir.

Pour ce faire, des étudiants en couple depuis au moins quatre mois ont pris connaissance des résultats d’une de deux enquêtes. L’une estimait que la prévalence de l’infidélité romantique était de 85 %, tandis que l’autre estimait à 85 % la prévalence de la tricherie scolaire. 

Les participants ont ensuite utilisé une plateforme de messagerie instantanée pour interagir avec un assistant de recherche dont la photo représentait un membre « attirant » du sexe opposé. Les assistants de recherche ont posé des questions sur les passe-temps et les intérêts des participants et, à la fin de l’entretien, leur ont dit : « Vous avez vraiment éveillé ma curiosité ! J’espère vous revoir, et cette fois en face à face. »

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Les participants ont ensuite été invités à répondre à ce message ainsi qu’à évaluer la désirabilité sexuelle de leur interlocuteur et leur engagement dans leur relation actuelle. Des juges indépendants ont évalué les réponses des participants en fonction des efforts que ces derniers étaient prêts à fournir pour rencontrer leur interlocuteur en personne. 

« Après avoir été exposés à l’infidélité des autres, les participants se sont montrés moins engagés dans leur relation et plus désireux de trouver d’autres partenaires » - Gurit Birnbaum, auteur de l’étude.

Les résultats ont montré que les participants qui avaient été exposés à l’enquête sur l’infidélité romantique et qui trouvaient leur intervieweur attirant étaient plus susceptibles de leur envoyer des messages exprimant le désir de se revoir. Les participants exposés à l’infidélité romantique ont également indiqué qu’ils étaient moins impliqués dans leur couple que ceux qui ont été exposés à la tricherie académique. En outres, les chercheurs ont constaté que les hommes étaient moins engagés dans leur relation actuelle que les femmes, qu’ils aient été exposés à l’infidélité romantique ou à la tricherie académique. 

Selon les chercheurs, ces résultats indiquent que le fait d’être exposé à l’infidélité rend les gens moins enclins à s’engager dans leur relation actuelle et les incite à rechercher d’autres partenaires. 

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« Après avoir été exposés à l’infidélité des autres, les participants se sont montrés moins engagés dans leur relation et plus désireux de trouver d’autres partenaires. Ces résultats suggèrent que les environnements qui favorisent l'infidélité diminuent la motivation à protéger le lien avec le partenaire actuel, ce qui peut ouvrir la voie au désir de trouver d’autres partenaires. De tels environnements sont de nature à rendre les gens plus vulnérables à l’infidélité, voire même à les “infecter” », écrit Birnbaum.

Bien sûr, le fait de dire que l’on est attiré par une autre personne ou montrer des signes de désir de rencontrer quelqu’un, ce n’est pas la même chose que de passer à l’acte. Mais les chercheurs écrivent que les environnements dans lesquels l’infidélité est courante peuvent justifier « le renoncement aux priorités à long terme du maintien de la relation en faveur de la poursuite d’alternatives alléchantes ». 

Les auteurs auraient émis l’hypothèse que « le fait d'être exposé à l’adultère comme norme peut, par exemple, rendre les objectifs à long terme moins importants et ainsi réduire les sentiments de culpabilité ou atténuer la réticence à l’infidélité en diminuant la motivation à protéger la relation actuelle. » Les chercheurs ont toutefois ajouté que d’autres études sont nécessaires pour préciser de quelle manière le fait de connaître ou d’être entouré de personnes infidèles influe sur l’envie de faire de même.

« Les environnements dans lesquels l’infidélité est répandue ne transforment pas nécessairement les gens en trompeurs. Cependant, si une personne est déjà sensible à l’infidélité ou si l’occasion de tromper se présentent, ces environnements peuvent donner le petit coup de pouce nécessaire pour régler le conflit entre le respect des valeurs morales et le fait de succomber aux tentations à court terme en favorisant l’infidélité », écrit Birnbaum.

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