Plongée dans la « Diagonale du vide »
Toutes les images sont de Mathieu Mouillet

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Plongée dans la « Diagonale du vide »

En vélo ou à pied, Mathieu Mouillet a parcouru pendant 18 mois les zones les moins peuplées de France, histoire de montrer qu'il n'y a pas « que des usines fermées et des électeurs du FN ». Retour en images.

Pour la plupart d’entre nous la « diagonale du vide » évoque au mieux de lointains souvenirs de cours d'histoire-géo de 3ème. Mais pour Mathieu Mouillet, c’est un appel à l’aventure – la vraie – une plongée dans les régions les moins peuplées de France, qui courent de la Meuse aux Pyrénées.

« J’avais passé une dizaine d’années à Paris, mais je ne m’y retrouvais plus trop, le rythme ne me convenait plus », rembobine Mouillet, 42 ans et ancien consultant dans la com’. « Comme j’avais envie de quitter Paris, mais que quitter un endroit n’est pas un projet, je me suis lancé dans ce voyage qui me trottait dans la tête. » En mai 2015, Mouillet s’est donc lancé à l’assaut de la diagonale, à pieds puis en vélo suite à une blessure, pendant près de 18 mois avec un budget de 10 euros par jour.

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De ce périple est né un livre agrémenté de photos de ses découvertes et rencontres pour montrer qu’il « ne s’y passe pas rien et qu’il n’y a pas que des usines qui ferment et des gens qui votent FN. » Pour débriefer cette expédition, on a passé un coup de fil à Mouillet qui revient sur son voyage en quelques photos.

Mathieu Mouillet : « Nous sommes dans l’Aube, sur une ancienne voie romaine, qui sont connues pour tirer tout droit à travers la campagne. Dans ce coin là, il n’y a vraiment pas grand chose pour le coup. Le seul truc dont je me souviens c'est qu'une biche a croisé ma route sans même me prêter attention. Cette route, c'est un peu comme si la diagonale du vide se matérialisait. »

« Alors là, nous sommes dans le Gers avec Matteo que j'avais rencontré chez un guide de montagne dans les Hautes-Pyrénées et qui m'avait proposé de découvrir le Gers avec lui. Sur place, on ne pouvait donc pas rater le producteur d’Armagnac du coin, Gilles (sur la photo). Cette image me permet d'évoquer l’art de vivre gersois qui n’est vraiment pas une légende. Ce sont de gros mangeurs, de gros buveurs et ils adorent faire la fête. Ils sont inépuisables. C’est quand même la seule fois de ma vie où j’ai vomi d’avoir trop mangé. »

« C'est dans l’Allier que je suis tombé sur ce gros temple bouddhiste, qui a été érigé par la communauté vietnamienne du coin. Dans les années 1950, c’était un village minier, puis les mines ont fermées, les mineurs sont donc partis et beaucoup d'habitations ont été abandonnées. Puis ces maisons ont été attribuées aux Français et conjointes de Français revenant d’Indochine. Du coup, dans le village, on peut encore trouver des vieilles femmes avec des chapeaux coniques sur la tête habillées en viet. »

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« Nous sommes ici au lac de Vassivière entre la Creuse et la Corrèze, posé au milieu du parc naturel de Millevaches. Sur l’île au milieu du lac, il y a un centre d’art contemporain et un artiste russe – ancien militaire et marin – a installé ce sous-marin que l’on ne s’attend pas à trouver dans un lac. »

« Il s'agit d'une fête de village dans l’Yonne, où se tenait un repas de chasse. Cela ressemblait un peu à un banquet d’Astérix et Obélix. Il y avait des tonneaux, des porcelets qui grillaient, des gamins… Puis un cinquième de l’assistance était étrangère – des Hollandais, des Allemands, des Luxembourgeois – qui étaient venus s'installer dans cette fameuse diagonale du vide. »

« On se croirait au Far West, mais on est dans le nord de la Lozère. C’était dans ce coin que la bête du Gévaudan sévissait. La Lozère est le département le moins peuplé de France du coup ils ont la place d’avoir des chevaux comme ça. »

« Nous voilà dans le Cantal, où un Belge avait décidé de s'installer pour ouvrir un resto et produire du safran. Le type était très marrant et m'expliquait qu'il changeait tous les trois ans d’endroits, parce que la fleur de crocus a besoin d’une terre très fertile. Avant le Cantal, il était à Bora-Bora. Du coup, il faisait un peu le tour du monde grâce au safran. »

« Dans la Meuse au Vent des Forêts, des oeuvres d’arts d’artistes du monde entier sont installées. C’est comme un musée à ciel ouvert. Les artistes sont accueillis par la population et s’inspirent de ce coin de la Meuse pour réaliser leurs oeuvres. On croise donc des gens qui s’y connaissent vraiment en art contemporain. »

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« Ce sont les crêtes d’Iparla sur le GR 10 qui traverse les Pyrénées de l’Atlantique à la Méditerranée. D’un côté il y a la France et de l’autre l’Espagne. C’était un peu la séquence aventure du voyage. J’avais décidé de passer l’hiver dans les Pyrénées. On m’avait copieusement conseillé de ne pas le faire à base de “Vous allez vous perdre… Des gens meurent chaque année“. Mais j’étais bien préparé, puis il a très peu neigé cet hiver. »

« On est dans le Pays basque pas très loin de la frontière. C’était une ferme auberge où j’ai mangé et dormi. Les mecs fumaient les saucisses directement au plafond. Ils avaient fait un gros feu dans la cheminée et vu qu’il y avait du vent, elle refoulait de la fumée. Donc le proprio était content parce que ça fumait les saucisses. »

« On se retrouve ici devant le Morvan contemplé depuis la butte de Vézelay. On m’avait recommandé de monter, parce que les levers de soleil sont paraît-il mythiques. C’est vrai que la brume du matin mise en lumière par le soleil levant, cela donne des paysages assez féériques. Apparemment c’est encore mieux quand il y a encore plus de brume, cela donne un truc complètement mystique, perdu dans une mer de nuages. »