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Hey les vegans, vous aussi vous contribuez à la resistance aux antibiotiques

Les fruits et les légumes sont eux aussi inondés d'antibiotiques.

Il y a tout un tas de raisons qui poussent des gens à ne pas consommer de produits animaliers. Parmi elles, il y a notamment le fait que nous gavions le bétail d'antibiotiques, contribuant ainsi à développer la résistance des bactéries aux antibiotiques.

Mais ce que certains vegans ne réalisent pas, c'est que le simple fait de ne pas consommer de produits d'origine animale ne les absout pas de toute responsabilité dans l'apparition de superbactéries résistantes aux antibiotiques. Car la vérité, c'est que nous avons aussi une fâcheuse tendance à asperger nos fruits et nos légumes d'antibiotiques (quoique dans des proportions moindres que la viande). Autrement dit, à moins que vous ne mangiez exclusivement bio, votre alimentation contribue à un problème très sérieux, susceptible de nous renvoyer tout droit aux âges sombres de la médecine, à l'époque où la moindre égratignure était potentiellement mortelle.

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Je ne dis pas ça pour culpabiliser les vegans, mais simplement pour rappeler certaines évidences. Nous faisons tous partie du problème, et nous sommes tous concernés. Même si vous vous en tenez à un régime strictement vegan et bio, et que vous ne prenez jamais d'antibiotiques (sauf en cas de nécessité absolue), vous n'êtes pas pour autant protégé comme par magie contre les superbactéries. Vous pouvez tout faire parfaitement bien, et pourtant la résistance aux antibiotiques passera par vous. Bien sûr que nous devons faire attention à ce que nous mangeons, mais il y a plus à faire.

"C'est nécessaire pour que les choses changent."

Les choses devraient avancer la semaine prochaine, quand l'assemblée générale des Nations Unies va se pencher sur le problème. C'est la toute première fois que l'organisation internationale se réunit spécifiquement pour discuter de la question de la résistance aux antibiotiques. Même si l'OMS se consacre en permanence aux questions de santé publique, l'assemblée générale se réunit rarement pour évoquer un problème d'ordre médical - récemment, Ebola et le Sida ont constitué deux exceptions notables - ce qui témoigne du danger que représente la résistance aux antibiotiques. L'ONU accouchera sans doute d'une résolution destinée à lutter contre ce problème et à encourager les États membres à prendre des mesures sérieuses, mais cela ne suffira pas.

"La réponse ne peut pas venir uniquement d'en haut, mais elle ne peut pas non plus venir uniquement d'en bas, explique le Dr. Keiji Fukuda, directeur général en charge des questions liées à la résistance aux antibiotiques à l'OMS. Pour moi, la seule solution, c'est que tout le monde prenne conscience que nous avons un problème, à tous les niveaux. Il faut que tout le monde s'engage, sérieusement."

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J'ai discuté avec Fukuda à l'issue d'une table ronde sur la résistance aux antibiotiques à Manhattan mercredi soir. Il compare cette question à celle du tabagisme il y a quelques années.

"Vous pouvez donner des recommandations, des avertissements, faire des campagnes de prévention… Mais si les gens s'en fichent, ils continueront à fumer, m'a expliqué Fukuda. Pourtant, les choses ont énormément évolué en peu de temps. Les gens ne fument plus à l'intérieur. Partout dans le monde, les bars interdisent aux gens de fumer. Et ça n'est pas venu d'en haut. C'est un changement culturel."

Les gouvernements ont un rôle à jouer, et la plupart d'entre eux ne sont pour l'instant pas à la hauteur de l'enjeu. Il suffirait d'introduire quelques régulations pour réduire la quantité d'antibiotiques utilisés dans l'agriculture, mais aussi pour inciter les médecins à en prescrire moins à leurs patients. Mais si l'opinion publique ne réclame pas ces mesures, les gouvernants ne peuvent pas faire grand-chose.

La bonne nouvelle, c'est que les choses commencent déjà à évoluer. De grandes chaînes alimentaires telles que McDonald's, Subway ou Perdue n'utilisent désormais plus que de la viande sans antibiotiques dans leurs restaurants, sur demande du public. Comme pour le tabagisme, il faut que tout le monde prenne conscience que le problème est bien réel et menace directement notre santé.

"Ce sera difficile. Cela va prendre du temps, dit Fukuda. Mais c'est la première fois que cette discussion a lieu à une telle échelle. C'est nécessaire pour que les choses changent."