Photos de Bruxelles vide en confinement
Culture

Quelques photos de Bruxelles, devenue ville fantôme

Les rues vides de Bruxelles sont plus flippantes que celles de Paris.
Romain Vennekens
Brussels, BE
Romain Vennekens
Brussels, BE

Ce week-end, il a fait beau, mais ce week-end on n’est pas sorti·es. On n’a pas vu les potes pour s’enfiler quelques bières, on n’a pas pique-niqué au parc, on n’a pas rejoint la côte à six serré·es dans une caisse.

À travers la fenêtre, le soleil nous chauffe le visage. C’est qu’en plus, il est bien là le printemps, on la sent cette sève qui monte et c’est pas l’envie qui manque d’aller prendre l’air. Mais ce qui était jadis banal et anodin est devenu incertain, interdit même. Dans nos têtes, c’est le flou total. Quand on voit les rues désertes, on a l’impression d’être dans un film, genre fin du monde, bien hollywoodien, de ces productions qui te vident une rue entière en payant ce qu’il faut. Sauf que là ça doit être un sacré magnat qui manigance tout ça, parce que pour arriver à faire vider une ville, un pays même, faut quand même un bon paquet de fric.

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Dans la rue, un type crie « mort aux hamburgers et aux capitalistes », il doit avoir tout compris. Bon, le gars ne semble pas être à sa première Cara mais quand même, il y a quelque chose de prophétique dans sa voix. On aurait bien envie de le croire s’il nous disait qu’il avait anticipé ces nouvelles scènes du quotidien ; qu’au petit magasin du coin, on ferait la file dehors et qu’on découvrirait des marquages rouges au sol et nos caissier·es barricadé·es derrière des plaques en plexiglas mal découpé. Qu’avec leur SMIC, iels continueraient de bosser tous les jours afin d’assurer que tout ne s’écroule pas, que les choses ne s'enveniment pas plus.

Et dire que tout ça, c‘est la faute à un truc minuscule, invisible même. Franchement, ça donne le vertige et ça nous remet bien à notre place. Faut croire que ça éveille les sens aussi ou alors on est déjà en train de devenir taré·e, parce qu’on se met à entendre des bruits nouveaux et puis ça sent les fleurs et le joint. Ça vient du balcon d’à côté et on est presque surpris·e de découvrir qu’on a des voisin·es. Le gars confie qu’il est au chômage technique et que, clairement, pour lui ça craint : il ne sait pas comment il va payer le loyer. Faudrait pas que ça dure trop longtemps tout ça.

Vraiment, y a quelque chose dans l’atmosphère qu’on n’avait pas connu avant, une sorte de calme d’avant ou d’après la tempête. Et puis bien sûr, c’est pas pareil pour celleux qui, au coeur de l’ouragan, n’ont pas de toit. C’est pas pareil non plus pour celleux qui ne sont pas à la maison car occupé·es à tenter de sauver des vies ; celleux qu’on honore chaque soir, à 20h, dans un rituel bruyant et fédérateur. Ce dernier point a quand même quelque chose de beau et de rassurant et donne même envie de croire, un peu bêtement, à un monde meilleur.

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Ce week-end, il a fait beau, mais on n’est pas sorti·es et c’est très bien comme ça.

1584970929118-08

Place de la Monnaie.

1584970944141-09

Place de Brouckère.

1584970955749-10

La Grand-Place.

1584970972121-05

Le Mont des Arts.

1584971007372-06

Le hall de la Gare de Bruxelles-Central.

1584970981633-02

Le skatepark des Ursulines.

1584970993427-04

La Place Royale.

1584971076443-07

La Tour des Finances.

1584971057946-11

La Place de la Bourse.

1584971101225-01

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