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Music

Shakira met la honte à tout le monde depuis 20 ans

Pourquoi toutes ses chansons sont niquées ?

Si l'on devait établir un classement des pop stars évoluant semi-nues dans des clips uniquement pour danser dans de l’eau boueuse, Shakira ne finirait même pas première. Elle serait comme d’habitude troisième, derrière Beyoncé et Rihanna.

Au premier abord, Shakira a pourtant l’air plutôt cool. L’interprète colombienne de « Hips Don't Lie » –

qui est aussi férue de psychanalyse

– demeure encore à l’heure post-moderne, la quintessence de la meuf bien dans ses Skechers (elle avait 18 ans en 1995), cette voisine sexy à l'accent chantant, la copine Erasmus qui ne comprend rien aux blagues de ses potes mais qui sourit quand même. Elle présente bien, et c’est typiquement le genre de fille naïve à manger des brochettes en s'en fichant partout. Mais son gros problème dans sa vie, c’est qu’elle a deux problèmes.

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Le premier, c’est sa voix. La chanteuse loge en effet au plus profond de sa gorge une chambre d'écho sans fond aux accents nasaux, qui transforme toutes ces chansons en chorales de jeunes garçons à la mue instable. Ça ressemble à quand on se pince le nez en rentrant son menton : c’est naze. Restons pourtant magnanime, elle sait s'en servir, et toute fille qui a déjà couché avec un garçon faiblement équipé sait que ce n'est pas la taille qui compte, c’est la façon dont il utilise – blah, blah, blah.

Le deuxième problème de Shakira, ce sont ses choix. Des décisions qui doivent donner envie à son manager de s'enfiler des cure-dents par tous les points lacrymaux inférieurs. Cette fille arrive systématiquement en retard de cinq ans sur n'importe quelle tendance musicale. Des choix qui sont tellement TEUBÉ qu'il est fort à parier que si elle était de nationalité française, elle se retrouverait dans

une série télé

avec Magalie Vaé.

On pourrait commencer à commenter sa carrière à partir de sa période colombienne, à l'époque où la jeune femme aux hanches épileptiques était encore jeune, plate et brune. Pour les besoins de cet article, je me suis donc penchée sur des titres aussi forts que :

1. « Magia » (MERCI POUR LE MONOSOURCIL, MEUF). 2. « Peligro », sorti en 1993, gros char d'assaut synthétique déjà en retard de quatre ans sur la hip-house de masse.

3. « Estoy Aqui », morceau qui l'a rendue célèbre en Amérique du Sud dès 1996. Celui-ci est, étonnamment, plutôt dans l’esprit de l’époque. Le boys-band français Alliage aurait pu la chanter easy au même moment – et j'aurai bien plus apprécié : la vidéo manque très sincèrement de garçons à chemise ouverte.

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Le truc, c’est qu’outre montrer son plaidoyer permanent pour plus de langue espagnole dans les échanges internationaux, ces trois premiers hits préfigurent à peine le cataclysme à venir. Shakira affirme en réalité sa puissance latine à partir de la décennie d’après, celle d’Internet et du 11-septembre. À partir de l’année 2002 – année officielle où les années 1990 arrivent à leur terme – Shakira n’aura de cesse de régner sur la pop internationale, mais pas sans partage, plutôt en partageant toujours tout, à être sympa, et à affirmer sa position de seule pop-star que je respecte aujourd’hui.

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Whenever Wherever

» (2002)

Le public international la découvre cette année-là, à travers ce clip même pas envisageable pour l’époque, quelques temps après l’émulsion latine déclenchée par le cul de Jennifer Lopez. Ce clip est de loin mon préféré. Derrière elle, juste après qu'elle soit sortie trempée de l'océan en sautant, on peut admirer des chevaux galopant dans les dunes et plein d'autres conneries réalisées via le système d’exploitation Windows 1995. Shakira avec la ceinture de Xena. Shakira en haut d'une montagne, à moitié nue. Shakira entourée de geysers de sables. Shakira prenant conscience de sa puissance significative en tant que Shakira. Le morceau, aussi, fait bien son boulot de commentaire en chanson du clip, mais même avec le recul, on passera sur le refrain – le « han-ouh-han » évoque avec précision les spots publicitaires foireux pour gels douche à la fleur de coco.

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Hips Don't Lie

» (2006)

En 2006, Shakira décide de travailler avec Wyclef Jean. Le mec des Fugees. Le mec qui se fringuait comme Johnny Depp avant que Johnny Depp ne se sape comme lui-même et qu’en conséquence plus personne ne voulait fréquenter depuis son featuring avec Santana sur « Maria, Maria », en 2000. Personne. Même Haïti n'en veut pas pour reconstruire le pays. Dans les années 00, taffer avec Wyclef Jean n'avait déjà aucun sens. Le truc génial se cache donc ailleurs ; il vit quelque part dans la danse des seins opérée par Shakira à plusieurs reprises dans la vidéo, geste politique que vous pourrez me voir interpréter tous les vendredis et samedis, entre deux et trois heures du matin, dans n'importe quel rade situé métro Château Rouge.

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Beautiful Liar

» (2007)

Toutes mes lope-sa amatrices de tacos au micro-ondes vous le diront : impossible de cracher sur ce morceau. C'est le meilleur de Shakira, de loin, et pour cause, puisqu’elle n'intervient dessus qu'en featuring. On remarquera simplement la présence d'eau poisseuse, preuve qu'on est ici à l’intérieur d’un tube, et de son cul, aussi rond et parfait qu'un fan de Début de Soirée.

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She Wolf

» (2009)

Trop bien ? Oui. Enfin, non. Le morceau pourrait être bon. Il l'est d'ailleurs, dans une certaine mesure. À ce point qu’il a une

entrée Wikipédia

rien que pour lui. Mais merde, ces images-là, ce décor, ça me met vraiment mal à l'aise. Le clip a l’air d’avoir été tourné dans une muqueuse. OK, l’idée est bien. Mais sérieux, ce faux cri du loup là, ça sort d’où ? Et ces entrechats, C'EST QUOI ? PEUT-ON M'EXPLIQUER, CHARGÉS DE L’A&R DE LA MAISON DE DISQUES EPIC ?

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Waka Waka

» (2010)

Shakira a interprété ce titre pour la première fois à l'occasion de la Coupe du Monde 2010 en Afrique du Sud. Et c’est un véritable herpès cérébral, comme tout tube de l'été qui se respecte. Une horreur. Pas moyen de passer à côté de ce morceau pendant toute une saison, titre qui n'avait pourtant AUCUN INTERÊT, à part celui d'être super à la bourre sur le côté « corpus ethnique, on voyage en musique » qu’«

Alane

» de Wes immortalisait parfaitement 13 ans avant. (Vous aurez remarqué au passage, depuis 5 snapshots, que Shakira adore faire les ailes avec ses coudes, et se tripoter le haut du buste, car tout est lié)

«

Rabiosa

» (2011)

J'avais oublié ce morceau. Heureusement que des copains, lesquels ont bavé sur la séquence pole dance à l’époque, me l'ont rappelé. Cet oubli involontaire tient peut-être au fait que Shakira, avec sa coupe brune de danseuse du Lido, a encore fait n'importe quoi. Le clip « fête interdite et ascenseur grillagé » (

so Christina Aguilera

), la baignoire pleine de ballons (

so P!nk

) et surtout, surtout, le featuring. Le mec s'appelle El Cata. Rien qu’à réécouter ce truc, elle m'a rappelé cette fois où un pilier de comptoir sexagénaire m'avait tenu la jambe entre 22h et 3h du matin en me susurrant des trucs sexy avec l'accent latin à l'oreille. Ce n’était pas désagréable, d’ailleurs. Merde, je me sens toute sale maintenant.

Parenthèse insupportable.

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Shakira a repris Francis Cabrel. Francis Cabrel. Même en France, personne ne reprend Francis Cabrel. On le laisse là où il est, on le touche même pas avec un bâton, et on n'avoue à personne, même sur l’oreiller, qu'on connait les paroles de « La Corrida », à cause de Madame Dalaine, prof de musique de collège qui nourrissait secrètement le projet de monter une chorale avec nous, adolescents français.

«

Can't Remember To Forget You

» (2014)

Attachant, ce duo pourri avec Rihanna. Mais c’est aussi sans doute ce qui est arrivé de plus triste à la pop pompière de 2014, ça et l'album de Lady Gaga en entier. Copier/coller visuel du seul bon morceau qu'elle ait jamais fait – à savoir « Beautiful Liar », voir plus haut – « Can't Remember To Forget You » vient de donner à toute une génération qui a survécu au 21 décembre 2012 et au Gayet-Gate l’envie de prendre plein de cachets et de se laisser mourir sur une terrasse du Haut Marais. Body noir et homosexualité suggérée sans être assumée, les deux mégastars ne concluent jamais. Une vidéo ennuyeuse à l'image du morceau, mélange de reggae plouc et de pop-rock de type teen movies (ceux avec Freddie Prinze Jr. dedans). Personnellement, j’ai ressenti la même chose en tombant sur ça qu’en lisant les nombreux « RIP Philip Seymour Hoffman » sur Facebook.

Le truc, c’est qu’il faut toujours laisser les portes ouvertes à Shakira. Ses morceaux «

La Tortura

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», tout comme «

Objection

» sont méga bien. Quelque soit ses tenues, la qualité de leur tissu ou l’extravagance de leurs couleurs, ce truc qu’elle a quand elle bouge ses hanches me donne chaud à moi aussi.

Si l’on suit bien son processus de création, la Colombienne se lancera d’ici deux ans dans un mouvement ironique (amorcé il y a plus de dix ans à Williamsburg), dont on reconnaîtra la puissance avant-gardiste aux alentours de 2030. J'invente rien : c'est ce que Kanye West a affirmé au monde quand il a voulu nous faire croire que le clip de « Bound 2 » n'était pas la plus grosse merde jamais tournée. Enculé.

Marine est la chef de RETARD Magazine, mais est en avance sur les tendances. Elle est évidemment sur Twitter - @RETARDMAGAZINE