Santé

Pourquoi ai-je tout le temps besoin de me racler la gorge ?

On appelle ça l'écoulement post-nasal, et des experts nous expliquent comment le garder sous contrôle.
écoulement post-nasal
Getty Images

Pensez à ce que vous ressentez lorsque vous avez besoin de vous éclaircir la voix, lorsqu'il y a cette petite flaque de mucus qui s’amasse dans l’arrière du nez et qui attend d'être avalée. Ce mucus est connu sous le nom d’écoulement post-nasal et, pour moi, c'est plus qu'un phénomène occasionnel. Je pense m’être raclé la gorge au moins trois fois en écrivant cette phrase. Alors, que m'arrive-t-il ? Cela vous arrive-t-il aussi ? Et comment faire pour s’en débarrasser ?

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D’où vient l’écoulement post-nasal ?

Bien que je considère souvent l’écoulement post-nasal comme un inconvénient, c'est une substance protectrice importante. Il est produit par la muqueuse nasale, explique David M. Poetker, professeur au département de rhinologie et de chirurgie des sinus au Medical College of Wisconsin.

« On pense souvent que le nez ne sert qu’à sentir, mais l'odorat est en fait assez peu important, explique Poetker. C'est une zone de transit pour les poumons, qui aide à réchauffer et à humidifier l'air que nous respirons. » L'air que nous inhalons a généralement une humidité relative d'environ 50 à 60 %, mais lorsque cet air atteint l'arrière de votre nez, il est plus proche de 90 %, c’est-à-dire de votre température corporelle, poursuit Poetker. Cela permet d’optimiser le renouvellement de l'air dans les poumons.

« Je donne toujours cet exemple à mes patients : lorsque vous sortez un matin froid de janvier et que vous prenez une grande respiration par la bouche, cela vous fait mal aux poumons et vous fait même tousser, dit-il, alors que lorsque vous prenez une respiration plus lente et profonde par le nez, l'air se réchauffe et s'humidifie, et cela ne fait pas mal. »

« Les maux de gorge et les douleurs dans les oreilles peuvent également être des symptômes secondaires d'un écoulement post-nasal excessif »

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Le mucus nasal capture également la poussière, le pollen et la pollution, explique Poetker. Ces hôtes indésirables se collent au mucus et s'écoulent dans la gorge au lieu d'aller dans les poumons, où ils pourraient causer une irritation. Vos muqueuses possèdent non seulement des glandes qui produisent du mucus, mais aussi de petites fibres capillaires que l’on appelle des cils et qui jouent un rôle important dans ce processus naturel de nettoyage connu sous le nom de « clairance mucociliaire ».

Le nez produit en moyenne entre 50 et 90 grammes de mucus par jour, mais selon Poetker, vous pouvez en produire jusqu'à 400 grammes si vos muqueuses nasales sont surchargées.

Pourquoi produit-on parfois trop de mucus ?

Si vous êtes allergique à quelque chose et que cela reste coincé dans votre nez, cela va créer une irritation, explique Mas Takashima, directeur du centre des sinus au Baylor College of Medicine. Ou, si vous vivez dans une région très polluée, les polluants peuvent rester coincés dans votre nez et causer des problèmes similaires. Le corps se dit : « Hé, quelque chose m'irrite le nez, je dois le faire sortir, dit-il. Ensuite, le corps commence à produire beaucoup de mucus pour essayer de nettoyer le nez. » Les infections des sinus et les rhumes peuvent également déclencher un excès de mucus.

Mais quand est-ce trop ? « J'ai l'habitude de dire aux patients que s'ils le ressentent, c'est déjà trop, explique Poetker. Soit c'est trop, soit c'est plus visqueux que ça ne devrait l'être. » Un écoulement post-nasal perceptible peut être gênant, et les recherches montrent qu’il peut être associé à une toux chronique. « Lorsque vous êtes allongé ou que vous dormez et que vous avez un écoulement post-nasal abondant, le mucus peut se glisser dans votre trachée et dans vos poumons, explique Takashima. Cela peut irriter les tissus de vos poumons et vous faire tousser. »

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Les maux de gorge et les douleurs dans les oreilles peuvent également être des symptômes secondaires d'un écoulement post-nasal excessif. « L'irritation constante causée par un écoulement post-nasal dans la gorge peut provoquer un mal de gorge assez important chez certains patients », poursuit Takashima. Les mêmes nerfs qui vous font mal à la gorge peuvent également vous faire mal aux oreilles. Les patients pensent donc parfois qu'ils ont une otite, mais Takashima constate souvent que le vrai problème est un excès de mucus dans la gorge.

L'enrouement peut également être causé par un écoulement post-nasal excessif, selon Poetker. Cela peut être un problème pour les personnes qui parlent beaucoup dans le cadre de leur travail, comme les enseignants, les médecins et les avocats.

Comment réduire l’écoulement post-nasal

Si l’écoulement post-nasal vous dérange, votre médecin peut vous aider à en identifier la cause et à trouver un traitement pour le ralentir (il ne faut pas l'arrêter complètement en raison de ses importantes fonctions protectrices, précise Poetker).

Les allergies sont la première hypothèse à envisager : un écoulement post-nasal excessif est un symptôme typique de la rhinite allergique, comme le montrent les études. Connue sous le nom de rhume des foins, la rhinite allergique touche, selon l’Inserm, environ 25 % de la population française. Si vous avez tendance à présenter d'autres symptômes d'allergie et que cela semble être une cause probable de votre rhinite, votre médecin peut vous recommander un spray nasal à base de stéroïdes, comme le propionate de fluticasone, ou un antihistaminique, ou une combinaison des deux, explique Poetker. Ces médicaments font la différence, mais les effets positifs ne sont perceptibles qu'après des semaines, voire des mois d'utilisation.

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« L'autre chose que nous voyons de temps en temps, c'est le cerveau qui, malheureusement, dit au nez de produire plus de mucus qu'il ne devrait : c'est ce qu'on appelle la rhinite vasomotrice » – Mas Takashima, directeur du centre des sinus au Baylor College of Medicine

Le reflux acide peut également être un problème pour les personnes souffrant de troubles sinusaux chroniques et d’écoulement post-nasal, selon Poetker. « L'éclaircissement constant de la gorge peut être un symptôme de reflux qui peut indiquer la présence de mucus sur les cordes vocales ou même un gonflement des cordes vocales, avec une sensation fréquente de mucus dans la gorge », dit-il. Dans ce cas, les traitements contre le reflux peuvent valoir la peine d'être tentés.

Pour certains, c'est la pollution qui contribue à l’écoulement post-nasal, rappelle Takashima. « Les allergies sont bien sûr le problème le plus évoqué, mais si vous vivez dans une région très polluée, il y a beaucoup d'irritants dans l'air qui peuvent enflammer la muqueuse nasale. »

Si vous souffrez d'allergies, prenez une douche avant de vous coucher, surtout lorsque les niveaux de pollution et d'ozone dans l'air sont élevés, recommande Takashima. « Je connais beaucoup de gens qui préfèrent se doucher le matin, mais pour les personnes qui souffrent de ce genre de maladie, il vaut mieux prendre une douche juste avant de se coucher, dit-il, car sinon, le pollen, qui est collant, va se transférer de vos cheveux et de votre peau aux draps et à l'oreiller, et vous allez vous retrouver dans un lit plein de choses potentiellement irritantes. »

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Takashima recommande également à certains patients de se laver quotidiennement le nez avec une solution saline. On trouve des flacons en plastique avec un bec spécial dans les pharmacies : il suffit de les remplir d'une solution de sel et d'eau distillée et de la vaporiser dans le nez une fois par jour.

Plus rarement, les problèmes de nez peuvent être causés par une mauvaise communication entre le cerveau et le nez. « L'autre chose que nous voyons de temps en temps, c'est le cerveau qui, malheureusement, dit au nez de produire plus de mucus qu'il ne devrait : c'est ce qu'on appelle la rhinite vasomotrice, explique Takashima. Nous ne savons ce qui cause ce phénomène, mais chez certaines personnes, il se produit après des activités particulières comme l'exercice et l'alimentation, ou en présence d'air froid. Le traitement dans ce cas est complètement différent du traitement des allergies. »

Si votre médecin soupçonne que vous souffrez de rhinite vasomotrice, il vous demandera peut-être d'essayer un spray nasal spécial qui bloque la communication nerveuse défectueuse entre votre cerveau et votre nez, explique Takashima. Certains médecins peuvent également proposer une nouvelle procédure qui utilise de l'azote liquide pour étourdir les nerfs à l'intérieur du nez et les « réactiver » afin qu'ils produisent moins de mucus. Une autre procédure utilise la chaleur pour faire rétracter certaines muqueuses.

De mon côté, je soupçonne que mon écoulement post-nasal est causé par une bonne vieille allergie ; j'en parlerai lors de mon prochain rendez-vous chez le médecin. En attendant, je vais essayer mon spray salin.

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