Comme 98% des Franciliens qui ont eu la chance de partir en vacances cet été, j’ai passé quelques jours à Marseille. Contrairement à eux, globalement descendus pour bouffer les kefteji de Chez Yassine, se baigner aux Goudes et faire grimper le prix de l’immobilier, j’avais une bonne raison qui s’appelle le taf et qui consistait à couvrir avec deux collègues la 23e édition de Marsatac.
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Le festival qui, depuis sa création, mélange électro et musique urbaine (mot utilisé par les spectateurs de Ruquier pour désigner le rap) est un des rares à avoir tenu à exister en 2021 malgré les contraintes drastiques énoncées par le gouvernement ; pass sanitaire exigé à l’entrée, jauge de 5 000 spectateurs maximum et obligation d’écouter les artistes issus du tremplin Crédit Mutuel.Dans les faits, ça donne une édition qui n’avait de « capsule » que le nom. Deux scènes – une pour accueillir les têtes d’affiche, une autre pour ceux qui voulaient se purger de la frustration emmagasinée pendant les mois de confinements – et trois jours de bringue savamment organisés (oui ma gâtée). Voilà à quoi tout ça ressemblait.
VENDREDI 20 AOÛT
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Pour compenser ce petit coup de moins bien, j’alterne avec la scène « de la prairie » où Louise Chen et Betty Bensimon enchaînent les tubes devant une foule de plus en plus compacte. « Le set est sharp », assure un voisin à la mâchoire serrée et je ne sais pas trop quoi lui répondre à part un sourire niais. On continue de martyriser le gazon tous les deux jusqu’à ce que le soleil ait fini de plonger son disque rouge dans la Méditerranée. Sébastien Tellier, en bon based god du rosé piscine, décide qu’il est temps de lancer son orgie de claviers et de nappes mélancoliques. C’est la première fois que j’écoute sa musique dans ce que j’imagine être les conditions météorologiques et géographiques de sa conception (le Sud). Ça ajoute clairement un truc mais je ne saurais pas dire quoi. Il aurait fallu se mouiller la nuque avant que Louisahhh vienne clore cette première journée avec un live band carré et une ambiance sous-sol berlinois. C’est froid et c’est mieux comme ça.
Quand on accompagne des gens plus jeunes en soirée, vient toujours le moment fatidique où l’on craint de ne pas tenir le rythme, où l’on s’affole et, convaincu de passer pour un énorme pipe, on cale un : « désolé les gars, je suis crevé, je vais rentrer à l’Ibis ». Immense coup de bol, mes collègues choisissent d’aller ranger le matos à l’hôtel et de comater devant des vieux FELA avant même que je leur fasse la suggestion.
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SAMEDI 21 AOÛT
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Pendant ce temps sur la grande scène, Fianso fait du classique mais descend de quelques décibels niveau sono avant de céder sa place à Alonzo. L’ancien Psy 4 de la rime, dans son élément, balance tous ses tubes au milieu du mosh pit et invite le public à y chasser définitivement les sheitans de l’ennui. Naps le rejoint un peu à la bourre pour entonner Bande organisée, tube qui, privé d’été en 2020, fait des heures sup’ - c’est la 8e fois qu’on l’entend sur site. Sans surprise, ici les gens connaissent d’autres couplets que celui de SCH.Persuadé qu’un membre de Maraboutage avait annoncé un after du côté de Malmousque, on quitte Borély pour crapahuter le long du bord de mer, à la recherche du lieu qui saura étancher notre fringale festive. Peine perdue, on finit avec Nile, un Américain croisé sur le chemin, le cul sur les galets d’une petite crique, en possession de trois clopes et d’un mini-keg de Heineken. Un collègue décide de se baigner totalement à poil puis d’en parler pendant des heures à tous ceux qu’il croise.
DIMANCHE 22 AOÛT
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