Manger comme un champion de boxe thaï

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Manger comme un champion de boxe thaï

Premier constat — et à l’inverse de tous ces mecs bodybuildés que l’on croise dans les salles de sport — les boxeurs thaïs n'utilisent aucun complément alimentaire. En fait, étrangement, le régime d’un boxeur muay-thaï ressemble beaucoup à ce que mange...

Le taxi venait à peine de me déposer devant l'Eminent Air Boxing Gym et j'étais déjà en nage. Non pas que je fusse spécialement nerveuse à l'idée d'aller à la rencontre de combattants de boxe thaïlandaise, mais plutôt parce que Bangkok, par sa chaleur oppressante, torturait mon organisme. Il faisait dans les 32°C, le taux d'humidité atteignait les 80% et cela suffisait à provoquer un flot ininterrompu de sueur hors de mon corps.

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Je m'étais pointée au début de l'après-midi, juste à l'heure pour l'entraînement. Des boxeurs thaïlandais et étrangers commençaient à affluer avec leurs shorts en satin brillants vers la salle de gym en plein air. Peu à peu, ils se sont mis à sauter à la corde et à courir autour du pâté de maison pour s'échauffer.

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Ils ne semblaient même pas avoir remarqué la chaleur insoutenable qui pesait et étaient déjà repartis pour trois heures d'entraînement, pour la deuxième fois de la journée. De mon côté, j'avais atterri ici avec l'envie d'en savoir un peu plus sur le régime des combattants muay-thaï et afin de découvrir en quoi consistait leur régime en période d'entraînement.

Quand on sait que des mecs comme Dwayne Johnson, « The Rock », [peuvent aller jusqu'à suivre des régimes alimentaires très stricts à base de morue](Ils%20ne semblaient même pas avoir remarqué la chaleur insoutenable qui pesait et étaient déjà repartis pour trois heures d'entraînement, pour la deuxième fois de la journée. De mon côté, j'avais atterri ici avec l'envie d'en savoir un peu plus sur le régime des combattants muay-thaï et afin de découvrir en quoi consistait leur régime en période d'entraînement. Quand on sait que des mecs comme Dwayne Johnson, « The Rock », suivent des régimes alimentaires très stricts à base de morue, on s'attend à ce que les Nak Muay (c'est le nom que l'on donne aux boxeurs muay-thaï) aient eux aussi un penchant pour la bouffe saine.), on s'attend à ce que les Nak Muay (c'est le nom que l'on donne aux boxeurs muay-thaï) aient eux aussi un penchant pour la bouffe saine.

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Premier constat — et à l'inverse de tous ces mecs bodybuildés que l'on croise dans les salles de sport — les boxeurs thaïs n'utilisent aucun complément alimentaire. Personne ne semble non plus vouer une passion particulière à la morue. En fait, étrangement, le régime d'un boxeur muay-thaï ressemble davantage à ce que mange n'importe quel Thaïlandais au quotidien.

Lolo Kiatphontip est venu tout spécialement de France pour s'entraîner ici pendant huit mois. C'est la septème fois qu'il vient pour se perfectionner et participer à des compétitions. Lolo se lève tous les matins à six heures pour aller courir et il y va l'estomac vide : repousser l'heure du premier repas est presque une tradition dans le monde de la boxe thaïlandaise.

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« On ne mange pas le matin, parce que l'entraînement commence à sept heures. On n'a pas vraiment le temps, on préfère sauter ce repas et dormir un peu plus, m'explique Claudio Amoruso, un autre expatrié d'origine italienne. On se réveille et on va directement à l'entraînement. Je sais que ce n'est pas bien, qu'il faut quand même avoir un truc dans le ventre mais si on veut avoir le temps de manger, il faudrait que l'on prévoie de se lever au moins une heure plus tôt. Et quand tu t'entraînes tous les jours, tu es épuisé et chaque minute de repos compte. »

Quand ils vont enfin prendre leur petit-déjeuner après une matinée d'efforts intenses, le repas a plus la gueule d'un déjeuner ou d'un dîner : des plats classiques de la cuisine thaï ou des mets servis par les vendeurs de rue comme le khao man gai, le gra pao ou encore le khao soi.

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Selon les régions, le régime alimentaire de ces sportifs peut varier. Frances Watthanaya est une boxeuse qui a récemment ouvert une salle à Isan avec son mari (boxeur thaïlandais lui aussi), elle m'en a appris un peu plus sur le petit-déjeuner des combattants dans le Nord-Est du pays.

« À Isan, le repas du matin comprend bien entendu du riz mais aussi de la soupe de poisson, de la salade som tam, des œufs et parfois quelques légumes bouillis. Les gens de la région sont très pauvres donc ils pêchent le poisson eux-mêmes. Si on a un peu de sous à la salle, on en achète aux gens du coin. On mange de la viande de porc aussi, mais plus occasionnellement ».

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Parce qu'ils ne coûtent rien et qu'ils sont bourrés de protéines, les œufs constituent l'aliment de base. Les combattants en consomment tout au long de la journée et ce, quelle que soit la région.

« On fait des omelettes thaïlandaises assez basiques (œufs, échalotes, herbes aromatiques, nuoc mam, NDLR). Comme ça, elles conviennent à tout le monde et il est plus facile pour les combattants de partager ».

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Même si le gros de leur source d'alimentation est constitué de plats issus de la cuisine locale, les combattants étrangers ont tout de même leurs petites préférences et gardent leurs habitudes.

Quand la combattante Melissa Ray, une légende vivante passée par l'Eminent Air Gym, venait s'entraîner, son encas préféré était un mélange de porridge, de müesli, de yaourt et de lait de soja. Quant au boxeur sud-africain Wasim Mather, il préparait toujours un smoothie dans son appartement avant de sortir manger du riz et du poulet.

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Il y a beaucoup de mangeurs de riz au sein de la population des Nak Muay, tant parmi les étrangers que parmi les locaux. Le riz semble être à ces combattants ce que la morue est à The Rock.

« Le riz est systématique au menu, explique Frances. À Isan, selon l'endroit, on mange du riz gluant ou du riz normal. Et même quand ils doivent perdre du poids, les combattants mangent des soupes de riz ».

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Les boxeurs préfèrent les féculents simples (comprendre, non transformés) qui sont plus faciles à digérer. Même Claudio, l'Italien, préfère le riz aux pâtes, c'est dire.

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« Manger du riz, c'est ce qu'il y a de mieux pour l'entraînement, ça t'apporte l'énergie nécessaire sans que tu te sentes lourd après, explique-t-il. Si tu manges des pâtes, il faut que ce soit deux ou trois heures avant l'entraînement. Une heure avant, il ne faut plus rien avaler. »

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Le temps est un luxe précieux. Pour survivre à un rythme aussi intense, les combattants muay-thaï profitent de chaque instant qui leur est donné pour se reposer.

« Cet emploi du temps ne nous permet pas de faire beaucoup de choses en dehors de nos entraînements. Il arrive souvent que les athlètes dorment même pendant la journée », explique Phill Savage, un boxeur britannique actuellement à Chiang Mai.

Sueadam Khongsittha, plus connu sous le nom de « Black Tiger », commence ses journées par un petit footing matinal sur les coups de cinq heures trente le matin. Ensuite, il rejoint Bangkok et sa salle d'entraînement, la Khongsittha Muay Thai, pour quelques heures épuisantes qu'il occupe à taper dans un sac de frappe, à s'entraîner aux coups de genou, à faire des pompes et des combats d'entraînement ; cette routine cauchemardesque recommence un peu plus tard dans la journée.

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Rien d'étonnant, donc, à ce qu'ils essaient de profiter de chaque minute « libre » pour pioncer un coup. On comprend mieux cette propension à rester mince et musclé malgré un régime alimentaire riche en nouilles et en riz.

Mais quand il s'agit de perdre du poids, la donne change et les boxeurs passent en mode crève-la-dalle.

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Quand il est question de perdre entre deux et cinq kilos avant un combat, la malbouffe et à vrai dire, la bouffe en général, est interdite. Markus Meier, d'origine suisse, a passé quatre années de sa vie en Thaïlande juste pour la boxe. Pour lui, l'école thaïe est la pire qui soit : « Je ne mangeais absolument rien. Peut-être une pomme tel jour et de la soupe de riz ensuite pendant trois jours, m'a-t-il confié. Deux fois par jour, il faut en plus courir en survêtement sous la chaleur et cela, aussi longtemps que nécessaire, pour atteindre l'objectif fixé. C'est comme ça en Thaïlande. Ils vous font perdre un maximum de poids. Il n'est pas rare que certains s'évanouissent. »

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Il se rappelle aussi de quelques-uns de ses camarades qui prenaient des laxatifs et restaient assis dans un sauna, sans même quitter leurs survêtements.

Le soir venu, je me suis rendue au Lumpinee Stadium, une salle de Bangkok où se tenait une série de combats. En arrivant, j'ai été accueillie par une musique lancinante qui ressemblait à celle des charmeurs de serpents. Dans les tribunes, des hommes rigolaient, s'égosillaient pour placer leurs paris, se tapaient dessus et agitaient leurs mains pour interpeller des taxis.

Sur le ring, deux combattants dansaient la traditionnelle Ram Muay pour s'échauffer. Tout en ondulant sur cette musique rituelle thaïe, ils se sont salués et ont enfilé le Mongkon, ce bandeau en tissu qui protège la tête et sur lequel figurent des inscriptions sacrées.

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Puis le combat a commencé. À mesure que les salves de coups montaient en intensité, la foule est devenue de plus en plus bruyante et les cloches et les haut-parleurs ont retenti de plus belle sur le roulement de la musique. Le sang s'est mis à ruisseler et les genoux à voler de part et d'autre. À chaque nouveau round, l'ambiance de la salle s'électrisait de plus belle. Les hommes criaient, l'arbitre aussi et d'un seul coup, sans que je ne m'en rende vraiment compte, je me suis aussi mise à crier.

Je sais maintenant ce qui anime les types de l'Eminent Air Gym quand ils courent inlassablement sous la chaleur assommante de Bangkok.

Toutes ces heures d'entraînement et ces journées passées à crever la dalle conduisent à ce tout petit instant. Et croyez-moi, ça vaut le coup.