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Les intestins des Européens ne savent digérer le lait que depuis 4 000 ans

Si vous avez le malheur d’être né intolérant au lactose et que vous êtes Européens de type caucasien, voilà une information qui permettra de retrouver le chaînon manquant dans votre patrimoine génétique.

Si vous avez le malheur d'être né intolérant au lactose et que vous êtes Européens de type caucasien, voilà une information qui permettra de retrouver le chaînon manquant dans votre patrimoine génétique. Une étude qui vient de paraître dans le très réputé journal Nature démontre que les Caucasiens doivent leur bonne digestion du lait à leurs ancêtres, des bergers russes qui ont fait le sale boulot d'assimilation du lactose à leur place, il y a tout juste 4 millénaires.

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Contrairement à ce qu'avaient pensé les scientifiques pendant de longues années, ce ne sont pas les fermiers d'Anatolie qui ont introduit la tolérance au lactose en Europe vers 6 500 avant J.-C.

« Tout le monde pensait que c'était arrivé en Europe avec les premiers fermiers », explique le Dr Bastien Llamas, l'un des co-auteurs de l'article.

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Selon ABC News Australia, le Dr Llamas et ses collègues ont pu déterminer que les Européens de type caucasien descendaient principalement de trois groupes migratoires : les chasseurs-cueilleurs du Néolithique, les fermiers d'Anatolie et les bergers nomades russes. Comme les Anatoliens avaient des troupeaux de vache depuis 6 500 avant JC, on pensait que la tolérance au lactose chez les Européens venait d'eux.

Mais l'étude montre que les Européens ont commencé à boire du lait il y a seulement 4 000 ans. Ils ne préparaient pas non plus de fromage avant cette époque. Ils n'ont commencé à consommer des produits laitiers qu'après la migration de ces bergers russes qui venaient de la steppe eurasienne. Dans un entretien chez ABC News, le docteur Llamas donne quelques précisions : « D'un coup il y a 4 000 ans, il y a eu une sorte de révolution quand les bergers des steppes sont arrivés avec les enzymes nécessaires. »

En étudiant l'ADN de 230 Eurasiens qui ont vécu entre 6 500 et 300 avant J.-C., les scientifiques ont découvert que les bergers russes avaient donc ramené dans leurs bagages une mutation génétique qui permet de produire, même à l'âge adulte, la lactase, cette enzyme qui permet de digérer le lactose contenu dans le lait. Comme la majorité des mammifères, les êtres humains qui vivaient en Europe à l'époque perdaient logiquement cette capacité après leur sevrage.

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L'étude a également mis en lumière des corrélations entre le développement de l'agriculture et celui de la résistance du corps humain à des maladies comme la lèpre ou la tuberculose. En cultivant ce qu'ils avaient normalement l'habitude de glaner, les chasseurs-cueilleurs ont trouvé une source plus fiable de nourriture et c'est à ce moment-là qu'ils ont commencé à se sédentariser. Au fur et à mesure que les individus ont commencé à se rassembler et à vivre en communautés, leur système immunitaire s'est développé.

Les Scandinaves quant à eux doivent aux bergers russes leur grande carrure, un des traits de leur morphologie. A contrario, le docteur Llamas explique que c'est la stature des Anatoliens qui est à l'origine de la petite taille des ethnies méditerranéennes. L'écart au niveau de la teinte de la peau s'explique de la même manière.

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Même si le fromage russe est quelque peu ignoré face à ses homologues français, italiens ou anglais, les amateurs de fromage feraient bien de montrer un peu de gratitude envers leurs ancêtres russes qui leur ont permis – il y a bien longtemps – de digérer le lait avec lequel il est fabriqué.

Aujourd'hui, on peut dire que la boucle est bouclée : avec l'embargo russe sur les fromages de l'Union Européenne, les fromagers russes tentent de se réapproprier maladroitement les techniques de production des fromages européens – conséquences économiques d'une crise diplomatique mal gérée ou juste retour à l'envoyeur ?