FYI.

This story is over 5 years old.

Food

On a retrouvé de la sciure de bois dans des sachets de Parmesan râpé

Aux États-Unis, la FDA a mis à jour la plus grosse affaire de contrefaçon de Parmesan jamais dévoilée dans le pays.

Quand en 2012, la FDA – équivalent américain de notre Répression des Fraudes (DGCCRF) – s'est rendue dans la campagne pennsylvanienne pour y contrôler une fromagerie en apparence banale, elle ne s'attendait sûrement pas à tomber sur la plus grosse affaire de contrefaçon de Parmesan jamais mise à jour dans le pays.

Car une fois sur place, il a été avéré que le père et la fille à la tête de Castle Cheese Inc., une fromagerie industrielle basée à Slippery Rock, s'amusaient à couper leur Parmesan « 100 % authentique » avec différentes substances pour le moins saugrenues dont notamment, une préparation à à base de sciure de bois. Pire : les agents qui ont procédé au contrôle de l'espace de production n'ont découvert absolument aucune trace de Parmesan dans cette fromagerie qui se prétendait pourtant spécialisée dans la fabrication de cette spécialité italienne. Ce qui était vendu sous le nom de Parmesan était en réalité un mélange de cellulose (une fibre que l'on retrouve aussi dans le bois), de cheddar blanc, de gruyère et de mozzarella. Le faux Parmesan en question était écoulé dans des chaînes de grande distribution comme Target ou Associated Wholesale Grocers, deux enseignes très populaires aux États-Unis. La fille du cerveau de cette fromagerie frauduleuse, Michelle Myrter, prévoit de plaider coupable lors de son procès qui se tiendra très prochainement. Elle risque un an de prison et plus de 100 000 $ d'amende (environ 89 860 €). En France, pour une telle fraude, les délits de tromperie et de falsification pourraient s'additionner et la peine pourrait donc théoriquement s'élever à deux fois deux ans de prison assortis d'une amende de deux fois 300 000 €.

Publicité

LIRE AUSSI : Braquage à l'italienne : 785 000€ de Parmesan dérobés à Modène

Pour le directeur général de l'Association des Fromagers du Wisconsin, John Umhoefer, ce procès pourrait initier le début de grands changements pour l'industrie fromagère américaine. La FDA contrôle tant bien que mal ce qui est vendu sur le sol américain sous le nom de Parmesan ou de Romano, mais les Américains n'ont pas de label qualité garantissant l'appellation ou l'origine de leurs produits. La France a ses AOP, AOC et IGP pour protéger les appellations locales (notamment les vins), en Allemagne, la Reinheitsgebot est un label qui protège les bières. Les autres pays européens ont également des protections équivalentes.

Selon un rapport du Bloomberg Business, Castle Cheese est loin d'être la seule fromagerie malhonnête. Certains fromages de supermarché seraient tout autant suspects. Bloomberg Business a fait analyser différents fromages achetés dans les plus grandes chaînes de distribution américaine. Plusieurs fromages à pâte dure contenaient un pourcentage inquiétant de cellulose. Le « 100 % Parmesan Râpé » de la marque Essential Everyday, trouvé chez Jewel-Osco, contenait quant à lui jusqu'à 8,8 % de cellulose. La teneur en cellulose de celui de Wal-Mart, lui aussi vendu avec la mention « 100 % Parmesan Râpé », s'élevait à 7,8 %. À la publication de ce rapport, les deux enseignes ont préféré remettre en question la fiabilité des tests effectués plutôt que la qualité de leur produit.

Il existe un consortium en Italie pour protéger le Parmigiano Reggiano et évidemment, les professionnels du secteur sont complètement outrés par l'affaire. Ils ont demandé à l'Union Européenne de prendre une mesure pour qu'à l'avenir, la production traditionnelle de Parmesan soit protégée contre ces entreprises américaines qui utilisent l'appellation et le drapeau italien sur leurs produits trompeurs.

En attendant que les États-Unis prennent des mesures efficaces pour contrôler la production de telles denrées alimentaires grand public, faites gaffe à ce que vous saupoudrez sur vos pasta la prochaine fois que vous vous rendez dans le pays.