

Dieu est mort et l’Homme est fondamentalement mauvais. La preuve juste en dessous :
On vous présente Pony, cette jeune orang-outan femelle est originaire d’un petit village de l’île de Bornéo. Chez elle, on massacre la forêt tropicale pour en extraire l’huile de palme qui sert à fabriquer nos baumes à lèvres et nos petits gâteaux apéritifs.
Vice: Racontez-nous l’histoire de Pony.
Michelle Desilets (directrice de la Fondation Orangutan Survival de Bornéo): Pony vient d’un village de Bornéo entièrement dévolu à la prostitution. Nous l’avons trouvée intégralement tondue, enchaînée au mur, et couchée sur un matelas.
Ça me donne envie de chialer.
Elle était utilisée comme esclave sexuelle. Quand un homme s’approchait d’elle, elle se mettait tout de suite de dos et tortillait ses fesses. Pony devait avoir dans les six ou sept ans quand on l’a sortie de cet enfer et ça faisait déjà un bon moment qu’on lui faisait subir ça. Sa maquerelle refusait de la laisser partir. Tout le monde l’aimait et elle rapportait beaucoup d’argent. Parfois elle trouvait les numéros du loto, du coup, tout le monde pensait qu’elle portait chance, comme une sorte de talisman.
Les clients se rendaient compte qu’il s’agissait d’un orang-outan?
Bien sûr, ils venaient même exprès pour ça! Ils auraient pu avoir une vraie fille s’ils voulaient, mais beaucoup voulaient savoir ce que ça faisait de baiser avec un singe. Comme elle était rasée tous les deux jours, sa peau était très irritée et couverte de boutons. Elle se faisait dévorer par les moustiques, et les piqûres s’infectaient parce qu’elle se grattait tout le temps. Les clients la couvraient de bijoux, elle était vraiment hideuse.
Comment avez-vous fait pour la sortir de là?
On a mis plus d’un an à la sauver, parce qu’à chaque fois qu’on arrivait avec la police forestière et la police locale, les villageois étaient plus nombreux que nous. Ils s’opposaient à ce qu’elle parte, nous menaçant avec des armes à feu et des couteaux qu’ils avaient trempés dans du poison. Il a fallu 35 policiers armés jusqu’aux dents pour obtenir qu’ils la relâchent. L’intervention a été filmée par une chaîne locale et sur la bande, pendant qu’on détache Pony, on entend la maquerelle, complètement hystérique, pleurer et hurler: «Ils emportent mon bébé! Vous n’avez pas le droit!» Le système juridique indonésien ne fonctionne pas, c’est comme ça, du coup, personne n’a été condamné pour cet atrocité.
INTERVIEW : JACK ADAMS
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ARTISTE TORTURÉ—Le visage de Pol Pot restera gravé dans mon cerveauVann Nath est cambodgien. En 1977, il a été incarcéré dans la prison Khmer Rouge de Tuol Sleng où plus de 14.000 hommes, femmes et enfants ont été torturés et exécutés. Seules sept personnes ont survécu, dont lui. Pendant son séjour, les gardes lui ont fait peindre d’innombrables portraits de Pol Pot.
Vann Nath: En 1978, on m’a envoyé dans la tristement célèbre prison S-21. On était enfermé dans une grande pièce. Nu, couché à même le sol, serré comme des sardines, avec des menottes aux poignets, on essayait de dormir.
Les soldats portaient tous des uniformes noirs. Ils étaient très jeunes, certains d’entre eux n’avaient que 13 ou 14 ans, mais ils étaient impitoyables. Rien ne pouvait leur résister quand ils vous accusaient d’être un khmang(un ennemi). Ils séparaient les parents et les enfants, les frères et les sœurs.
Tous les quatre jours, ils venaient avec des tuyaux d’arrosage et arrosaient tout le monde depuis la porte d’entrée. Chaque jour, plusieurs de mes compagnons étaient emmenés pour être interrogés. Certains revenaient avec des blessures ou le corps couvert de sang; d’autres ne revenaient pas. Les prisonniers se sont mis à mourir, les uns après les autres. Si quelqu’un mourait le matin, les gardes attendaient le soir pour l’enlever. J’ai eu de la chance. Ils ont découvert que je savais dessiner. Ils m’ont fait faire des tas de dessins de Pol Pot. Ils me donnaient des photos de lui. Je prenais des points de vue différents, je changeais le décor. Mais je ne l’ai jamais rencontré. Pol Pot n’a jamais su qui était l’artiste derrière ces portraits.Je ne ressentais plus rien. Je ne pensais qu’à rester vivant et à trouver un moyen de m’échapper. Un jour, l’occasion s’est présentée. Une grosse bataille a eu lieu avec l’armée vietnamienne. Phnom Penh [capitale du Cambodge, NDRL] était arrosée par l’artillerie de tous les côtés.
J’ai réussi à m’enfuir en profitant du chaos qui régnait, et j’ai quitté la ville. J’ai eu la chance de retrouver ma femme. C’était en 1979. Elle m’a annoncé en pleurant que nos deux fils étaient morts. Aujourd’hui, mes sujets picturaux principaux sont la nature et les jolies choses. J’aime peindre des fleurs, des portraits d’enfants, des images qui me rappellent de bons souvenirs. Mais, évidemment, ce que je peins reflète ce que je ressens, donc ce n’est pas toujours joyeux. Certains tableaux représentent fatalement les souvenirs que j’ai gardés de la prison.
PROPOS RECUEILLIS PAR CYRIL HELLMAN
Entretien avec un prof de vampiresPour les esprits simples, les vampires n’existent que dans la tête des gothiques et dans les films de série B. Gregory Hollyfield, lui, sait. Il les étudie et les enseigne depuis 8 ans à des étudiants de Sciences Po et à des hauts fonctionnaires au ministère des Affaires étrangères.
Vice: Quand avez-vous pris conscience de la menace vampires?
Gregory Hollyfield: Il y a dix ans, j’ai fréquenté un vampire, enfin, je crois. Un vampire ne vient pas vers toi en disant: «Bonjour toi, je suis un vampire». Un vampire est un marginal. Et il faut plus que des fausses canines qui brillent dans le noir pour leur ressembler. D’ailleurs, ils savent tout de suite qui en est, et qui n’en est pas. Ils possèdent une sorte de radar, comme les homos, l’expression «gaydar» découle du «vampdar».
Vous pensez qu’on devrait tous les tuer?
Soyons clair, je ne suis pas le Van Helsing du troisième millénaire. Pour lui, les vampires sont des démons. Pour moi, ils vivent à la marge de notre espèce, mais ils en font partie et s’ils étaient si méchants, on ne serait plus là. Quand on y pense, ils nous ont quand même apporté du cinéma, de la littérature, et de nombreux fantasmes nocturnes, aussi. Prends leur prétendue peur de la lumière du jour: c’est un mythe. Tu peux tout à fait prendre une bière avec un vampire, en pleine journée.
Ils veulent juste que nous soyons comme eux?
Ce n’est pas si simple. Peu importe à quel point tu souhaites en faire partie, ou à quel point ils veulent te prendre dans leur crew. Seul un nombre limité de vampires peut exister. C’est ce qu’explique Poppy Z. Brite dans Lost Souls. Mais certains vampires tournent mal. Des vampires, même bien éduqués, tombent dans l’alcool, le crack, puis l’homicide. Tu ne peux pas discuter avec ceux-là. Ils te tueront. Mais j’espère que ton orgasme sera à la hauteur de l’évènement. Mais que les choses soient claires: la plupart des vampires ne tuent pas. Ils ont juste besoin de suçoter un peu de ton sang. C’est comme faire un don de sperme pour permettre à deux lesbiennes d’avoir un gamin. Pourquoi nous font-ils si peur, finalement? Parce qu’ils n’ont pas peur.
Est-ce qu’il y a des vampires déviants, sexuellement parlant?Certainement! Ce sont les plus attirants. Les vampires peuvent coucher avec les humains. Ils peuvent même pratiquer le sexe anal. Mais la meilleure des sodomies ne remplacera jamais un shot de sang. Les vampires peuvent prendre un pied ultime avec leur bouche, ils sucent et pénètrent en même temps. Pourtant, la plupart d’entre eux sont psychiques. Ils sucent les pensées des gens.
Ils se font des petites réunions Tupperware?
Ils ont sûrement une sous-culture. Ils doivent regarder le Vampires, de John Carpenter, ou encore Bones, avec Snoop Dog, et s’étrangler de rire, comme les strip-teaseuses devant Showgirls. Mais ce sont de grands solitaires. Essaye de te maquer avec un vampire, tu seras la perdante de la relation. Le vampire te trompera avec tout ce qui lui tombe sous la main, filles, garçons, petits animaux. Jour après jour, il te pompera tout, te lessivera le cerveau. Avec ton consentement.
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