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Arrêtez tout : Le Panini en or existe et je l’ai testé à Hasselt

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Au paradis, on mange du riz-au-lait avec des petites cuillères en or. À Hasselt, on mange de l’or, directement. Tout a commencé avec les « golden steaks », ou steaks dorés, à plus de mille euros et très appréciés par les footballeurs stars en vacances à Dubaï. Je le sais bien, cette dernière phrase résume tous les maux de l’humanité, mais il en a été beaucoup question sur les réseaux sociaux aux alentours du nouvel an. Et certes, le fait de manger de l’or, je l’avoue, me fait aussi quelque chose. Prononcez les mots « je mange de l’or », et vous réaliserez à quel point c’est délicieux.

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Bien que je sois végétarien, mon envie d’or pourrait facilement vaincre mon aversion pour la viande. Malheureusement, Dubaï est un peu trop loin et juste mille euros au-dessus de mon budget. Heureusement, j’ai lu qu’un chef du Limbourg avait ramené le steak d’or à Hasselt. Prix : 65 euros. J’étais déjà sur le point de faire une réservation chez Butcher – une référence à l’une des étapes antérieure de la vie dudit repas – lorsque quelques jours plus tard, j’ai appris que le Golden Panini était servi à seulement quarante mètres de là. Prix : 24 euros. La démocratisation de la nourriture dorée a été très rapide. À l’époque de Charlie et la chocolaterie, il fallait avoir plus de chance.

Le steak doré à Dubaï que presque tous les footballeurs célèbres ont mangé

J’ai rendez-vous chez Sammy à Hasselt, un snack nommé en l’honneur de son tenancier, Sammy Lommatzsch, lui-même nommé à l’époque où un chat se trimballait sur le clavier. Il y a deux ans, il a ouvert un lounge ici, au Zuivelmarkt, au cœur du quartier des restos de Hasselt. Quand il s’est rendu compte que ce n’était pas un succès, il a inversé le concept et la carte pour qu’on puisse maintenant déguster un smoothie Mango Bango, un burger d’été au poisson ou une gaufre de Bruxelles au Nutella. Et tout récemment, le fameux Golden Panini. Sammy m’explique qu’il aimerait faire du Sammy’s une franchise. Et moi, j’aimerais beaucoup recevoir des leçons de tennis privées d’Eugénie Bouchard. On verra.

« Sur le grill, je remarque également une feuille d’argent et décide déjà d’y goûter. Malheureusement, il s’agissait d’une feuille d’aluminium. »

C’est d’abord Sammy qui a prévenu son concurrent du Butcher à propos de l’original golden steak, de la légende vivante du meme Salt bae à Dubaï. Et quand il s’est avéré que la presse régionale venait toquer à la porte d’en face, Sammy a vite compris qu’il fallait agir, et vite. C’est pourquoi vous trouverez différents paninis (un panino, des panini ?) au menu du jour : poulet, bœuf ou merguez. Et heureusement pour moi, également tomate-mozza. Ils coûtent tous environ huit euros. Mais devinez qui clôture la liste ? Dans le mille, le Panini Gold 24K.

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Sammy parle d’une tendance internationale à envelopper les aliments dans des feuilles d’or. À Dubaï, il y a le steak doré de ce chef turc, à La Haye, le burger doré de – nomen est omen – Diego Buik, et maintenant aussi celui du Zuivelmarkt de Hasselt, où vous devrez visiblement faire tous les efforts du monde pour ne pas bouffer d’or. Quand je lui demande s’il comprend les critiques à propos des footballeurs à Dubaï qui participent à la tendance la plus inutile, décadente et gaspilleuse de tous les temps, il ne me répond pas vraiment. « Je sais ce qu’est la pauvreté, ça n’a rien à voir avec ça. C’est juste l’occasion de faire quelque chose de marquant. L’année dernière, j’ai mis au menu des hamburgers colorés, tu en as peut-être entendu parler ? » Non, car à moins que les couleurs en question ne soient l’argent, l’or et les diamants, la viande ne m’intéresse pas.

« Sur mes lèvres, l’or est comme un gloss gratuit reçu dans Flair. Un fil de mozza est suspendu à mon menton. »

En cuisine, je suis avec attention la préparation de mon panini doré. Le roi Midas du Limbourg me dit que la feuille d’or est simplement comestible et qu’il n’y a pas moyen d’y être allergique. « Pour moi, un golden panini sans gluten et sans or, s’il vous plaît », ne sera donc pas une excuse valide, Charlotte. Sur le grill, je remarque également une feuille d’argent et décide déjà d’y goûter. Malheureusement, il s’agissait d’une feuille d’aluminium.

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Après une grillade de six minutes, la serveuse graisse mon panini avec de l’huile d’olive. Elle est un peu nerveuse et, lorsqu’elle sort le minuscule feuillet doré commandé sur internet de son emballage, la feuille se plie en deux et se colle sur elle-même. Elle me dit qu’une feuille coûte environ trois euros. Je compte vraiment sur le fait qu’au moins neuf feuilles vont être utilisées et que ce panini sera vendu à perte. Je vois Sammy calculer mon addition, après quoi il demande à un autre serveur de prendre en charge la préparation. Je décide de laisser la magie opérer et d’attendre mon Panini d’Or à table. Au mur est suspendu un écran avec des images d’un feu ouvert et à côté, un escalier doré mène à l’étage. Probablement vers le paradis.

Peu de temps après, le voilà qui arrive. Dans toute sa simplicité, le panini est là, devant moi, reposant dans l’assiette. Le moment est venu. Je vais manger de l’or. En temps normal, je l’aurais attrapé avec mes mains, mais ça semble un peu inapproprié. Un peu comme couler un bronze au palais royal. Je m’arme d’un couteau et d’une fourchette, mais ça fait aussi bizarre. Un peu comme si le Roi venait chier chez moi. Je me rends compte un peu après que le panini est déjà sorti du gril depuis un moment et qu’il est donc probablement froid. Je le prends à deux mains et en mords une belle bouchée. « Mmmh, de la mozzarella fondue, c’est quand même trop bon… » est la première chose qui me vient à l’esprit. Pensée qui confirme que ce n’est pas l’or mais bien le fromage fondu qui tient lieu de golden ingrédient dans chaque plat.

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Quand je repose le panini, mes mains scintillent tellement qu’elles semblent être faites d’or. Manger un fast-food reste une expérience dominée par la graisse. Qu’il s’agisse de mayonnaise ou d’or. Des clients assis à d’autres tables me regardent. Je vois leurs lèvres bouger pour former la phrase : « Il mange le panini doré ! », après quoi la personne de l’autre côté de la table se tourne vers moi avec incrédulité. Sur mes lèvres, l’or est comme un gloss gratuit reçu dans Flair. Un fil de mozza est suspendu à mon menton. « Lifestyles of the Rich & Famous » de Good Charlotte résonne dans ma tête.

Bien que, à mon grand regret et étonnement, le panini ne soit recouvert que de feuilles d’or sur un côté, il me pèse lourd sur l’estomac. Je n’aurais peut-être pas dû manger ce roulé saucisse au Panos de la gare. En tout cas, j’en ai assez. J’abandonne un tiers du golden panini. Ma photographe n’en veut pas. Elle me dit qu’elle préfère les croque monsieurs.

Pour finir, je commande un latte avec de la crème fouettée et des Smarties. En temps normal, je n’aurais jamais ça, mais quelle est l’alternative après avoir mangé de l’or ? Boire un café filtré en tant que bon prolétaire que vous êtes réellement ? Ce n’est pas possible. Et c’est peut-être bien ça le problème. Vous allez à Hasselt, vous mangez un panini doré, vous le mettez sur Instagram et après ? Que vais-je devoir manger la semaine prochaine ? Une chèvre abattue de sang-froid ? Je ne suis pas Mark Zuckerberg. Sur le moment j’étais satisfait, mais maintenant, il s’avère que tout l’or du monde n’aidera jamais à lutter contre ce sentiment de vide au fond de moi.

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