Life

J’ai testé le CBD pendant une semaine

Une semaine sous BCD

Lorsque j’ai été contactée par la rédaction de VICE pour écrire un article impliquant de tester différents produits à base de CBD (ou cannabidiol), la deuxième molécule que l’on retrouve dans la weed aux côtés de sa compère psychotrope la THC, je me suis d’abord un peu interrogée. Étais-je enfin parvenue à me faire une petite réputation dans le journalisme gonzo, notamment en mettant mes intestins en péril une semaine au travers d’une diète drastique conseillée par Beyoncé ? Ou avais-je simplement l’image de la meuf anxieuse, à qui cela ferait du bien de fumer un petit joint de temps à autre pour remédier à son syndrome prémenstruel ? Après quelques secondes d’interrogations, et ayant déjà, en effet, tenté d’améliorer ma qualité de vie avec un peu de cannabidiol alors vapoté aux États-Unis, j’acceptais.

Je dis « améliorer ma qualité de vie », car, en effet, le CBD est connu pour, et est censé avoir de nombreuses vertus, tant sur le plan physique que psychique pour les personnes qui en consomment. Aux États-Unis, où le cannabis est légal dans de nombreux États, le CBD est utilisé par des personnes aux pathologies diverses afin de soulager les symptômes de maladies chroniques, dont notamment l’épilepsie infantile, l’anxiété, la dépression et les insomnies. Contrairement à la THC, le CBD ne « défonce » pas. Ce qui est plutôt une très bonne nouvelle pour moi, étant donné que je deviens super-parano sous weed, parfois jusqu’à me convaincre que je vis dans la matrice.

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Les produits à base de CBD se présentent sous plusieurs formes, l’industrie étant fleurissante (c’est le cas de le dire). Un vendredi soir, je me retrouvais donc avec un colis rempli de différents produits à teneur plus ou moins élevée en CBD : paquets de chanvre (« fleurs ») de 1 gramme de différents types (cultivées indoor ou outdoor), deux paquets de 1 gramme de résine de chanvre (la version CBD du shit de votre dealer d’en bas), une vapoteuse et ses deux cartouches, un flacon d’huile de CBD spectre entier, deux paquets de bonbons, une huile pour le corps, et deux crèmes hydratantes corps et visage. Tous avec des dosages plus ou moins importants en CBD, allant de 1% pour les crèmes, à 60% pour une cartouche de vapoteuse. Une semaine d’utilisation allait-elle me convaincre de l’utilité de ces produits ? J’allais le découvrir.

Jour 1

On est vendredi soir et ma meilleure amie est de passage à Paris. Je viens de recevoir le colis, et j’avoue avoir envie de commencer l’expérience sans attendre. J’ouvre un premier paquet de bonbons à la framboise qu’on grignote devant Koh Lanta (c’est un vendredi soir de pré-trentenaire, oui). J’avoue ne pas avoir grande idée des quantités conseillées. J’en boulotte trois, quatre et m’arrête là pour la soirée. J’ai aussi ouvert la vapoteuse et une première cartouche à 40% de CBD. J’y suis plus habituée qu’aux plantes et je me sens plutôt rassurée par ce format. Je connais bien le goût, qui n’est pas déplaisant et n’a rien à voir avec les saveurs vanille et caramel qu’on sent parfois au détour des cafés, émanant des nuages de vapeur des vapoteurs flegmatiques à l’haleine sucrée. La cartouche a un goût agréable, qui rappelle la verdure.

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Ma curiosité m’emporte encore plus loin : je me lance témérairement dans le roulage d’un joint à base de « Lemon Skunk Indoor » à 13%. En ouvrant le paquet, on s’y méprendrait vraiment à croire que c’est de la weed pure et dure. La tête de chanvre ressemble trait pour trait à une tête de weed et l’odeur est la même. Pour un peu, je pourrais remplacer le pochon de weed de ma coloc avec mes fleurs de CBD et elle ne pourrait s’apercevoir du tour qu’une fois son cône consumé.

Je me couche vers minuit, détendue.

Jour 2

Je ne sais pas si c’était le chanvre, ou bien la victoire des rouges à Koh Lanta, mais j’ai dormi comme un loir. J’ai même poussé le vice jusqu’à me faire une nuit de plus de dix heures et me réveille comme un charme sur les coups de 11 heures. Je me sens particulièrement détendue et prête à attaquer mon samedi.

Après la douche, je m’enduis de crème hydratante au chanvre bio. L’odeur de la crème est agréable et discrète – je ne sens pas la weed –, et le flacon indique qu’elle ne contient que des ingrédients bio. Pareil pour la crème hydratante visage de la même marque qui l’accompagne, ce qui, je dois l’avouer, plaît à la bobo éco-friendly que je suis, qui n’aime pas trop se foutre de l’acide hyaluronique sur la gueule.

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Dans l’après-midi, je pars prendre un café avec des potes et pense à agrémenter mon pochon de tabac de quelques bouts de Super Lemon Haze à 17% de CBD. Je me roule une clope que j’allume en terrasse. Quelques badauds se demandent s’il s’agit là d’un gros joint fumé en toute impunité.

Jour 3

En ce dimanche, il neige et il vente sur Paris, la journée va se passer en intérieur. J’hésite un peu à commencer le CBD dès le réveil. J’opte pour trois gouttes d’huile de chanvre à 25% sous la langue, histoire de commencer calmement. Durant l’après-midi en revanche (le temps à l’extérieur me confinant aux murs de ma chambre), je me roule un joint d’herbe à peu près toutes les heures en augmentant le ratio chanvre/tabac un peu plus à chaque fois. Je finis dans un état assez « chill » et ai envie de me coucher à 22 heures. Je pars donc me coucher, après m’être démaquillée et tartiné la face avec ma nouvelle crème hydratante favorite et ses 300mg de CBD.

Jour 4

Mes nuits se font décidément de plus en plus longues. Je me réveille vers 10 heures et décide d’aller transpirer un peu. Hésitante, le matin au réveil, je verse trois gouttes d’huile de CBD sous ma langue et enfourche mon vélo pour me rendre à la salle de sport. À ce stade-là, je me sens déjà un peu « à côté de mes pompes » et j’espère que suer sur l’elliptique devant BFM TV va me réveiller un tant soit peu.

Vers midi, une pote m’appelle et me demande si je veux venir déjeuner avec elle. J’enfourche de nouveau ma bécane et pars donc la rejoindre. Au restaurant, et après 50 minutes de sport que je n’ai pas vraiment senties – mes muscles étaient comme détendus et légers, je reste dans un état semi-flottant.

Le soir, je sens poindre une sensation que je ne connais que trop bien, étant donné qu’elle m’assaille tous les mois à la même période. Mon syndrome pré-menstruel fait sa grande arrivée dans la balance. Et pour moi, SPM signifie aussi humeur irascible. Ayant lu que le CBD pouvait aider avec les sautes d’humeur, j’y vais franco et me roule un spliff avec de la Strawberry à 18% de CBD agrémenté d’un peu de résine à 20%, et lance un épisode de Big Mouth, le paquet de bonbons au cola à 10 mg de CBD à mes côtés, histoire d’apprivoiser mon Hormone Monster à moi.

Jour 5

Malgré l’arrivée imminente de mes règles, je me sens en ce mardi un peu plus en phase avec le monde. Mon humeur est un peu moins chaotique, et l’anxiété que je ressens habituellement à ce moment du mois est presque totalement absente. J’ai pris l’habitude de mettre la crème hydratante corps et visage tous les jours en sortant de la douche et me demande si l’absence totale de courbatures à la suite de la séance de sport d’hier est liée à cette utilisation. Dans la journée, je vapote un peu. J’ai aussi pris l’habitude de me rouler une « cigarette magique » après le déjeuner. J’apprécie le goût que la fleur de CBD donne à mes clopes, qui deviennent de plus en plus des petits spliff fumés tout au long de la journée. Je me dis aussi que le CBD est sûrement meilleur pour la santé que mon tabac, même bio et sans additifs.

Jour 6

Le mercredi soir, je me rends dans un bar du 11e arrondissement de Paris où j’ai l’habitude de dire des blagues dans un micro aux côtés de mes potes humoristes. Ce qui tombe super bien, c’est que j’ai une blague parlant d’une influenceuse dépressive payée pour tester des produits censés lui remonter le moral. Prophétie ? Je vapote sur scène, le CBD s’inscrit parfaitement dans la logique de mon discours, je sens que je suis à deux doigts de devenir le personnage de ma blague.

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Dans les coulisses, je refile des bonbons au coca à 10mg de CBD chacun à mes potes, leur vantant un peu les mérites du truc. Ils me demandent quels sont les effets escomptés, je leur réponds pas grand-chose, à part du chill. Un pote me dit que j’ai bonne mine, me demande si j’ai changé quelque chose dans ma vie. Je lui réponds que je me tartine la face de CBD depuis quelques jours, sans trop savoir de quoi il parle en termes « d’habitudes ».

Jour 7

Jeudi. Aujourd’hui, j’entame un nouveau chapitre dans ma vie professionnelle. Étant consciente de la fin du monde qui approche, j’ai récemment postulé pour travailler dans l’épicerie bio et locale à deux minutes de mon lit. Adieu, yeux rivés H24 sur l’ordinateur, à tenter de vendre ma plume aux publicitaires et autres consorts. Je ne le ferai plus qu’à mi-temps. Ma première journée de quelques heures se passe bien, mais le travail est physique. Je vais me taper soit un lumbago, soit des courbatures, à déplacer du panais toute la journée. Le soir, exténuée, je me roule un bon joint de CBD, qui me semble être une solution tout à fait adaptée à mes sens endoloris. Je me tartine aussi les jambes d’huile pour le corps à 1%.

Jour 8

Vendredi. Cela fait maintenant une semaine que mon salon et ma chambre sont parfumés d’une attendrissante odeur de weed. Je ne sais pas si j’étais dubitative au début, mais en tout cas, les événements de la dernière semaine m’ont poussée à apprécier ma consommation quotidienne de CBD. Entre mon nouveau travail physique, et la pandémie, je ne suis pas mécontente d’avoir sous la main un produit qui me détend, et remédie à mes courbatures. J’ai lu à plusieurs reprises que le CBD pouvait aussi soutenir les défenses immunitaires. Les recherches scientifiques sont limitées, mais je décide d’y croire.

Au matin du confinement, je regarde paisiblement la queue se former à la pharmacie d’en bas, une cigarette de Super Lemon Haze à la main. Les jours prochains auront assurément l’odeur du chanvre.

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Cet article est publié dans le cadre d’un partenariat avec La Ferme du CBD et a été rédigé en totale indépendance.