Culture

Jeanloup Sieff a pris de plus belles tofs de la vallée de la Mort que vous

Vallée de la mort Sieff

« Je ne connaissais d’elle que son nom dramatique et quelques images du vieux photographe américain Ansel Adams. Je la savais quelque part dans le désert entre la Sierra Nevada et Las Vegas. Au fil des années, j’avais cristallisé sur elle toutes mes envies de fuites, de retrouvailles avec moi-même et de découverte de l’inconnu. »

15 février 1977, Jeanloup Sieff s’apprête à traverser la Death Valley, quelques mois seulement après le voyage effectué par Michel Foucault sous acide au même endroit, dans une quête quasi spirituelle. Le photographe français embarque à bord d’un Camper, camion caravane à cuisine et douche intégrée, avec en tête l’idée de sillonner le parc national californien à la recherche de matière pour un film et un bouquin – que les éditions Contrejour viennent de ressortir dans une nouvelle version.

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Avant le début de ce road trip, Sieff est au faîte de sa gloire. En France, sa popularité s’est construite au fil de ses collaborations avec la presse, la mode ou la publicité. De l’autre côté de l’Atlantique, il a déjà fait son trou en multipliant les commandes pour Harper’s Bazaar ou Vogue. Mais le photographe est plus connu pour son utilisation du noir et blanc, ses effets d’ombre et de grand-angle, ses portraits de stars ou de filles dénudées que pour ses paysages. Qu’allait-il donc faire à Furnace Creek ?

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© Estate of Jeanloup Sieff

À en croire son carnet de voyage, se plaindre des touristes croisés au cœur de la vallée, des coyotes qui hurlent la nuit et des repas à base de pizza surgelée, de fromage blanc et de bière Schlitz un peu. Et puis prendre des photos de terres craquelées, de dunes ondulées et de paysages martiens qui lui rappellent autant Zabriskie Point que la bande-dessinée Mandrake beaucoup.

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© Estate of Jeanloup Sieff

« À ces très vieilles images, sont venues s’ajouter, par la suite, celles de l’Amérique de Norman Rockwell, puis celles des tableaux d’Andrew Wyeth et des photos de Walker Evans” », raconte-t-il. « Et l’ensemble a gravé dans ma tête, d’une façon indélébile, une Amérique immobile, à la fois chromo dépassé et vérité éternelle, à laquelle je confronte les images de rencontre, et qui provoquent en moi, lorsqu’elles se juxtaposent, cette étrange griserie que donne la réalité lorsqu’elle coïncide parfaitement avec l’imaginaire. »

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© Estate of Jeanloup Sieff

La vallée de la Mort se lit même sur la gueule des gens croisés ; flics, serveuses de motel, croupiers ou même cette octogénaire qui possède le « visage aride des vieilles américaines sans amour » et des joues aussi creusées que des canyons.

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© Estate of Jeanloup Sieff

La vallée de la Mort, de Jeanloup Sieff, éditions Contrejour, 112 pages, 35 euros

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