Parfois, la curiosité vous amène à tomber en admiration avec de nouveaux endroits. Et parfois, ces lieux se révèlent être juste au coin de la rue, comme la salle de sport d’Edegem par exemple. En me perdant sur internet, je suis tombée sur le site de la Société Royale Belge de Conchyliologie*, qui organise chaque année depuis 1991 une exposition de coquillages. Le Shell Show de 2022 était annoncé comme suit : « L’événement est largement connu, et en plus de trouver de superbes coquillages, on y retrouve toujours ses amis coquilliers, avec comme cerise sur le gâteau une discussion agréable dans le cadre agréable de la foire. » Se faire des potes fans de coquillages un dimanche après-midi, voilà ce que j’attendais.
Deux week-ends plus tard, armée de mon Contax G2, je me rends à la salle de sport d’Edegem. L’entrée est difficile à trouver, mais suivre les personnes portant des chemises à coquillages semble être la bonne tactique. En passant par la cafétéria, j’entre dans la Mecque des coquillages : quelque 400 mètres de tables recouvertes d’un gigantesque assortiment de coquillages vendus par des amateur·ices du monde entier. À l’entrée, une douzaine de coquillages sont exposés dans une vitrine, chacun étant soigneusement numéroté. Le prix du plus beau coquillage sera décerné pendant l’après-midi, et chaque visiteur·se peut voter pour son coquillage préféré. Je choisis le numéro 4, le plus petit coquillage de la collection. Quelqu’un m’a dit qu’on n’en avait trouvé que cinquante dans le monde…
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Sur la première table sur laquelle je tombe, des « coquillages à prix réduit » brillent d’une réduction d’au moins 50%. En regardant les différentes formes et couleurs, je me rends compte que l’après-midi va être longue. Chaque commerçant·e a plein d’histoires à raconter et chacun·e sa propre spécialité. Je rencontre notamment Eddy, un spécialiste des muricidae, qui s’est récemment rendu au Danemark pour collecter un spécimen. En semaine, il travaille sur des plus grosses affaires de meurtre en Belgique, « un travail stressant, dit-il. J’ai besoin de me consacrer à ma collection en plus. Ça me permet d’avoir l’esprit tranquille ». Eddy me donne même un Ocinebrellus inornatus en souvenir, un coquillage qu’il a trouvé en Zélande.
« C’est comme un gigantesque magasin de bonbons ici », dit le vendeur suivant, alors que je tiens un autre petit coquillage coloré dans ma main. « Elles ne viennent pas de l’eau, elles poussent sur les arbres dans la jungle », précise-t-il. Je me retourne et me heurte à une grande boîte en carton pleine de dents de requin. À côté, d’autres coquillages sont présentés sur une couverture en satin, pour 15 euros pièce. Je renonce à essayer de contrôler mon envie d’acheter et je remplis un panier de coquillages soigneusement sélectionnés.
Plus loin, quelqu’un travaille sur une collection de coquillages avec un pinceau huilé : « Ça permet d’éviter que les coquillages ne se dessèchent. On peut faire ça avec de l’huile pour bébé parce qu’elle est lavable. » Je lui demande comment est née cette fascination pour les coquillages. « En regardant les belles formes et les couleurs, dit-il. Tout a commencé par le fait d’apprécier la beauté d’un coquillage. L’envie de collectionner a évolué au fil des ans. » Beaucoup de ces passionné·es de coquillages se révèlent être impliqué·es dans des études scientifiques, d’autres viennent ici simplement par fascination pour la beauté des coquillages. Certaines personnes ont acquis tant de connaissances au fil des ans qu’elles découvrent régulièrement de nouvelles espèces de coquillages. Il existe même un certain nombre de coquillages qui ont été baptisés à leur nom.
David et Kevin se font appeler les « Shell Brothers » et se tiennent derrière une table avec une autre collection de coquillages. Il y a même une promo en cours – « 5 coquillages pour 1 euro » – à laquelle je ne vais pas tarder à céder. Les frères sont satisfaits de la participation légèrement plus jeune de cette année : « Seul·es les membres et les ami·es visitent généralement la foire, mais cette année on a remarqué qu’on a attiré un nouveau public, plus jeune. Ce serait bien que ça se développe. Mais la collection, c’est pas pour tout le monde : les règles sont de plus en plus strictes et ça demande beaucoup de temps et de recherche. »
L’époque où la collection de coquillages était considérée comme un symbole de statut social est révolue. Mais j’admire toujours cette grande fascination pour les petites choses. Vous voulez devenir un·e amateur·ice de coquillages ? Consultez le site de l’assos’ et restez informé·e de tous les événements liés aux coquillages.
*La conchyliologie, c’est la branche de l’histoire naturelle consacrée à l’étude des mollusques à coquille.
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