DSOL. C’est ce qu’on peut lire sur les articulations tatouées de la main droite de Matty Matheson. « Dead Set On Life » : un idiome que l’on pourrait traduire par « Bien déterminé à vivre », ou quelque chose comme ça.
Dead Set On Life, c’est d’abord le nom de son nouveau show, à découvrir en exclusivité sur Viceland (et dès maintenant, si vous scrollez jusqu’à la fin de l’article). Mais c’est aussi un souvenir de cette époque où il était, comme il le dit lui-même, bien à fond dans deux trucs : l’autodestruction et Hüsker Dü, le groupe de rock de Minneapolis.
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« Juste avant ma crise cardiaque, j’étais en pleine phase Hüsker Dü et on avait de grands projets. On voulait ouvrir un bar qu’on aurait appelé Dead Set on Destruction. C’est une chanson du groupe. On se disait que c’était le meilleur nom possible pour un bar. ‘On va ouvrir le bar le plus chanmé du monde, un truc tout droit sorti de Une Nuit en Enfer ou de Road House. Ce sera trop chanmé !’ voilà le genre de trucs qu’on se disait. »

Photo de Luis Mora.
Mais ce qui devait être le bar le plus chanmé de Toronto n’a finalement jamais vu le jour. Matty, du haut de ses 29 printemps, a fait une crise cardiaque à cause de toute la picole et des substances plus ou moins légales qu’il consommait. Ayant frôlé la mort, il fallait bien qu’il saisisse toute l’ironie de la situation. « On était dans cette putain de chambre d’hôpital avec mes potes et on papotait, on rigolait bien quand un de mes gars a simplement fait remarquer : ‘T’es mal barré pour ouvrir ton bar Dead Set on Destruction. On dirait plutôt que t’es Dead Set on Livin, maintenant, non ?‘ »
Une fois sorti de l’hosto, Matty a dû réapprendre à vivre comme il faut en se sortant la tête du cul. Une évolution lente et difficile.
« À l’époque où je faisais beaucoup la fête, j’étais beaucoup dans le paraître. Je voulais être le type cool, celui qui est toujours là dans toutes les soirées. Je voulais être plus bourré que n’importe quel chef. Je voulais me la jouer dur et bosser plus que n’importe quel autre chef. Mais ça ne pouvait plus durer. Je me suis sorti la tête du cul en me demandant comment je voulais vraiment vivre ma vie. J’avais des choix à faire et ils allaient complètement changer ma manière de vivre. »

Maintenant, la vie de Matty se consacre à ne pas foutre en l’air ce qu’il considère comme sa « seconde chance ». Il est finalement devenu l’incarnation des quatre lettres tatouées sur sa main. « Je voyage, je vois des choses que je n’avais vues auparavant. Je vis vraiment, c’est une opportunité incroyable. Dead Set on Life, c’est moi en train de vivre des choses pour la première fois. J’ai l’impression que ça représente bien ce qu’est ma vie maintenant. Franchement, je ne serais pas en train de faire cette émission si j’avais continué avec le même rythme de vie. »
Autre point positif : le titre de chef ne plombe pas Matty. Il ne se voit pas dans une case prédéfinie. « Je veux juste être Matty. Je veux faire ce que j’ai envie de faire. Je veux ouvrir des restos, plein de restos. Je veux faire de la télé, des émissions sur Internet. Je veux voyager. Je n’ai qu’une vie donc je ne veux pas être juste un chef. Si plus personne ne m’appelait ‘chef’, ça ne me poserait aucun problème. Ça fait un an que je ne suis plus vraiment en cuisine. Mon chef de cuisine, Brent, s’occupe du Parts & Labour. »

Bien entendu, Dead Set on Life est une émission dans laquelle Matty fait l’expérience des trucs les plus extrêmes. « Je me frotte à n’importe qui. Si le type n’est pas relou c’est cool, mais même si les gars sont des connards, on arrive à ce que ça rende bien dans l’émission. Je traîne avec tout le monde et je teste tout ce que je peux. Je n’ai peur de rien. Je peux traîner avec de vraies merdes ou alors je peux me retrouver au beau milieu du Canada avec des gars qui font des courses de voitures volantes. »
Naturellement, il y a pas mal de bouffe en jeu. Elle est achetée, tuée et dévorée tout au long de l’émission. À Newfoundland avec la légende qu’est Jeremy Charles, Matty a chassé de l’élan. À Winnipeg, il a participé à un boodle fight philippin. Dans les Prairies canadiennes, il a fait un barbecue au feu de bois avec la viande d’un bison gigantesque.

Si Matty Matheson est maintenant célèbre, c’est dû en grande partie à ses collaborations avec MUNCHIES, notamment ses vidéos How-To et sa série Keep It Canada. « Les gens me reconnaissent. Quand je marche dans la rue, on va m’arrêter six fois pour me demander comment je vais, ‘Matty ! Matty ! Matty !’ On me hurle dessus dans la rue pour que je m’arrête et prenne des selfies. »
Cette renommée a bien dépassé les rues de Toronto puisque son restaurant phare, le Parts & Labour, est à présent un lieu de culte international pour les fans de tout âge. « L’autre jour, trois types de Copenhague ont débarqué dans le restaurant. Ensuite, il y avait ce groupe de vieux qui avait fait le voyage d’Allemagne jusqu’à Toronto pour rendre visite à un cousin. Ils m’ont dit : ‘On est d’abord venu ici. On veut une photo de toi dans ta cuisine. On adore ta vidéo sur les pancakes, on adore toutes tes vidéos !’ C’est dingue. »
Cette nouvelle célébrité ne monte pas à la tête de Matty. Disons que frôler la mort à cause de son narcissisme l’a préparé à ce nouveau statut. « Mentalement, je n’ai jamais été aussi fort », déclare-t-il. Et puis, Matty possède une arme secrète contre les chevilles qui gonflent : Master Rang.

Nguyen Rang est un personnage assez mystérieux tout droit venu du passé de Matty. C’est un mentor, un ami et une véritable figure paternelle pour lui. On peut dire que Master Rang est à Matty ce que Danny Glover est à Mel Gibson. C’est lui qui lui a fait découvrir le pho et lui a fait les pieds quand il était commis de cuisine. Il a ensuite prénommé son fils Matthew en hommage à son employé préféré.
Quand ils se sont rencontrés il y a une décennie, leur relation n’était pas toute rose. Au bistrot de Toronto Le Sélect, « Il aimait qu’on l’appelle Master Rang au lieu de ‘chef’, » se souvient Matty. « On l’appelait donc Master Rang. C’était un vrai dragon, le genre à t’engueuler à tout va. Il s’approchait de nos visages pour nous crier dessus. Moi, il m’appelait ‘Fat Boy’. Aujourd’hui, tout le monde m’appelle comme ça, mais à l’époque je n’avais que 22 ans et lui me gueulait dessus : ‘allez tas d’graisse, on se bouge ! On se bouge ! Cuisine ! Cuisine ! Cuisine !’ »
La folie de Master Rang n’était pas sans but – c’est ce qu’il dit, en tout cas. « Matty n’était pas un bon cuisinier, au départ. Je lui faisais la misère tout le temps, comme à l’armée. Je ne l’ai pas formé comme si on était en cuisine mais comme si on était à l’armée. Ce qu’il dit dans l’émission, c’est vrai : je le piquais avec des pinces chauffées. Au début il était lent. Mais il a vite évolué et c’est devenu un très bon cuisinier. Et il va très vite maintenant, tout Fat Boy qu’il est. (…) J’ai fait ça parce que je voulais qu’il réussisse – et j’ai eu raison de le faire ! »

Dead Set on Life a aussi permis à Matty de rendre hommage à son Maître. Un épisode en particulier a particulièrement touché Master Rang : « Matty et moi apprécions tous les deux la junk food bien grasse. Tous les week-ends, je faisais frire un poisson entier et je le lui donnais. Et pour un épisode de la série, il m’a invité chez lui. Sa femme, Patricia, était là. Et il m’a cuisiné un poisson frit exactement comme je faisais pour lui. C’était très fort. »
« Je le vois toujours comme un jeune garçon, un jeune punk fêtard. Je savais qu’il était malin mais je ne savais pas s’il allait en faire bon usage [rires]. Maintenant il est plus responsable, il a une famille et un business à faire tourner. Matty est très malin, très pragmatique. Aujourd’hui, tout ce qu’il fait, c’est pour sa famille. »

Matty ne s’est pas contenté de produire une émission télé l’année dernière. En mars, sa femme Patricia a donné naissance à leur premier enfant, Macarthur. Cette nouvelle existence garde Matty définitivement sur les rails.
« Je prends plus facilement des décisions maintenant parce que je sais que c’est eux ma priorité. Je réfléchis en fonction de ce qui est le mieux pour eux. Je peux subvenir à leurs besoins. Je vais bientôt pouvoir acheter une maison pour ma famille. Je voudrais acheter un cottage. On peut partir en vacances dans des endroits pas dégueu. Je veux acheter des motoneiges. Je veux aussi acheter des jet-skis. Où est-ce que je trouve l’argent pour ces jet-skis ? C’est comme ça que je réfléchis. En deux ans et demi, mes objectifs ont radicalement changé. »
Au final, la paternité est encore plus planante que les drogues, l’alcool et la célébrité réunis. « C’est plus kiffant que n’importe quelle fête. C’est meilleur que tout ce à quoi j’ai pu goûter. Meilleur que toute la cocaïne que j’ai pu sniffer. Toutes les drogues que j’ai pu tester ne ressemblent en rien à ce que je ressens – à tout l’amour que je ressens. Ce que je cherchais à l’époque, c’est vraiment devenu ridicule face à ce que je ressens pour ce gosse. »
Si tu veux voir Matty dans des voitures volantes, Matty à la chasse, Matty à la station essence ou encore Matty et Master Rang, alors file regarder Dead Set on Life sur VICELAND… ou fais-toi une idée en matant le trailer et l’épisode 3 en intégralité ci-dessous :
DEAD SET ON LIFE 103 THE MATTY OF MANILLA par Viceland-FranceMore
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