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« J’ai passé tellement de temps à l’étranger que j’en ai presque oublié ce que signifie être britannique », écrivait le photographe Sam Gregg sur son site. Né à Londres en 1990, Sam parcourt sans relâche le monde à la recherche de son prochain sujet. Il s’est notamment rendu à Bangkok pour photographier le tristement célèbre Klong Toey et à Phuket pour capturer le légendaire Festival des neuf empereurs.
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Plus récemment, Sam a passé quelque temps à Naples pour photographier la ville et ses habitants. VICE Italy l’a rencontré pour discuter du projet qui en résulte, See Naples and Die.
VICE : Qu’est-ce qui vous a fait choisir Naples plutôt que toute autre ville italienne?
Sam : J’ai visité Naples il y a quelques années et je suis absolument tombé amoureux de cette ville. Je me souviens de m’être dit : « avant de mourir, je dois vivre une année à Naples ». A 26 ans, je me suis dit « bon, c’est maintenant ou jamais », alors j’ai franchi le pas. J’ai quitté mon job à Londres, trouvé une chambre dans le centre de Naples et commencé à enseigner l’anglais. Si je voulais documenter la ville, c’était mon seul moyen pour survivre. J’enseignais le matin et le soir et, entre temps, je prenais des photos.

Quelles sont certaines des caractéristiques qui rendent Naples et ses habitants différents des autres lieux et des autres peuples ?
Les Napolitains – en particulier ceux des quartiers centraux de Quartieri Spagnoli, Sanità et Forcella – croient fermement qu’ils sont taillés dans un tissu différent de celui du monde. La façon dont ils parlent, la façon dont ils s’habillent et la composition même très physique de leur être sont différents. Ils sont incroyablement passionnés, colorés, voyants, effrénés, accueillants, rusés, forts, fiers, mélodramatiques et incompris. La liste des adjectifs que vous pouvez utiliser est infinie. Naples est l’incarnation même de la vie.
Pour ce qui est de savoir pourquoi les choses se passent ainsi, je suppose que ça tient à l’histoire. Naples a traversé tant de dirigeants différents au cours des deux derniers millénaires, ce qui a conduit à une fusion de traits et de coutumes uniquement napolitains.
Vos photos sont principalement des portraits. Comment avez-vous abordé vos sujets ?
La plupart des gens étaient plus qu’heureux de se faire prendre en photo. Les Napolitains sont de nature théâtrale et sont très fiers de leur sens unique de la mode – ils ne sont certainement pas timides devant l’objectif. En tant qu’Anglais, j’imagine aussi que j’étais une curiosité pour eux. Il n’y avait pas beaucoup de touristes dans certaines des régions que je fréquentais, encore moins avec un appareil photo argentique 120 mm attaché autour du cou.

Pourquoi avez-vous choisi de nommer le projet See Naples and Die ?
C’est une citation du Voyage en Italie de Goethe. Naples était autrefois l’une des villes les plus riches du monde, si glamour qu’il n’y avait absolument aucune raison de partir. C’est supposé vouloir dire qu’après avoir vu Naples, on pouvait mourir tranquille, aucune autre ville ne pouvant égaler sa beauté. Dans un contexte moderne, l’expression est une référence ironique au phénomène de la violence liée aux gangs dans la ville.
Comment en êtes-vous venu à la photographie ?
J’ai travaillé dans l’industrie cinématographique pendant plusieurs années, mais mon travail était plutôt ennuyeux. La photographie était donc ma façon de compenser ça, une sorte d’exutoire créatif. Ma façon de rattraper le temps passé assis devant un ordinateur toute la journée. Je ne veux pas paraître prétentieux, mais je me sentais un peu comme Tantale – le type qui a tenté de voler l’ambroisie et le nectar des dieux grecs. J’étais si proche de la créativité que je pouvais presque la goûter, mais je ne pouvais jamais l’atteindre. La photographie était ma façon de prendre le contrôle et de satisfaire ces envies.

Qu’espérez-vous que les gens ressentent en voyant votre travail ?
J’espère qu’ils le trouveront un peu différent. En tant qu’étranger, j’ai peut-être été en mesure de saisir chaque jour les tendres aspects de Naples pour lesquels les locaux sont devenus insensibles. Mon travail consiste à trouver la beauté dans le banal, en soulignant l’extraordinaire dans l’ordinaire. Mes images ne sont pas motivées par la politique, elles ne font que documenter les personnages dynamiques trouvés dans les quartiers négligés de la ville.
Y a-t-il une image de la série à laquelle vous vous sentez particulièrement attaché ?
Oui, celui de l’homme en costume à rayures. Il s’appelle Luigi, mais tous les habitants du quartier le connaissent sous le pseudonyme de Forcella Playboy.
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Cet article a été initialement publié sur i-D UK.
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