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Pardans pratique le rock le plus chaotique de l’hémisphère nord

Le saxophone a longtemps été la lie du rock, une protubérance assez monstrueuse qui semblait rattachée pour toujours au pire des années 80. Jusqu’à ce qu’il se passe deux choses : d’une part, que le bon goût (comme le mauvais) ne veuillent plus dire grand-chose aux oreilles de moins en moins profanes des mélomanes, la faute aux chambardements esthétiques du Grand Internet. Puis qu’on redécouvre les joies de tout ce que l’instrument a produit de plus radical, dissonant et hors du cadre – James Chance, la no wave, les Lounge Lizards, et même les Stooges, ces grands baisés du free jazz devant l’éternel.

Si bien qu’aujourd’hui, on se retrouve avec tout une palanquée de jeunes gens qui manient la cacophonie et le bruit blanc avec une décontraction et une désinhibition qui ont fini de rendre la pratique tout à fait normale. Exits l’anormalité et la marge donc, le pas de côté et la difformité, mais ne boudons pas notre plaisir pour autant ; la perspective de voir pulluler des petits James Chance au carré, même ôtés de leur inquiétante étrangeté, sera toujours infiniment plus réjouissante que celle de devoir se fader, au hasard, un hypothétique revival à la Supertramp.

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Les jouvenceaux danois (décidément la patrie des cœurs en vrac et de la dissonance) de Pardans font partie de ceux-là : leur musique évoque les castagnes viriles et le vague à l’âme, le corps qui bouillonne sous l’ennui banlieusard, mais aussi une poussée de sève plus adolescente qu’arty, laquelle perdra probablement de sa saveur une fois les agitations passées de la post-adolescence.

Ils partagent bien sûr un air de famille avec leurs faux grands frères d’Iceage (dans la voix, la production, la démarche chancelante, l’imagerie vaguement homo-érotique et la théâtralité façon Nick Cave qui ôte le costume de Birthday Party pour celui des Bad Seeds), mais leurs embardées sonnent moins calculatrices et poseuses que celles de leurs jeunes aînés. Il y a quelque chose de bien plus rigoureux, une sorte d’urgence de forme et de liberté dans le carcan qu’il partagent plutôt avec des jeunes groupes comme Housewives, dont on se désole qu’ils ne bénéficient pas eux aussi d’une audience plus conséquente. Car Spit and Image, le deuxième album de Pardans, dont on écoute un premier extrait ci-dessous, est bel et bien, pour peu que l’on daigne y jeter une oreille, l’un des disques les plus urgents, chaotiques (dans le sens où la bastringue semble constamment sur le point d’imploser) et impolis de l’année.

Le nouvel album de Pardans, Spit and Image, sortira le 5 octobre en France chez Third Coming Records.
Le groupe sera en concert gratuit ce soir à Paris au Supersonic. Les infos sont disponibles ici.

Marc-Aurèle Baly est sur Noisey.