Drogue

Rencontrez le héros qui a combattu des voleurs avec un bong

L’article original a été publié sur VICE Canada.

Il y a quelques jours, le Canada s’est découvert un nouveau héros.

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Ce héros est un chevalier des temps modernes qui, accompagné de son fidèle destrier, a repoussé des envahisseurs avec Excalibur, à la différence qu’Excalibur est un bong et que son destrier est un chihuahua miniature nommé Cheech, et que les envahisseurs étaient quatre gars masqués et armés de gaz poivré pour repousser les ours qui ont tenté de cambrioler son dispensaire de cannabis.

Il nous a été donné de voir ce héros à l’œuvre grâce à la caméra de surveillance du Recreational Cannabis Farmers Market dans le territoire mohawk de Tyendinaga (à 200 km à l’est de Toronto). Les images, captées au début de septembre, montrent un homme et une femme — Joshua Lewis-Brant et sa femme Audrea — attaqués par quatre aspirants voleurs qui pulvérisent quantité de gaz poivré pour ours avant que l’homme se dise qu’assez, c’est assez, empoigne un gros bong et les fasse déguerpir.

Si vous voulez lire une description détaillée de la bataille — et vous devriez, car c’est une scène glorieuse —, elle est à votre disposition. La vidéo montrant Joshua et son maniement de bong a été vue près de 500 000 fois, et le héros, surnommé le bong ninja, a depuis goûté à la célébrité.

J’ai rencontré Joshua Lewis-Brant pour parler des petits chiens, de l’utilisation d’un bong comme arme et de l’échauffourée devenue célèbre.

VICE : Fais-moi revivre le jour de la tentative de cambriolage. Comment ça a commencé?
Joshua Lewis-Brant : C’était une journée de travail comme les autres pour ma femme et moi. On faisait le ménage de la boutique, on plaçait des produits sur les tablettes. Je suis allé aux toilettes à l’arrière et en revenant j’ai vu un véhicule traverser notre stationnement sans s’arrêter. Sa plaque était masquée.

Je suis rentré et j’ai voulu texter les propriétaires pour leur dire ce que j’avais vu, mais avant que j’aie eu le temps d’envoyer le message, le véhicule était de retour devant la boutique. Ma femme m’a averti que des types allaient entrer avec quelque chose. Elle nous a donc donné un avantage avant même qu’ils passent la porte. On savait ce qui se passait. C’est important, ça fait en sorte que tu es préparé. Tu es gonflé à bloc.

Dès qu’ils sont entrés, ils ont pulvérisé du gaz poivré pour ours. En as-tu reçu beaucoup?
Oui, on en a reçu pas mal. Il y a des gens qui nous ont demandé pourquoi on ne leur avait pas donné ce qu’ils voulaient. Bien, ils sont entrés, ils ont crié « couchez-vous » et ils ont tout de suite commencé à pulvériser du gaz poivré pour ours dans la boutique. Ils n’ont rien demandé, ils n’ont pas dit qu’ils voulaient nous cambrioler. Ma femme et moi, on a été aspergés de gaz poivré, et notre chihuahua aussi, qui s’appelle Cheech et qu’on venait tout juste d’adopter.

Après, Cheech n’allait vraiment pas bien, c’est probablement la pire chose dans cette histoire. Un de nos amis l’a emmené en vitesse chez le vétérinaire et ils ont dû le laver avec une solution saline. C’était fou.

Oh. Est-ce qu’il va mieux?
Oui, il va bien.

Donc tu as attrapé un bong et foncé vers eux?
Oui, c’était la chose la plus proche de moi. J’ai vu deux des gars faire le tour du comptoir vers nous, alors je suis allé vers eux avec le bong. C’était très instinctif, je ne savais pas ce que j’allais faire avant de le faire.

Au début, j’avais un peu peur, mais après, non, parce que, tu sais, on a tous déjà été dans un bar [rires]. Ça me rappelait ça, d’une certaine façon, et c’est peut-être pour ça que j’ai baissé les bras et que je leur ai dit : « Qu’est-ce que vous allez faire avec ça? » Ils avaient un plan, mais, heureusement pour ma femme et moi, ils n’avaient pas d’autres armes, alors après avoir vidé leur gaz poivré, ils ne savaient plus quoi faire.

Je pense que ce qui leur a le plus fait peur, c’est que je n’avais pas peur. Je voulais leur faire passer un sale quart d’heure.

Où est le bong maintenant?
Je l’ai lancé sur le véhicule et il s’est brisé. Quand je les repoussais dans la boutique, la base du bong a éclaté, mais la partie du haut était encore en un morceau. Dehors, je l’ai lancée sur la portière du côté du conducteur et, par miracle, elle ne s’est pas cassée, mais elle a fait une grosse marque sur la portière. Je l’ai ramassée pendant qu’ils s’enfuyaient et je l’ai lancée sur le derrière du véhicule, et là ce qui restait a éclaté.

Mais un de mes amis a retrouvé l’embout intact et ils l’ont encadré. Et un de nos clients nous a fait une affiche « bong ninja ». On a des clients plutôt sympas.

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Tu as vraiment bien gardé ton sang-froid. Est-ce que tu t’es battu dans ta jeunesse? Ce n’était évidemment pas ta première fois.
Bien, comme j’ai dit, je suis déjà sorti dans des bars quelques fois [rires]. J’étais un peu fou quand j’étais jeune, mais je ne suis plus comme ça aujourd’hui. Mais ce qui se passait me rappelait exactement les bagarres de bar. Ça m’a fait remonter le temps. J’ai montré la vidéo à mon père et ça lui a fait le même effet. Mais l’époque des bagarres dans les bars est loin derrière maintenant.

Combien de temps ont duré les effets du gaz poivré?
Il se trouve que c’est plutôt fort, ce truc-là. C’est à base d’huile, alors on ne peut pas l’enlever avec de l’eau, ou, du moins, ça prend beaucoup d’eau pour l’enlever. Pendant une semaine, à peu près, on s’est sentis plutôt mal, comme si on avait eu un coup de soleil. Si je me mordille le bout des doigts, c’est encore comme si je venais de manger des ailes de poulet piquantes.

Plusieurs personnes ont dit sur internet que tu étais le toughest motherfucker au pays. Qu’est-ce que ça te fait?
C’est cool que des gens pensent ça, mais, honnêtement, ma femme y est pour beaucoup et elle n’obtient pas la reconnaissance. Sans son avertissement, ça aurait pu se passer très différemment. Et, comme je l’ai dit, on a eu de la chance qu’ils n’aient pas apporté d’autres armes. Ça se serait passé d’une façon complètement différente. En tout cas, je ne laisse pas ça me monter à la tête.

C’est cool que ce soit viral, mais, comme je le répète aux gens, si je n’avais pas pris ce bong, tout le monde s’en serait fiché.

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