Même en son fief historique de Bayonne, le groupe Monarch reste une gloire un peu planquée. Formé en 2002, autour de MicHell Bidegain, Shiran Kaïdine (que vous avez peut-être déjà croisé chez Year Of No Light ou chez les surfeurs be-bop de Gasmask Terrör) et la chanteuse Emilie Bresson, Monarch a balancé à la face du monde pas moins de 7 albums (on ne compte pas les splits ni les EPs) d’ultra-doom aux morceaux dépassant pafois tranquillement les 35 minutes. Et si Sabbracadaver, leur dernier disque sorti cet été sur Profund Lore, la joue limite petit bras avec 3 titres d’à peine plus de 15 minutes, l’engin s’impose clairement parmi ce qu’ils ont fait de mieux et leur a valu de se retrouver sur des affiches 100 % défonce (le mois prochain au Damnation Festival à Leeds, par exemple).
On a donc tracé à Bayonne, pour discuter avec MicHell Bidegain, bassiste et tête d’ampli pensante de Monarch. Il nous a reçu dans le décor de cabinet de curiosités plutôt sombre et flippant de son tout nouveau salon de tatouage, Sabbra Cadabbra, dont l’enseigne dit « Nacht Templum Obcura – Cabinet Privé ».
Noisey : Tu as toujours vécu à Bayonne ?
MicHell Bidegain : Non, j’ai grandi aux Etats-Unis, mais je suis arrivé dans le coin quand j’avais treize ans. J’étais dans le punk hardcore, mais c’est Shiran, le guitariste, qui m’a fait découvrir tout ce qui est grind et power violence.
Comment avez-vous décidé de former Monarch ?
Shiran et moi, on était au lycée ensemble. On jouait déjà dans un groupe de power violence, puis on s’était mis à intégrer des éléments plus sludgisants et doomisants à force d’écouter des trucs comme Noothgrush, Man Is The Bastard ou Corrupted.
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On a décidé d’arrêter le power violence et de faire un groupe de doom, juste de doom. On a commencé à écrire des morceaux qui faisaient cinq, six, sept minutes. Puis on a ralenti le tempo. Les morceaux ont commencé à faire vingt minutes, puis bien plus long encore. On a commencé à s’accorder plus grave. Et petit à petit, c’est devenu Monarch.
Du power violence comme style musical pour son groupe de lycée, ce n’est pas très commun. Vous étiez nombreux à partager les mêmes goûts musicaux ?
On était trois ou quatre.
Vous étiez les misfits du bahut ?
Mouais. Pas qu’à cause de la musique. Plutôt parce qu’on n’avait pas d’amis. On était des teenagers boutonneux avec des T-shirts Napalm Death.
Votre line-up est un peu dur à suivre. J’ai l’image d’un groupe à géométrie variable : une base puis ça peut tourner selon les époques, la géographie, le studio, le live, les tournées…
Exactement [long moment de silence]. Je ne saurais pas expliquer pourquoi. Les gens arrivent dans le groupe. Les gens quittent le groupe. Il y a besoin de nouveau personnel. Ça tourne, ça tourne. Restent toujours les trois membres fondateurs, Shiran, Emilie, et moi. Depuis qu’on a commencé à écrire pour deux guitares, il y a forcément besoin d’un second guitariste. Ça varie selon les disponibilités de tout un chacun.
Et vous êtes maudits pour les batteurs ?
Ouais. À la Spinal Tap.
Comment vous êtes vous retrouvés au Japon ?
On avait déjà fait une tournée là-bas il y a quelques années avec le groupe Birushana. On s’était beaucoup amusés et on a décidé d’y retourner avec le même groupe. Ça s’est très bien passé mais mon Dieu qu’est-ce qu’il a pu faire chaud ! Il faisait trop chaud, c’était insupportable.


Vu qu’on aborde le sujet, les pratiques occultes et la magie, vous aimez vraiment ça, ou c’est juste pour le décor ?
C’est surtout pour l’esthétique, je pense. Ça dégage toujours une bonne ambiance.
Ouais, carrément. On est tous fans de tout ce qu’il a fait. Il a une super oreille, et une super culture.
Vous vous plaisez ici à Bayonne ?
Je suis le seul membre du groupe à habiter à Bayonne. Actuellement, ce serait même plus sincère de dire que Monarch est un groupe bordelais. Mais ça m’embête. J’ai été mis en minorité mais je tiens bon. Le groupe a été formé à Bayonne. J’en suis fier. Et moi je m’y plais bien. On garde un anonymat relatif. Il ne se passe absolument rien. Vraiment. Culturellement, c’est le tiers monde. Mais on n’est pas très loin de Bordeaux, de Toulouse, de Saint Sébastien, de Bilbao. Pour voir des concerts, par exemple. En fait, c’est reposant, ici.
Guillaume Gwardeath est né à Bayonne et y mourra. Il est sur Twitter – @gwardeath
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