VICE s’est entretenu avec elle afin de parler de son parcours, de son évolution et du clip de son tout nouveau single, Heaven.
VICE : Explique-moi un peu le concept derrière le clip d’Heaven.
Silver : Avec Wave, Heaven et California, mes trois premiers singles, je voulais un peu revenir sur les trois gros sujets qui avaient marqué ma vie en Gaspésie jusqu’à mes 21 ans. À travers Heaven, je voulais aborder le sujet de la dysphorie de genre. La vraie histoire, c’est qu’à 15 ans, j’avais une blonde, et on était les deux kids « différents » du village. Elle venait d’arriver de l’extérieur et on était un peu les deux fuckés de Chandler. C’était mon premier amour et je ne savais pas si j’étais trans; je me posais beaucoup de questions, j’étais vraiment très confus par rapport à tout ça. Je me suis rendu compte que j’étais gai, et ça a un peu tout scrappé. Je voulais exposer quelque chose qui s’était vraiment passé et comment, au final, les plaies finissent par cicatriser, que l’amour apporte toujours une lumière sur tout.
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La chanson, c’est une collaboration avec Boucane, un artiste montréalais. On a participé au même podcast il y a quelque temps, et il avait mentionné qu’il souffrait de dépersonnalisation, qui est un trouble anxieux. À 17 ans, je suis parti de la Gaspésie après avoir vécu un choc traumatique et j’ai commencé à aussi souffrir de dépersonnalisation. J’ai écouté un album que Boucane avait fait, qui s’appelait d’ailleurs Dépersonnalisation, et je lui ai dit que j’aimerais mettre ma voix sur une de ses compositions, et il a accepté.
Le clip a été fait en collaboration avec Jean Vital Joliat et Guillaume Beaudoin. J’ai écrit le scénario, et je me suis inclus dedans, avec Joanie Blais et Mégane Perron, qui assurent les rôles féminins.
Si l’on retrace ta carrière depuis le début, on voit une nette évolution, autant dans la musique que dans le personnage. Est-ce que c’est quelque chose de conceptuel ou un changement naturel, pour toi?
En fait, si on prend l’exemple du clip pour Heaven, il y a certaines des idées du scénario que j’ai depuis que j’ai 14 ans; j’ai voulu mélanger des concepts que j’avais depuis longtemps. Donc, dans un sens, il y a une évolution, parce que je vais chercher des équipes spécifiques pour les idées que j’ai. Quand j’avais 14 ans, je faisais de la photo et je me décolorais les cheveux et les sourcils comme je l’ai fait dans le clip; ça faisait comme une renaissance pour moi. Je retournais à la couleur zéro. C’était comme si je me démaquillais jusque dans la couleur de mes cheveux. Dans notre monde superficiel, on est très axés sur l’esthétique, et moi je suis un peu antiesthétique, je suis vraiment genderfuck. J’aime aller gruger les trucs qui me font mal et puiser dans les métaphores visuelles. J’ai différentes esthétiques pour différents sujets. Je m’apprête à tourner le clip pour California, et ça sera complètement différent. Ce n’est pas tellement une évolution linéaire, c’est plutôt une évolution personnelle dans les différents scénarios que j’ai.
Alors est-ce qu’on parle vraiment d’évolution ou simplement de toi qui nous présentes différentes facettes de toi même?
Je dirais plutôt que j’ai différentes idées. Par exemple, quand on touche au thème de l’identité, je vais aller pour le blond platine. Je sais pas d’où ça vient, mais si je fais des photos ou des clips, j’ai l’impression que si je suis blonde platine, tout se passe dans mes yeux, dans l’ambiance. On dirait que c’est mon côté plus vulnérable ou le pouvoir de ma sexualité. Si j’ai les cheveux plus foncés, c’est plutôt mon côté autodestructeur. Ce sont différents tableaux de moi-même.
Quand tu écris une chanson, est-ce que tu imagines automatiquement les visuels qui vont l’accompagner?
Oui, parfois je me réveille à 3 h du matin et j’ai une idée de chanson. Je vois tout de suite l’image du clip, avec tel type de lumière qui me flashe dans la face, tel angle de caméra, tel ralenti avec mes cheveux qui volent au vent; je vois vraiment loin [rires]. Chaque toune que je fais vient avec un clip en tête.
C’est vrai que tu sors rarement des chansons. Est-ce que c’est parce que tu planifies bientôt sortir un album?
L’an passé, je me suis enfermé dans une église pendant huit mois et j’ai composé l’équivalent de trois albums. C’était une décision financière, je me suis dit : « Si je veux sortir un album, je vais passer tout mon temps en studio et dépenser jusqu’à la dernière cenne là-dessus. » Donc, pour l’instant, je me dis que je peux profiter de mes clips pour mettre en lumière des sujets qui n’étaient pas faciles pour moi. Une fois que ce sera fait, je vais sortir un album. Tout est prêt, j’ai même un titre et tout, il faudra seulement entrer en studio afin de peaufiner certaines chansons. Donc, sûrement d’ici juin 2018, j’aurai une œuvre qui sera une compilation des meilleures des 90 chansons que j’ai enregistrées.
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