« En faire trop, c’est notre truc. C’est le ‘black swag’, l’afro-américain dans son essence », écrit Slick Rick dans la préface de Ice Cold. A Hip-Hop Jewelry History, le livre exhaustif de la journaliste musicale Vikki Tobak sur l’amour du genre pour tout ce qui est doré et clinquant.
« En tant qu’enfant d’immigrés ayant grandi à Détroit, j’ai été confrontée au hip-hop pour la première fois à la fin des années 1980, et j’ai directement été captivée », explique-t-elle à VICE. « Je me souviens avoir entendu It Takes a Nation of Millions to Hold Us Back de Public Enemy au lycée, et ça m’a permis de donner un sens à ce monde. »
Videos by VICE
Tobak, précédemment auteure de Contact High : A Visual History Of Hip-Hop et commissaire d’une exposition itinérante du même nom, a ensuite travaillé au magazine PAPER avant de se lancer dans l’industrie musicale, finissant par bosser avec les jeunes Jay-Z et Mos Def lors de son passage chez Payday Records.
« On pouvait déjà voir que [Jay-Z] était destiné à de grandes choses, musicalement parlant mais aussi d’un point de vue vestimentaire », se souvient-elle. « C’était le début des années 1990… Dans le hip-hop, les bijoux étaient soit faits d’or massif, soit l’antithèse de ça, à savoir des perles afro et des médaillons en cuir comme ceux portés par De La Soul ou Public Enemy. Mos se situait plutôt dans ce camp […] Lorsque peu de temps après, Jay et Diddy sont passés aux diamants et au platine, tout a changé très vite et les enjeux sont devenus plus importants. »

Ice Cold documente exactement ce changement de style, depuis les lourdes chaînes en or des années 1980 jusqu’au bling-bling très conceptuel des années 2000, y compris la désormais légendaire chaîne Murakami Jesus de Kanye West, créée par Ben Baller, le designer américano-coréen qui s’est un jour déclaré « meilleur bijoutier du monde ».
« Ce que j’ai trouvé vraiment intéressant et surprenant, c’est la mentalité commune entre les bijoutiers et les artistes hip-hop. La plupart des bijoutiers sont soit des immigrés, soit des enfants d’immigrés, ils comprennent donc le langage de la débrouille, de la transcendance et de l’aspiration », explique Tobak. « Les notions de création, de richesse, d’héritage et de communautés sont des concepts partagés par ces deux cultures. »

« Encore aujourd’hui, les artistes qui se cachent derrière les bijoux — Ben Baller, Johnny Dang, Jacob the Jeweler, Tito, Eliantte, Greg Yuna,… — sont majoritairement des immigrés ou issus de ces familles-là. Ce côté de l’histoire m’intéresse beaucoup, parce qu’il renvoie à un questionnement sur le rêve américain et au public à qui il est destiné. »
Plus de photos d’Ice Cold. A Hip-Hop Jewelry History, le livre qui documente cette relation prospère entre style et musique, ci-dessous :





Ice Cold. A Hip-Hop Jewelry History est disponible chez TASCHEN.
VICE France est sur TikTok, Twitter, Insta, Facebook et Flipboard.
VICE Belgique est sur Instagram et Facebook.
More
From VICE
-
(Photo by Francesco Castaldo/Pacific Press/LightRocket via Getty Images) -
M Scott Brauer/Bloomberg via Getty Images -
Firefly Aerospace/YouTube -
Justin Paget / Getty Images