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Non, vous ne saviez pas tout sur le clip de « Smack My Bitch Up » de Prodigy

Le réalisateur était le batteur de Bathory, il s’est fait virer deux fois du projet, s’est inspiré d’une de ses virées à Copenhague et a fini par monter la vidéo dans le dos du groupe.

Même si vous n'avez jamais entendu le nom de Jonas Åkerlund avant, vous avez sûrement écouté certains des disques sur lesquels il a joué ou au moins vu les clips qu'il a réalisé. Jonas a en effet été batteur de Bathory et est aujourd'hui un clippeur extrêmement sollicité, avec pas mal de classiques au compteur, parmi lesquels « Ray Of Light » de Madonna et « Paparazzi » de Lady Gaga. Une carrière qu'il a démarré il y a une quinzaine d'années grâce à la fameuse vidéo du « Smack My Bitch Up » de Prodigy. Un clip qui suit, en caméra subjective, un personnage en train de se droguer, de se battre et de baiser, et qui est a visiblement été inspiré par une soirée qu'Åkerlund a passé à Copenhague. On l'a appelé pour en savoir un peu plus.

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Noisey : Salut Jonas, ça roule ?
Jonas Åkerlund : Ouais, je me pèle à Los Angeles, mais sinon tout va bien. Dieu merci, tu parles anglais. J'angoissais, je pensais que t'allais m'interviewer en danois. Je suis une bite en danois.

C'était quand, la dernière fois que tu es venu à Copenhague ?
Avant, j'y passais tous mes étés ! Mais aujourd'hui, j'emmène juste mes gosses au parc d'attractions de Tivoli une fois par an et on se fait un super repas le soir.

Tu étais un peu plus sauvage quand t'étais plus jeune, visiblement.
Oh ouais. Copenhague, c'était l'endroit idéal pour se pinter la gueule. On revendait énormément d'alcool aux Suédois, vu que c'était beaucoup moins cher que chez eux. Avant qu'ils construisent le pont entre les deux berges, on utilisait un bateau privé pour faire nos livraisons. Mais aujourd'hui, c'est devenu légal de ramener de l'alcool en Suède. Y'a plus aucun intérêt à faire ça. À Copenhague, on pouvait voir des films d'horreur et des pornos non censurés, aussi. Les gens sont plus ouverts dans cette ville. Je me souviens avoir vu Evil Dead 2 au ciné, des trucs comme ça.

D'après ce qu'on dit, le clip de Prodigy t'as été inspiré par une soirée de fou à Copenhague. Tu peux nous en dire plus ?
En fait, je ne me souviens plus de grand chose. Pas parce que j'étais trop bourré, mais parce que c'était il y a super longtemps. J'imagine que c'est mieux si je commence par le commencement, pas vrai ?

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Le storyboard de « Smack My Bitch Up », que Jonas a fait après avoir suivi un couple se mettre une race à Stockholm.

Je t'en prie.
Ben, déjà, j'ai eu le job totalement par hasard. J'avais jamais bossé en dehors de la Suède, mais j'avais fait un truc pour Roxette, qui était un groupe mondialement connu. J'imagine que c'est comme ça que Liam de Prodigy a eu vent de ce que je faisais. Un jour, il m'a appelé, et m'a dit de venir le voir chez lui, dans l'Essex, pour que je fasse la vidéo du single qu'ils s'apprêtaient à sortir. J'étais super excité, je trouvais ces mecs super cools. Donc je me suis pointé chez lui, et j'étais comme un poil de cul dans la soupe : le metalleux avec les cheveux super longs au milieu de tous ces mecs avec le crâne rasé. Liam a montré la vidéo que j'avais fait pour Per Gessle aux autres mecs du groupe et j'ai eu le job.

Et tu as immédiatement décidé de t'inspirer de cette nuit à Copenhague ?
Non, non. Je n'avais pas d'idées. J'ai carrément fini par tout annuler. J'arrivais à rien, j'avais zéro inspiration. Du coup, j'ai décidé d'aller faire un tour à Copenhague avec mon pote Hans pour relâcher la pression. On a pris le ferry de Helsingborg à Helsingør avant de conduire jusqu'à la ville. On a réservé une chambre à l'Hôtel Kong Frederik - c'était bien au-delà de notre budget, mais bon. Je ne sais même pas pourquoi on a atterri là.

C'est là que les festivités ont démarré ?
Comme je t'ai dit, je ne m'en souviens pas de grand chose. Mais je sais qu'à un moment, on a fini dans un club de strip-tease pas loin de l'hôtel - qui n'est plus là aujourd'hui. On était complètement raides, j'arrêtais pas de perdre Hans de vue. Un moment, je suis allé dans les chiottes, j'ai vu un box verrouillé et je me suis dit que Hans était peut-être coincé dedans, qu'il y avait un truc qui clochait. Donc j'ai défoncé la porte à coup de pieds - et en fait, c'était un juste un pauvre mec en train de poser sa pêche. Cette image m'a marqué - c'est ça qui m'a donné l'idée de départ pour la vidéo. Le lendemain, j'ai appelé les gars du groupe pour leur dire que j'étais ok.

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Comment as-tu eu l'idée du twist final, où on découvre que le personnage principal est une fille ?
J'y ai pas trop réfléchi. Mais je me suis dit que ça serait un truc inattendu. Certaines féministes ont détesté, d'autres ont adoré. C'était supposé être un truc un peu scandaleux et abusé. Un espèce de twist comique.

Le tournage, ça ressemblait à quoi ?
C'était taré. On a tourné toute la vidéo en un jour à Londres. On avait pas de GoPro à l'époque, on a dû scotcher une énorme caméra 35 mm sur Henrik, le chef opérateur. Le pauvre a été obligé de se trimballer ça toute la journée. J'ai une photo de lui où il fait la sieste avec ce truc sur la tronche. En plus de ça, on essayait de se planquer au maximum pour pas que mes patrons nous grillent : ils avaient vu le storyboard qu'on avait fait, avec une tonne de nichons et de sang, et ils m'avaient dit qu'ils me vireraient si je le faisais.

Le groupe a bien aimé la vidéo ?
En fait, je me suis fait dégager à peine le premier montage terminé. Ils me harcelaient pour que je leur envoie un premier essai, donc je leur ai envoyé une VHS du clip sans effets spéciaux, quedalle. J'ai reçu un fax qui me disait que le label l'avait détesté, que j'étais viré et que c'était pas la peine que je me pète le cul à bosser dessus. Le truc drôle, c'est que comme je ne les avais plus sur le dos, je me suis dit « rien à foutre ! » et je l'ai fait quand même. Une fois fini, je l'ai envoyé à Liam, juste pour lui montrer, et il a adoré.

Dingue. Et puis t'es passé à Madonna après ça. Comment t'as fait ?
C'est une autre histoire. Mais ouais, elle est tombée sur le clip de « Smack My Bitch Up » , je sais pas comment. Elle a adoré, et m'a appelé personnellement pour qu'on bosse ensemble. J'ai cru que quelqu'un essayait de me faire une blague, j'ai raccroché tout de suite. Elle a dû me rappeler pour me convaincre que c'était vraiment elle ! Danika Maia est sur Twitter. Noisey 1997 c'est toute la semaine ici.