The Callisto Protocol review
Toutes les images sont publiées avec l'autorisation de Striking Distance Studios.
Gaming

The Callisto Protocol n'est pas à mettre dans toutes les mains

C'est beau, gore mais aussi extrêmement difficile.
Paul Douard
Paris, FR

Si j’étais un journaliste jeux vidéo passionné de Nintendo ou de rétrogaming, je vous dirais que The Callisto Protocol est « un jeu couloir où il faut tuer des monstres et ouvrir des portes avec des clés pour avancer ». Frappé d’une certaine honnêteté intellectuelle, je ferais sans doute une comparaison avec Elden Ring avant de terminer mon papier en évoquant « un jeu banal n’ayant rien d’autre à apporter qu’un peu de frisson – et encore ». Mais comme je suis un journaliste qui aime s’amuser (comme vous, j’en suis sûr), je vais vous dire ce que The Callisto Protocol est aussi : un titre très beau, excessivement gore et doté d’un univers assez intéressant pour que sa sortie (le 2 décembre) vous titille entre deux achats de packs Halloween sur Warzone

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The Callisto Protocol review

J’ai pu essayer le titre Striking Distance Studios (des anciens de Dead Space) durant deux bonnes heures. C’était un mardi vers 17 heures, dans la cellule d’un Escape game parisien ayant pour thème “la prison”, avec comme seul mobilier une table, une télévision et une Playstation 5. Les éditeurs aiment beaucoup nous convier à ce genre d’évènement. Il est évident que l’ambiance y était un peu plus oppressante que lorsque je joue depuis mon salon à la décoration minimaliste “Japandi” – un mélange des styles scandinave et japonais. À côté de confrères inconnus qui semblaient tous sortir du Hellfest, j’ai débuté dans un niveau du premier tiers de l’histoire où l’impression que la mort allait frapper à la porte se faisait sentir.

Manquer un coup ou une parade et c’est la mort assurée

Pour rappel, The Callisto Protocol vous place dans la peau de Jacob, un type envoyé dans la prison de haute sécurité “Fer Noir”, située sur l’une des lunes de Jupiter, à la suite d’un événement encore inconnu. Si la situation pourrait déjà sembler assez mal embarquée pour Jacob, de nombreux détenus vont commencer à se transformer en monstres, plongeant ainsi le pénitencier dans le chaos. Pour s’échapper et faire la lumière sur ces évènements, on est aidé par un personnage secondaire joué par Karen Fukuhara (Kimiko dans The Boys). Ensuite, et bien, il faut se démerder.

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Si l’univers de la prison spatiale n’a rien de nouveau dans l’univers du gaming ou du cinéma – souvenir ému de Christophe Lambert dans “Fortress” –, celle-ci a le mérite de vous faire voyager en enfer. On ère lentement de salles délabrées en laboratoires obscurs en passant par quelques scènes en extérieure que je n’ai pas pu tester. Les éclairages sont lourds et pesants, les textures d’un monde métallique fait de nuances de gris sont superbes et l’ambiance sonore fait froid dans le dos. Disons-le tout de suite : le jeu fait furieusement peur. Tout est sombre, sans vie et le bruit de machines qui fonctionnent mal camoufle parfois les hurlements de monstres qui peuplent la prison de Fer Noir. Je pense que j’aurais pu vraiment avoir peur durant cette session si un confrère qui jouait à côté de moi n’avait pas passé les deux heures à crier des étonnants « Oh my gosh » à chaque événement survenant devant ses yeux. Il était comme une personne qui vous hurle dessus parce qu’il n’a pas conscience d’avoir un casque audio sur les oreilles.

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Quant au gameplay, la première chose qui frappe lorsqu’on progresse dans les longs couloirs sombres de la prison, c’est la lourdeur du personnage. Notre white guy, qui a sans doute occupé son début de détention à faire de la muscu, est puissant comme un lion mais habile comme un éléphant sous morphine lorsqu’il s’agit de bouger dans un environnement fermé. Les pas dans l’eau sont lents, agrémentés de vibrations sur la manettes et le moindre obstacle ne se passe pas aussi rapidement que pour un Nathan Drake. Dès le départ, cela accentue très clairement un sentiment de prise au piège, voire de claustrophobie.

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Lors de ma session, je devais rejoindre une genre de salle des machines qui contrôle l’eau dans la prison pour faire un truc que j’ai oublié. Avant d’y arriver, j’ai dû me faufiler dans des conduits d'aérations plein de sang, écraser des œufs de monstres, glisser dans les égouts ou encore me battre contre des ennemis qui grossissaient à mesure que je leur infligeais des dégâts. Vous l’aurez compris, le titre est très gore. Beaucoup de gens meurent ou sont morts dans d'atroces souffrances. Vous allez mourir dans d'atroces souffrances et le sang est à peu près présent dans chaque pièce que vous traversez.

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Les combats sont naturellement assez délicats. Peu de munitions, personnage lent et zones exiguës compliquent souvent la tâche. Manquer un coup ou une parade et c’est la mort assurée. Quand je dis “la mort”, je ne parle pas de quelque chose de rapide et sans douleur mais plutôt d’un mutant qui va vous ouvrir le crâne de ses mains avant de vous écraser tous les membres alors que vous respirez encore. Ou dans l’autre sens. Surtout que les ennemis attaquent toujours d’une façon différente. Ce qui est très effrayant. J’avoue aussi m’être plusieurs fois cogné dans un mur, me laissant ainsi noyé dans la honte avant d’être décapité.

Si le titre est très prometteur dans son ambiance, reste à savoir comment les développeurs pourront éviter le sentiment de répétition à force de passer de salles de contrôle en salles de contrôle

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Pendant toute la preview, je disposais d’un flingue peu puissant mais capable de péter les jambes de mes adversaires (oui, comme dans Dead Space) et ainsi me donner un peu de latitude dans mon approche. J’avais également en ma possession une sorte de barre à mine électrique très efficace pour asséner le coup fatal. D’ailleurs, beaucoup de votre survie se joue sur un timing. Par exemple : une balle bien placée déclenche une sorte de rapide QTE qui vous permettra d'écraser la tête du monstre quelque part. Le jouet le plus intéressant était sans surprise ce “gant magnétique”, à mi-chemin entre le canon magnétique d’Half-Life 2 et ce qui se faisait dans Control. Ce dernier permet de saisir les ennemis et de les projeter où bon vous semble – comme par exemple dans une gigantesque roue tranchante.

The Callisto Protocol review

Si le titre est très prometteur dans son ambiance, reste à savoir comment les développeurs pourront éviter le sentiment de répétition à force de passer de salles de contrôle en salles de contrôle, tout en cherchant des batteries pour ouvrir les portes et résoudre quelques vagues enigmes. Car oui, The Callisto Protocol reste très linéaire, très scripté et dans le fond très bien aussi. Mais bon, quel jeu ne l’est pas en 2022 ? De plus, cette lenteur, associée à un environnement spatial et un gameplay basé sur une faible quantité de munitions est typique de la série Dead Space - dont la barre de vie située sur la nuque du personnage rappelle très clairement le titre. Trop ? Peut-être tant les rappels sont à peine masqués. Espérons que le scénario se montre davantage dans les prochaines semaines.

Au bout de deux heures, l’un des développeurs m’expliquait que je n'avais fait que la moitié de ce qui est, a priori, possible de faire en deux heures. Preuve que le jeu est difficile, ou bien que je suis une grosse merde, ou bien que mes confrères sont des giga chad. Peut-être les trois. Quoi qu’il en soit, j’ai hâte d’en voir plus et de me lancer en mode facile dans The Callisto Protocol. Non pas par flemme, mais disons que le die & retry est quelque chose qui ne me procure aucun plaisir. Je préfère avancer, décapiter des monstres et “profiter de l’histoire” - phrase typique d’un mec nul en jeux vidéo me direz-vous. 

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