Culture

L’Internet ultra-orthodoxe

Une journée au rassemblement anti-Internet

Dans le futur, le grand rassemblement anti-Internet de 2012 sera peut-être vu comme le début d’un mouvement mondial visant à apprivoiser et à minimiser l’impact du web sur nos vies : addiction, distraction, stupidité, et la dégradation de la vie privée ont déjà été identifiés comme les effets les plus nuisibles d’Internet. Mais pour les 50 000 juifs ultra-orthodoxes qui sont venus au Citi Field de New York le mois dernier à l’appel des rabbins et des yeshivas, le problème est déjà très urgent.

Tous ces côtés négatifs font du web un lieu pas kasher, et pour une communauté profondément traditionnelle et pieuse – où la télévision est déjà largement proscrite – Internet est clairement une invention à surveiller, ou quelque chose sur quoi kvetcher. Comment rendre Internet  acceptable pour les juifs haredi, la forme la plus conservatrice du judaïsme orthodoxe, personne ne le sait vraiment. Alors que certains rabbins qui ont pris la parole durant la giga-conférence de 4 heures – organisée par un groupe s’appelant Ichud HaKehillos LeTohar HaMachane – préconisaient une approche plutôt radicale (ne plus se servir d’Internet, même pour le travail), la plupart des participants s’accordaient à dire qu’il y avait du bon dans cette histoire d’Internet, et qui recommandaient de suivre un régime strict en utilisant des filtres comme JNet et KosherNet, permettant aux utilisateurs de blacklister ou whitelister certains sites. (Un guide du bon usage d’Internet édité par les organisateurs a soulevé d’autres problèmes comme : « Peut-on utiliser le wifi de ses voisins ? Est-ce que c’est considéré comme du vol ? Peut-on aller sur un site israélien alors que c’est Shabbat là-bas, mais pas encore à New York (le vendredi après-midi) ? » )

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Pendant ce temps-là, de l’autre côté de la rue, d’ex-membres de cette même communauté ultra-orthodoxe organisaient une contre-manifestation, arguant que ce rassemblement n’était que de la poudre aux yeux pour éviter d’aborder le sujet des scandales sexuels qui ont récemment éclaboussé la communauté. Facebook et Internet ont permis de parler du scandale, de faire sortir des victimes de leur mutisme et d’organiser des manifestations comme celle-ci. Une piqûre de rappel pour démontrer que, contrairement à ce que pensent les rabbins, Internet peut être utilisé pour faire le bien.