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La Luz ont toujours la banane

Lors du festival Les Femmes S’en Mêlent il y a quelques mois, coincé entre le rap branchouille de Linkoban et le rap branchouille de Dominique Young Unique, se trouvait le girl band le plus badass de tous les États-Unis (bah ouais) : La Luz. Ces meufs venaient d’encaisser sans broncher une collision avec un 35 tonnes, la bouffe en plastique de La Machine du Moulin Rouge et un public sous Lexomil. Après avoir passé une heure à transpirer, ce qui ne m’était pas arrivé depuis quelques années, j’ai pu m’asseoir aux côtés de Shana Cleveland, Marian Li Pino et Lena Simon, pour essayer de les brancher pétoires et violence, entre autres sujets de conversation. Mots-clés : Surf Noir, soleil, seafoam green, rouille, sang.


Noisey : C’est dur de trouver des bons spots pour manger quand on est en tournée ?
La Luz : Oh, ouais. Déjà aux USA, c’est dur. Mais alors en Europe, j’ai l’impression qu’il y a que des cheese & crackers. Impossible de trouver des légumes. Là, je ne sais même pas ce que je mange mais ça a un goût de légume. On dirait un radis, mais qui pique pas.

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Le concert était top en tout cas. Mis à part les bourrés du premier rang.
Ouais ! C’est cool. Je pense que c’est toujours bon d’avoir quelques ivrognes dans un concert. C’est eux qui mettent l’ambiance.

Là, ils ont voulu la mettre à 5 minutes de la fin. J’ai dû faire du two-step pour qu’ils dégagent. Vous avez l’habitude de jouer dans ce genre de festivals, où il y a aussi du hip-hop et de l’electro ?
Non, pas vraiment.

J’ai l’impression que vous jouez tout le temps dans des festivals de rock, en fait. Je me demandais si c’était déstabilisant de débarquer ici.
Je pense pas qu’on ait réalisé… On savait pas trop ce qu’il se passait. On n’était même pas au courant jusqu’à ce qu’on arrive et que les orgas nous sortent qu’on était le seul… « groupe ». On leur a répondu : « ah, on est les seuls à avoir des amplis sur scène ? »« Ben, vous êtes les seuls avec des instruments, en fait. » Nous on pensait jouer avec 8 autres groupes !

Vu ce qu’il s’est passé récemment [leur accident date de Novembre 2013], vous avez dû racheter tous vos instruments ?
Oui, pour cette tournée, on a loué beaucoup de trucs. La plupart de notre matériel a été bousillé. Ma guitare s’en est sortie, elle est juste éraflée, mais Marian n’avait plus de batterie. On a presque tout perdu.

Je voulais en savoir plus sur votre rapport à la mort. Au début, je vous ai pris pour un groupe joyeux, mais en fait vos morceaux sont méga-paranos. Et j’ai lu quelque part que tu as failli te retrouver au milieu d’une fusillade.
Je n’y étais pas mais ça a eu lieu dans un café de Seattle où je traîne souvent. En gros, quelqu’un s’est ramené un jour et a abattu tout le monde. Dont trois de mes amis. C’est le genre de truc qui arrive de temps en temps en Amérique. Clairement pas la meilleure facette de notre pays.

En France, beaucoup de gens pensent qu’en rendant les flingues illégaux, ça réglera le problème, mais j’imagine que c’est un peu plus complexe.
C’est sûr. C’est très compliqué. La plupart des gens seraient d’accord avec cette idée, je crois. Mais la N.R.A et ce genre d’organisations ont beaucoup d’argent…

La culture des armes est vachement plus importante aux States. Un de mes héros était à fond dedans. Il a fini par se flinguer.
Par accident, ou exprès?

Exprès.
Ah ouais, vraiment à fond dedans.

Ce genre d’évènements, ça vous inspire quand vous composez ?
Complètement. J’ai l’impression que c’est… tu sais, un moyen de sentir et de savoir que tu es vivant. C’est presque un truc positif, même si ça te fait réfléchir à des trucs vraiment atroces. Mais si tu ne comprends pas ça, tu perds ton temps, finalement.

Vous écoutez beaucoup de trucs sombres ?
Mes parents étaient des musiciens de blues donc j’ai entendu pas mal de trucs déprimants en grandissant. Mais c’était principalement des chansons d’amour tristes, pas des trucs gothiques non plus.

À propos, vous avez joué avec The Entrance Band récemment…
Oooh mec. Eux sont plutôt sombres oui.

Pareil. Au début, je les prenais pour un groupe de psyché, avant de tomber sur des titres comme « Valium Blues » ou « Prayer Of Death », et de voir que Guy était un fan de Charley Patton.
C’est dingue que tu m’en parles, je le connais depuis pas loin de 10 ans. Je l’ai rencontré depuis que j’ai commencé à jouer de la musique et ça a été une sort de modèle pour moi. C’est un type génial.

Il y a d’autres groupes de Seattle que vous aimez ?
Rose Windows. Je crois qu’ils vont se ramener en France bientôt. C’est un super groupe psychédélique de chez Sub Pop, ils doivent être 6 ou 7 dedans.

À part ça, il y a un endroit où vous rêvez de jouer ?
Mmh… Oui ! On a pas encore fait l’Amérique du Sud, on aimerait vachement y aller.

Pour la cocaïne ?
Haha ! Ouais, je m’en tape d’être dans le groupe en fait. Je suis juste là pour la drogue. Mais ouais, on aimerait visiter de nouveaux endroits, vraiment.

Mais c’est pas trop flippant de reprendre la route après l’accident ?
Au départ c’était horrible, j’avais tout le temps peur. Maintenant, ça va à peu près. Ça dépend de la météo. S’il flotte à mort, je planque mon visage dans une serviette en espérant que je ne vais pas y passer !

Tant qu’il y a des pétoires et de la violence, Donnie Ka est là. Il est sur Twitter.