Le Paris by night des années 1980 en images
Photos de Jean-Claude Lagrèze

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LE NUMÉRO MUSIQUE

Le Paris by night des années 1980 en images

De Madonna à Bowie en passant par Iggy Pop, tous sont venus dans la ville magique lorsque c'était l'endroit le plus branché au monde.

Cet article est extrait du « Numéro Musique »

Jean-Claude, c'était un œil, doux et inquiet, plein de cette malice peu définissable, celle des artistes, ou plutôt de ceux qui regardent autrui en artiste. Chacun se sentait couvé, grandi, approuvé par ses images.

Ses images étaient sa vie, extravagantes et pleines de secrets. Celles aussi d'une époque, ces années 1980-1990, pendant lesquelles l'underground et toutes ses ambiguïtés vivaient de passionnants soubresauts. Paris était petit encore, et pour peu que l'on soit assis à la bonne place, dans le bon club, ou que l'on soit simplement plein de cette énergie et de cette insouciance qui font briller, on pouvait tendre la main, ouvrir la bouche et rencontrer ceux qui allaient faire l'époque. Vivre des complicités, se téléphoner, se voir, traîner… C'était avant la crise et quand les réseaux sociaux étaient faits de gens qui se croisaient et se touchaient.

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Jean-Claude a vu s'ouvrir le monde, et quand il ouvrait sonoptique, il n'oubliait ni Cecil Beaton, ni Truman Capote, ni David Bowie. Son univers, fait de tout ça, il l'a transmis à ces myriades de petites cliques, celles qu'il avait le secret de créer, et dont chacune était fière de dire qu'elle était « la bande de Jean-Claude ». Des mannequins, des danseuses, des créatures cosmopolites, errantes, dont les noms – dois-je les citer ici ? – allaient devenir des obsessions d'époque. Jean-Claude était souvent quelqu'un que l'on rencontrait avant de devenir célèbre. Sa célébrité à lui n'était pas de celles qui dévorent une identité. Il était une célébrité pour ceux qui l'aimaient et partageaient ses passions, ses voyages, ses disques, ses nuits et parfois ses secrets. C'est tout cela que l'on voit dans leurs yeux, dans leurs poses, cette défiance un peu crâne qui rappelle que le parisianisme est une culture nomade et presque universelle.

Si l'on croit, comme les gens intelligents, que les temps ne se succèdent pas mais coexistent tous ensemble, quelque part, le temps de Jean-Claude, son époque, sa vibration sont toujours là. Et Jean-Claude, au coin d'une rue des Halles, au petit matin, nous regarde de l'autre côté d'un objectif, souriant et attentif.––ARIEL WIZMAN

Photos et texte d'introduction sont issus du livre Paris Capitale Underground de Jean-Claude Lagrèze, qui vient de paraître aux éditions La Martinière. Merci à Pascal Lagrèze pour sa chaleureuse collaboration.

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