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Paris est le pire endroit sur Terre

Pire que Londres, pire que Barcelone, pire que l'Enfer – pire que tout.
Paris pire ville
Wikipedia Commons

Un truc m'a étonné au moment de partir de chez mes parents : les réactions de mes amis, qui ne comprenaient pas pourquoi je prenais un appartement en banlieue au lieu « de bouger à Paris ». Comme si emménager à la capitale était un aboutissement en soi. Outre le fait que j'apprécie très modérément les loyers prohibitifs, les gens en état de stress perpétuel et les touristes anglo-saxons hystériques, j'avoue n'avoir jamais saisi cette obsession pour Paris, surtout quand, comme moi, on vient de la petite couronne. Si on vivait il y a 40 ans, je comprendrais, mais dans les années 2010, je ne vois pas bien l'intérêt de faire des pieds et des mains pour s'installer le plus près possible du centre historique et des monuments – le RER vous amène à Luxembourg en 10 minutes.

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Je précise que je ne suis pas en train d'essayer de jouer au plus con. Je me rends souvent à Paris pour des raisons professionnelles autant que ludiques, j'aime bien les jolis bâtiments haussmanniens dans lesquels je n'habiterai jamais et les jolis trucs construits il y a longtemps mais ça s'arrête là : je n'ai aucune envie d'y vivre tout le temps. Cette ville ressemble de plus en plus à un musée, mais c'est le musée le plus bruyant, sale, mal foutu et chiant jamais créé.

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Photo : WTF Belleville

LES PARISIENNES
Alors je voulais éviter les généralités de type « elles font toutes la gueule », « elles se la racontent », « elles ont peur des mecs », « elles se plaignent pour rien », « elles sont prétentieuses » mais le truc, c'est que toutes sont parfaitement vraies. Aucune autre grande ville n'a jamais produit de tels spécimens de bourgeoises sûres d'elles, paranoïaques, pas drôles, riches et globalement ultra-chiantes. Paris est devenue une ville uniquement habitée par des blogueuses mode.

LES PARISIENS
Aujourd'hui on les appelle les « bobos », dans ma jeunesse on les appelait les « chachas », mais on s'en fout parce qu'en réalité il s'agit des mêmes archétypes du connard pédant de première haïs par le reste du monde – à ceci près qu'avant ils avaient la gueule de Michaël Youn et qu'aujourd'hui ils se fringuent en APC. Les jeunes parisiens ont tendance à porter des foulards, à avoir des goûts de chiotte en musique et ne souhaiteraient pour rien au monde sortir de leur petite bulle – c'est-à-dire : franchir le périph'. Quand vous demandez votre itinéraire à un Parisien, il faut leur parler suffisamment vite pour que celui-ci 1. n'ait pas peur de vous, 2. comprenne que vous ne lui demandez ni argent, ni clope, ni son iPhone, 3. m'indique mon putain de chemin.

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LES VOITURES
C'est tellement devenu normal ici que j'ai hésité à en parler. Mais tous les expatriés sont formels : une agglomération avec une circulation fluide ne relèverait pas de la science-fiction. Par exemple : Londres (également une ville de merde, mais pour d'autres raisons si j'ai bien compris ce que raconte ce mec). C'est juste qu'ici, il existe une volonté commune de mal circuler, histoire de fumer le plus de clopes possible en éructant un nombre conséquent d'insultes gratuites dans son habitacle. Dans ma vie, je n'ai connu que ça : parcourir plein de micro-distances en voiture en un maximum de temps – et s'estimer heureux parce que ç'aurait pu être pire.

Alors ouais, vous me répondrez : « Et le Vélib ? » Mais avoir des déficients qui se permettent d'utiliser leur parodie de klaxon pour vous faire signe de vous écarter de LEUR PISTE CYCLABLE, c'est infernal pour les gens à pied – c'est-à-dire : pas mal de gens. Pas étonnant que leurs vélos trop lourds soient régulièrement défoncés par des mécontents de tous poils.

LES TRANSPORTS EN COMMUN
C'est pire. Passé 19 heures, vous pouvez faire une croix sur tout espoir d'aller rapidement quelque part. Et vous pouvez enlever le « rapidement » de la phrase précédente si vous avez le malheur d'habiter au-delà du périphérique. Les Noctambus sont moins inutiles que par le passé mais là encore, ça dépend de votre destination. Reste les taxis, soit la solution la plus chère et l'antithèse absolue du transport en commun. Mais là encore, on est à Paris : si vous pensez que lever la main vous amènera un taxi comme dans un film américain, oubliez.

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En journée, pas de souci, vous allez où bon vous semble. Enfin sauf quand votre métro ou RER décide de bouder en plein milieu d'un tunnel. Ou sauf si vous êtes un peu porté sur l'hygiène. Ou si vous avez peur de vous faire détrousser.

Alors ouais, les gens me disent que tout ça va changer avec le projet du Grand Paris d'ici à 2020 et qu'il est censé résoudre à peu près tous les problèmes évoqués plus haut en créant de nouvelles lignes partout entre Paris et sa banlieue, mais aussi de banlieue à banlieue, pour désengorger les transports actuels, etc. Sur le papier moi je veux bien y croire, mais en pratique ça risque d'être six fois pire qu'aujourd'hui.

LA POLLUTION
On pourrait croire qu'avec une circulation aussi calamiteuse et des transports à chier, on compenserait la casse niveau pots d'échappement et autres facéties technologiques en faveur de l'environnement, mais apparemment non, vu qu'on a franchi un nouveau seuil de pollution à la fin du mois de mars. Quant à la saleté de la Seine, inutile de s'attarder dessus, je me souviens juste que quand j'étais petit j'aimais bien aller dans un parc sur les quais et observer ce qui ressemblait à une sorte de rat géant – un mulot ? – qui parvenait à nager assez vite pour attaquer les canards. Good times. PARIS PLAGES
Tous les défauts de la plage de douchebags du sud de la France sans aucun des avantages de la piscine (et inversement), le tout devant – même pas une rivière ! – UN FLEUVE, je n'osais pas en rêver mais cette parenthèse enchantée, renouvelée chaque année entre mi-juillet et fin août, nous prouve qu'apparemment, c'est possible.

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CHÂTELET-LES-HALLES
Traîner entre 13 à 22 heures dans cette immense station de métro-centre commercial-cinéma vivant à ciel ouvert est un signe décisif que vous avez une vie de merde, et que vous avez une propension à aimer souffrir – et vous faire taxer des clopes par des merdeux de 16 ans déguisés en Lil' Wayne. D'autant que la plupart des lieux historiques et shops de mixtapes qui faisaient le « charme » du quartier ont presque tous disparus ces dix dernières années. Même si vous tenez à écouter Future super fort en bouffant le pire de la junk food internationale, sachez qu'il y a de meilleurs endroits pour ça.

LE NOUVEAU PARIS
Ça a démarré avant ma naissance mais je ne pense pas que ça continue après ma mort, pour la bonne raison qu'il n'y aura plus le moindre ersatz de survivance de quartier populaire dans le Paris de l'année 2050. Il est presque impossible de se loger à Paris sans avoir gagné à Euro-Millions, et comme Paris assume pleinement son nouveau statut de musée-ville, une nouvelle population s'est appropriée plusieurs quartiers historiques de la ville. Le plus triste, c'est que les nouveaux acheteurs et locataires étaient venus précisément pour le côté pittoresque desdits quartiers, mais qu'ils les ont dénaturés par leur simple présence. Je redoute donc le jour où les crackheads ne pourront même plus fumer leur caillou rue Myrha, mais il semble que ce soit inéluctable.

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Quant à l'accès au logement pour nous autres gens normaux, c'est catastrophique. 600 euros pour une chambre qui fait aussi cuisine, salle de séjour et chambre d'ami, avec la salle de bain et les chiottes sur le pallier, c'est quoi votre problème ? Ok les provinciaux ont un accent de merde, mais niveau loyer qu'est-ce qu'ils se foutent de notre gueule.

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Photo : Melchior Tersen

LES SERVEURS
C'est comme les Parisiennes, il ne faut pas généraliser, y'en a des bien dans le lot, et les mauvais ont au moins l'excuse d'avoir un rythme impossible à tenir, ça nous rendrait tous irritables mais bon, dans l'ensemble ça reste des gens qui méritent à peine l'oxygène qu'ils respirent. Ils pestent autant que les taxis, vous font attendre dix minutes pour une bière – quand vous êtes un mec –, engueulent les étrangers juste parce qu'ils parlent mieux anglais qu'eux et portent tous des t-shirts à cols en V. Là j'en vois qui trouvent ça un peu excessif et qui vont sortir des exceptions à propos de garçons de café « charmants », « attentifs » voire « polis ». À ceux-là je répondrai par la réplique d'Audiard pour Le Président : « Y'a aussi des poissons volants, hein – mais ils ne constituent pas la majorité du genre. » PERSONNE NE VEUT DE VOUS
À Paris, tout fonctionne à l'envers : là où partout dans le monde c'est l'aspect chaleureux, accueillant de tel ou tel établissement qui va vous retenir, à Paris ce sera le côté relou, select, qui prouvera aux autres – et à vous-même – que si vous êtes là, c'est une vraie chance, c'est que vous n'êtes pas de la merde. Mais du coup, faut bien refuser des gens à l'entrée. Qu'un lieu ouvert toute la nuit ait besoin d'un videur je le comprends parfaitement. Mais que ce mec, y compris quand il est sympa, semble avoir reçu pour consigne de vous détailler de la tête aux pieds avant de vous accorder l'immense privilège de vous accouder à un comptoir pour siroter un quart de verre à 12 euros entre deux vendeurs de coke et une étudiante (et de la musique de merde, parce que n'oubliez jamais que les Parisiens adorent la musique de merde), là c'est étrange. Ici, tout le monde se cale sur le modèle de la sélection pseudo-classe à l'entrée, inopérante partout ailleurs depuis la fin des années 1980, y compris quand c'est pour rentrer dans un truc complètement pété. Bien vu les génies.