Cette série de photos est le résultat de six années passées à vivre et travailler dans les Balkans. C’est ma réponse personnelle à l’atmosphère pour le moins déroutante de la région. J’ai déménagé à Belgrade en février 2009 et y suis resté jusqu’à début 2015.
Là-bas, j’ai pris en photo une société qui à la fois reflète et fragilise les mythes du pays. La plupart de ceux-ci prennent racine dans un dicton complexe et contradictoire : « Seule l’unité sauve les Serbes. » Ce dernier était populaire pendant les nombreuses et fréquentes manipulations politiques ayant été utilisées à la suite de la désintégration de la Yougoslavie – et au cours de la guerre effroyable qui en a découlé. La Serbie doit encore gérer le stress post-traumatique né de ces années de violence. Le tout produit une sorte de confusion nationale qui touche à l’identité des Serbes en même temps qu’il leur offre une voie nouvelle et féconde dans laquelle s’engouffrer.
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Je me suis concentré sur divers sujets au sein du paysage serbe, souvent étrangers aux réalités abordées par les politiciens locaux. Les jeunes sont élevés dans une atmosphère divisée et incertaine et je souhaitais capturer cet esprit ; je voulais que l’on puisse réfléchir aux questions posées par l’avènement d’une génération de jeunes gens qui dirigera bientôt les Balkans. Il est impossible d’analyser ou de comprendre un seul des événements survenus dans cette région sans considérer son Histoire. Ce qui m’intéresse, c’est d’explorer et de comprendre les sociétés balkaniques actuelles que la génération à venir étudiera en classe. Ce qui se passe maintenant dans les rues et les négociations politiques aura un impact profond sur la stabilité régionale dans le futur.
Il y a de nombreuses choses qui entretiennent un climat hostile – et parfois désespéré – en Serbie. Mais il y a aussi des choses qui montrent une possibilité de guérison et l’aperçu d’un futur lumineux que beaucoup ont entrevu au cours des années 2000. Il faut continuer de documenter et d’explorer prudemment la crise que connaît cette nouvelle démocratie, tandis que les champs de bataille des années 1990 sont encore dans les têtes. D’un point de vue personnel, j’ai ressenti une forme d’apathie alarmante de même qu’un refus de compassion parmi beaucoup de jeunes de la région. Avec ces photos, j’espère les défier directement en montrant une image différente des pays de l’ex-Yougoslavie et de l’Histoire dont tous vont hériter.