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NOËL ANDIN
Par Lele Saveri
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Le mois de décembre revêt une importance particulière dans l’État péruvien de Chumbivilcas. Les filles se tressent les cheveux et se parent de leurs plus belles jupes brodées. Les garçons mettent leurs plus jolis masque de ski traditionnel et jambières en cuir et fixent un oiseau mort sur leur bonnet. Puis jeunes et vieux, hommes et femmes, tout le monde se rassemble le matin de Noël et se bastonne.
Le Takanakuy est une cérémonie bagarreuse qui a des racines préhispaniques, voire pré-Inca. En l’absence d’autorité étatique – trois policiers seulement sont chargés de faire régner l’ordre dans toute la province – les habitants de la région conservent leurs griefs et récriminations toute l’année et règlent leurs problèmes le jour de Noël en se bagarrant. Problèmes sérieux, disputes amoureuses, rivalités personnelles, tout est prétexte à se défoncer la gueule entre frères et sœurs, amis, voisins. Quand ils ne se battent pas uniquement pour l’amour de la baston (ou parce qu’ils sont bourrés).
Mais, plus important encore, ils se mettent à l’amende vêtus comme des Mad Max montagnards tout droits sortis d’une hallu sous DMT.





HÉ ! C’EST QUI TON PERSONNAGE DE TAKANAKUY PRÉFÉRÉ ?
Illustrations tirées de Takanakuy: Cuando La Sangre Hierve par Víctor Laime Mantilla
Si ça vous est égal qu’on vous traite de q’ara gallo (« coq nu »), vous pouvez juste enfiler un uyach’ullu (« masque de ski ») et porter les nippes que vous voulez pour Takanakuy, et même un jean déchiré. Et même un masque de loup-garou, après tout. Pour les moins audacieux, voici une poignée de personnages Takanakuy qui pourront vous servir de modèle.
MAJEÑOUn Majeño, c’est juste un type qui vivait dans la vallée andine de Majes, et ça c’est ce à quoi ils ressemblaient. Pantalon d’équitation en laine, petit couvre-chef en cuir, une sorte de blouson Harrington péruvien, et une corne de taureau évidée pour l’alcool. Le masque uyach’ullu comporte une poignée de symboles (les quatre couleurs sont censées représenter les quatre « quadrants » de l’univers), mais sa fonction originelle, et de loin la plus importante, est de dissimuler votre identité pour pouvoir administrer une dérouillée à votre boss ou votre maire sans vous prendre une claque en retour le lendemain. Vous êtes également censé adopter une voix aiguë, toujours pour préserver votre anonymat – il peut être déstabilisant de voir cinquante gros mecs baraques en masque de ski s’exprimer avec une voix de fausset.
NEGRO
Le Negro Takanakuy se fonde moins sur les « nègres » que sur le genre d’homme qui possédait des nègres. Un esclavagiste, quoi. Pour être un Negro, il vous faut : des cuissardes en cuir, un joli pantalon en laine, une jolie chemise et un gilet, une cape en soie brodée rose ou bleu layette, et une couronne en carton décorée avec de l’alu et surmontée d’une étoile. Puis, il vous faut effectuer des cercles tête haute comme un coq bravache, l’esprit animal associé au Negro. À la base, le costume de Negro était réservé aux hommes les plus riches de la ville, c’était un peu le pendant dandy du voyou Majeño bourré. Mais progressivement, les meilleurs combattants se sont attribué la tenue. Aujourd’hui, les Negros sont surtout considérés comme les meilleurs danseurs et les plus suaves de tous les combattants Takanakuy. Dieu qu’écrire ça nous met mal à l’aise.

QARA CAPA
Ça veut aussi dire « sauterelle » en langue Quechua, et en gros, c’est une version plus indigène de la Langosta. On aime bien la cape.
Langosta veut dire « langouste » en espagnol, mais aussi « sauterelle » pour une raison qui n’appartient qu’aux populations hispaniques. Dans les années 1940, la province de Chumbivilcas a subi une terrible invasion de sauterelles, donc les combattants se sont naturellement mis à s’habiller comme des sauterelles. Et naturellement aussi, les sauterelles ont disparu l’année suivante. Les imperméables et pantalons couleur arc-en-ciel sont censés représenter l’abdomen de l’insecte, et s’assortissent aussi bien à un casque de mineur qu’à un oiseau mort noué autour du cou. La Langosta est un look bon marché qui vous filera un faux air d’Akira.
QARAWATANNA
Comme les Ramones l’ont fait avec les greasers des années 1950, les Qarawatannas ont pris le look Majeño traditionnel et l’ont rendu plus cool encore en troquant la veste en laine pour un blouson en cuir, le chapeau pour un oiseau ou un renard passé entre les mains d’un taxidermiste, et le pantalon d’équitation pour d’énormes jambières de motard qui évoquent Æon Flux. La plupart des jeunes garçons optent pour le Qarawatanna ces jours-ci, et c’est de loin le look le plus intimidant. Comme ces types du lycée qui se déguisaient tout le temps en The Crow pour Halloween. OK, on plaisante.
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