Peu importe que Saskatoon soit à des milliers de kilomètres d’une quelconque Autobahn : lorsqu’on écoute 911 Turbo, la géographie n’a soudain plus aucune importance. 911 Turbo fait de la techno allemande au milieu des prairies canadiennes, avec l’accent allemand et un look de clubber européen des années 70/80. Tout ce que le groupe chante ou raconte – même sur Twitter ou Facebook – est fait avec l’accent allemand. Ça peut sembler bizarre ou absurde, et croyez-moi, ça l’est, mais c’est ce qui fait de 911 Turbo un truc hilarant et unique à la fois.
Leur musique est old school et l’influence de Karftwerk est évidente. Trop évidente. Eux sont plus catchy et surtout, ils voient grand. Ils n’ont que faire de la sobriété et du minimalisme. Il suffit de jeter un oeil aux titres de leurs morceaux (« Mein Porsche », « Lipstick Lovestick », « Straight to Ze Top ») pour comprendre qu’il vaut mieux passer une soirée avec eux qu’avec les buveurs de lait de Düsseldorf.
911 Turbo possède deux membres permanents : Von Hattie et Von Trask. Le groupe m’a invité à une de leurs répétitions et pendant 1h30, ils ont tout donné, sans jamais sortir de leurs personnages. Les types sont tellement dévoués à la cause qu’ils ont répondu à mon interview à travers leurs micros bourrés de delay.
L’enthousiasme de Von Trask et Von Hattie est communicatif, leurs morceux parlent de vitesse, de lasers et de sexe et m’ont immédiatement donné envie de troquer ma Chevrolet Cobalt contre une Volkswagen pour partir cruiser sur l’autobahn. Comme leur nom, 911 Turbo, leurs lyrics sont complètement abusés. Un de leurs derniers morceaux, « Cruise Control » contient par exemple le passage suivant : « The ivory seat covers in my car were very expensive, and highly illegal. Let’s drive into the horizon. What will we do when we get there? Maybe have some sex. I hope we don’t wreck my seat covers when I get you in the backseat. »
Sur scène, 911 Turbo essaye de capturer le feeling d’un night club en RFA. On est ici au-delà de la musique, on est dans l’expérience pure. 911 Turbo n’est pas un simple groupe, ce sont de véritables performeurs. Voici les quelques mots que j’ai pu leur soutirer.

Photo – Tristan Becker
Noisey : Qu’est ce que représente la techno allemande pour vous et en quoi est-elle différente des autres musiques électroniques ?
Von Trask : L’accent allemand, bien sûr.
Von Hattie : Et les moteurs. On conduit plus vite que n’importe qui. Après, tu as un groupe comme Kraftwerk, qui se met juste en vitesse de croisière et t’embarque en voyage sur l’autobahn. Mais à notre époque, il faut aller plus vite que les autres.
Trask : C’est une question très profonde que tu nous poses. Trop profonde pour la creuser maintenant.
Comment un groupe de techno allemande a fini à Saskatchewan ?
Hattie : Les nids de poule.
Trask : Oui, exactement. On pourrait également dire que les gens d’ici nous ont apporté des choses qu’on n’a jamais trouvé ailleurs.
911 Turbo va au-delà de la musique : vous êtes surtout intéressés par la fête, pas vrai ?
Trask : C’est un style de vie.
Hattie : Franchir la limite de la vitesse autorisée. On essaie simplement d’aller plus vite et plus haut, dans des lieux où personne n’est jamais allé. On essaie d’explorer l’espace… l’outre-espace. On veut percer le secret des trous noirs. On essaie d’aller partout. Voilà la mission de 911 Turbo.
Qu’est qui vous pousse à faire ça ?
Trask : L’alcool, les femmes, les machines à fumée et les faisceaux laser… l’amour du jeu. C’est encore une question profonde. C’est comme demander ‘pourquoi voulez-vous vivre sur la planète Terre ?’ La question est viciée. ‘Pourquoi pas ?’ On sait ce qu’on a à faire. Mais toi, tu sais pouquoi tu es là ? Peut-être que t’es venu au concert, que tu as pris une bouteille de Jägermeister et que tu ne te souviens plus de rien. Mais tu te pointeras au prochain live pendant que nous, on continuera à jouer nos hits.
Hattie : Ce n’est pas tant un culte de la fête, c’est juste que la fête englobe tout le reste.
Racontez-moi vos meilleures anecdotes de soirée.
Trask : Une fois, on a surpris des gens en train de baiser dans un coin de la salle. C’était une belle récompense. On fait la musique que les gens veulent entendre en baisantr.
Hattie : Un soir à Calgary, Alberta, notre machine à fumée a déclenché les alarmes à incendie. On était en train de jouer, dans un épais brouillard, et quand les pompiers ont déboulé sur scène, on s’est dit ‘oh, cool, on a des strip-teasers ce soir’ mais on a ensuite réalisé qu’il y avait 7 ou 8 camions de pompiers devant la salle, les mecs pensaient qu’on foutait le feu au bâtiment. Ce qu’on faisait en quelque sorte. Il savaient qu’on était en feu.
C’est quoi le truc le plus fou que vous ayez fait sur scène ?
Trask : On a joué à poil. Y’en a beaucoup en fait. On se crie dessus. Parfois, on fume même à l’intérieur.
Hattie : Le batteur est un jour tombé de son estrade parce qu’il était trop bourré pour jouer. Mais beaucoup de ces histoires tombent sous le coup de la loi. On ne sait pas jusqu’où on peut aller. Comme cette fois où on a conduit en sens inverse sur l’autoroute de Calgary… Je n’y étais pas. On l’a fait, mais je n’y étais pas.
Scott Davidson vit lui aussi à Saskatoon – @TheEveningRed
More
From VICE
-

Illustration by Reesa. -

WWE -

(Photo by Simone Joyner/Getty Images for ABA) -
