Santé

Comment débattre avec un narcissique sans perdre la tête

narcisist, conflict cu narcisist

Dans un monde parfait, la réponse à la question : « Comment débattre avec un narcissique ? » serait… ne le faites pas.

Hélas, ce paradigme de perfection n’existe pas. Que cette personne soit un conjoint, un parent, un pote, un voisin, le patron, un collègue ou même un inconnu, nous avons tous un Narcisse dans notre vie, souvent plusieurs.
Voilà comment gérer un conflit avec ce genre d’individu.

Videos by VICE

Qu’est-ce qu’un narcissique ?

Attaquons par la base. Premièrement, le narcissisme ne se diagnostique pas d’une manière immuable. Il se caractérise plutôt par une galaxie de schémas comportementaux. Parmi eux, on trouvera un manque cruel de scrupules, une arrogance crasse, une absence d’empathie, une suffisance consommée, un besoin maladif d’approbation, de reconnaissance et d’admiration. Ou encore une incapacité à gérer les critiques et les émotions, en particulier la frustration et la déception.

Dans le tréfonds de leur âme, les narcissiques se structurent souvent autour d’un sentiment d’insécurité, et la manière dont ils abordent un débat trahit ce besoin impératif de protéger leur ego vacillant.

Pourquoi semble-t-il impossible de débattre avec un narcissique ?

Dans un premier temps, il n’est pas inutile de rappeler qu’avoir la controverse féconde n’est pas forcément malsain si cela est fait correctement. Un débat construit où les parties sont respectueuses les unes des autres permet de poser délicatement sur la table les désagréments, les divergences, les rancœurs et j’en passe, pour aboutir, on l’espère, à un compromis.

L’une des principales tactiques utilisée par les narcissiques est le gaslighting. Derrière cet anglicisme victorien se cache la propension à nier la réalité d’autrui. En termes triviaux ça donne des phases qui ressemblent à : « Mais non, ça n’est jamais arrivé », « Arrête de t’énerver, ça n’est pas bien grave », ou encore « Tu vois bien que tes émotions ne sont pas légitimes ». Cette méthode de détournement cognitif s’inscrit dans une stratégie globale de diversion dont le but est de vous laisser tellement confus ou interloqué que vous perdez le fil du débat.

« L’une des obsessions des narcissiques est la victoire et pour l’obtenir ils ne reculeront devant rien »

Lors d’une saine engueulade, une conclusion pacifique s’obtient souvent lorsque l’un des partis va finalement reconnaître sa responsabilité dans une situation. Cela n’arrivera jamais avec un narcissique puisque son algorithme psychologique lui interdit la culpabilité. Il tentera par tous les moyens de rejeter la faute sur vous ou n’importe qui d’autre.

L’une des obsessions des narcissiques est la victoire et pour l’obtenir ils ne reculeront devant rien. Ils s’illustreront par une vindicte pugnace mâtinée d’une haute dose de mauvaise foi et de manipulation. Ils jouiront de votre défaite après vous avoir noyé dans un mille-feuille argumentatif indigeste dont vous sortirez hagard et groggy.

Si d’aventure, ils se sentent perdre du terrain, la tournure défavorable que prend votre échange réveillera le petit enfant qui est en eux et ils se mureront dans le déni et la bouderie durant des jours, voire des mois. Une légère variante sera de revenir sur leurs griefs indirectement, par de petites notes écrites, des SMS, ou en envoyant des émissaires vous les rabâcher à sa place.

Mais alors, du coup, comment débattre ?

La plupart du temps, s’embourber dans un débat avec ce genre d’individu sera un gâchis d’énergie puisqu’il refusera de changer d’opinion. Évitez de vous épuiser pour rien, si possible, choisissez vos combats.

Bien entendu, vous ne pourrez pas toujours esquiver ces débats d’où la nécessité de bien choisir les sujets sur lesquels vous allez monter au créneau. Si votre intégrité ou celle de vos proches est malmenée, si votre position professionnelle ou votre sécurité financière est menacée ; il peut avoir du sens d’endurer le bourbier psychologique dans lequel ils vous jetteront. En aucun cas il est nécessaire de faire ça au quotidien.

« Le fumeux gaslighting ne fonctionnera que si vous doutez au préalable de votre réalité »

Quand le narcissique montera dans les tours et essayera de prendre en otage l’espace sonore avec des décibels en guise d’arguments, ne rentrez pas dans son jeu. Considérez-le comme un enfant turbulent. Si vous vous faites néanmoins prendre à cette ruse, vous verrez que le narcissique va soudainement permuter et revenir sur un volume sonore raisonnable pour vous asséner un : « Hey, mais du calme, faut pas s’enflammer ! » Vous aurez perdu la bataille de la colère. La fureur voile le jugement et vous ne serez plus à même de défendre vos intérêts. Le narcissique pourra de plus s’infiltrer dans cette fraîche blessure pour vous aiguillonner encore et encore s’il se sent proche de la défaite.

Le fumeux gaslighting ne fonctionnera que si vous doutez au préalable de votre réalité. Soyez résolu, et ne revenez pas sur vos positions. Alors que le narcissique tentera de faire vaciller votre réalité, ne cherchez pas à répondre. Souriez, soyez lisse et délectez-vous ne pas tomber dans leur petite manipulation.

S’il vous sert un torrent d’arguments n’ayant qu’un rapport ténu avec le sujet de départ, gratifier le d’un refus poli et silencieux. Raccrochez immédiatement au sujet d’origine. Votre séjour prolongé chez Morphée est au moins aussi important que de tenir ses engagements, n’est-ce pas ? Dans le cas où il vous pourrirait sur un sujet qui vous tient à cœur, revenez-y, quitte à lui concéder un peu de sa superbe pour mieux éviter de vous faire embrouiller.

Tout simplement parce qu’il se délecte autant de le tenir à jour que de le compulser avec morbidité. Il tentera de dépoussiérer ce grimoire moisi pour trouver la moindre incartade qui a meurtri son ego dans le passé en vue d’en faire une arme dans le présent. Ne faites pas la même chose, vous perdriez le propos initial et sombreriez dans le côté obscur, ce qui l’avantagera sur tous les plans.

Si le narcissique tente de gagner la guerre de l’espace sonore, qu’il devient hargneux après avoir usé de toutes ces feintes, cassez-vous calmement et princièrement. Ce genre d’individu est un vampire de la colère et il se délectera de vos cris, claquement de porte et de vos larmes. Rappelez-lui à quel point cette discussion perd tout son sens et sombre dans des abîmes d’improductivité. Vous éviterez ainsi de vous faire brinquebaler en tous sens dans son essoreuse éristique totalement saumâtre. Un petit pas de côté est une immense économie d’énergie et de santé mentale. Revenez-y au moment de votre choix, quand vous serez au mieux de votre forme, ne lui laissant que peu d’aspérités pour vous emmerder. Sachez quand même qu’ils sont très forts pour vous resservir la même soupe. Mais vous serez prêt.

Les narcissiques aiment autant la colère que la dispute. Comme un petit diable avec un fer rouge, ils voudront vous aiguillonner là où ça fait le plus mal en espérant vous pousser à bout. Tous les angles seront bons : la politique bien polarisée, l’honneur, les insultes, le physique… Frustrez-les en laissant glisser ces petites gouttes nauséabondes sur votre pelage de personne intègre. Comme ils n’en tireront aucun plaisir, ils s’en iront d’eux-mêmes épuisés et mécontents. N’oubliez pas d’avoir une pensée compatissante pour la prochaine cible sur laquelle ils jetteront leur dévolu.

Sous les attaques de ces ignobles stratégies vous voudrez en finir rapidement, ce qui est plus facile à dire qu’à faire. Vous avez été prévenu que le narcissique aimait revenir à la charge et il le fera. Dites-lui d’un regard désolé que vous ne trouvez pas de matière constructive à apporter à cette éternelle querelle et que, de fait, vous ne désirez plus en parler. Au mieux ignorez-le. Même si ça ne résout pas grand-chose, au moins, ça sonnera le glas de ce moment désagréable.

VICE France est sur Twitter, Instagram, Facebook et sur Flipboard.