Mecs musclés point com

Les gagnants de la catégorie des moins de 80 kg des équipes Pull & Push (en jaune) et Punishment Team (en bleu). Le titre, dans cette catégorie de poids, est âprement disputé. Le 22 juin dernier à Grigny, dans l’Essonne, était organisée la troisième édition du festival King of Pull & Push, la plus grande – et unique – compétition internationale de street workout en France. Avec un pote, j’ai décidé d’y aller pour prendre des photos et je me suis retrouvé un dimanche après-midi à 500 mètres de la cité de la Grande Borne devant environ deux cents mecs aux biceps saillants qui faisaient de la musculation torse nu, en plein air, sur des barres de jeux pour enfants – puisque c’est en gros ce que signifie l’expression « street workout ».

Comme dans chaque compétition impliquant la notion de force, les équipes sont réparties selon des catégories diverses déterminées en fonction du poids des participants ; les mecs que l’on retient le plus sont incontestablement les poids lourds. Le physique de ces derniers est impressionnant, voire flippant pour certains d’entre eux. J’ai noté deux équipes qui sortaient du lot : celle des organisateurs, la Pull & Push de Kizo [

Gangs Story, avec Yan Morvan] et l’autre – la Punishment Team – représentée par le rappeur et ex-membre du gang Requins Vicieux MC Jean Gab’1. Un participant à l’épreuve de tractions, catégorie des moins de 80 kg. Quand on est arrivés à Grigny-Centre, on a vu un gros attroupement de mecs de tèce, à peu près 200, mobilisés sur un terrain de foot en pelouse synthétique. Le truc servait en -réalité de fosse pour le public de King of Pull and Push ; en avançant, on arrivait à distinguer qui soutenait qui. En face, les participants défilaient les uns après les autres sur les dispositifs d’entraînement. J’ai noté des typologies différentes parmi les spectateurs regroupés là-bas : outre les mecs du quartier, on a également rencontré des fans de musculation venus spécialement assister au tournoi. L’ambiance était bon enfant ; il y avait un stand de frites, lequel fournissait également des sandwichs halal, et des tables de pique-nique pour que les gens puissent ingérer toutes ces protéines aussi tranquillement que possible. Sur les tables, on voyait des couples se marrer autour d’une canette d’Orangina – ce sont à peu près les seules filles qu’on a aperçues. Kizo, organisateur de la troisième édition du King of Pull & Push, avant d’entrer en compétition. Il se définit lui-même comme un « chasseur de poids lourds ».  Bien qu’il y ait plusieurs compétitions, c’est l’épreuve des tractions qui est de loin la plus réputée. Le sport est hyper réglementé : pour que la traction soit validée et comptabilisée, il faut que le participant touche de la tête un élastique placé à 30 cm au-dessus de la barre – ce qui n’est pas facile, déjà – et qu’il ne touche surtout pas un autre élastique tendu entre les deux barres, au niveau de ses jambes. Des juges attendent de chaque côté des barres. Quand le mec en est à 30 tractions, tu peux lire la haine dans ses yeux. À un moment, il s’est passé un truc étrange. J’ai -demandé à un mec plein de tatouages d’enlever son T-shirt – comme pendant le workout – pour le prendre en photo. Plusieurs organisateurs se sont rués sur moi et m’ont demandé : « Pour qui tu fais ces images ? Quelles sont tes intentions ? » C’était un peu ambigu, mais j’ai compris qu’ils pensaient que je bossais pour un magazine érotique gay. J’étais super gêné. Les mecs essaient de maîtriser au maximum l’image de leur sport et connaissent assez bien les dérives potentielles d’un truc comme le pull & push.  MC Jean Gab’1 en pleine traction. Vers la fin de la journée, après que Kizo a gagné une nouvelle ceinture de champion du monde de street workout, j’ai demandé à Gab’1 si je pouvais le prendre en photo alors qu’il sortait d’une dernière session de tractions. Il m’a à peine répondu, comme s’il était super irrité par ma question. J’ai pas fait le malin et on a chopé un RER retour.

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